•  

    "You can laugh
    A spineless laugh
    We hope your rules and wisdom choke you
    Now we are one in everlasting peace"

     

     

    Je disais précédemment que The Downward Spiral est le meilleur album des années 90.

    Et c’est vrai, je ne suis pas du genre à mentir quand les faits sont aussi objectivement prégnants. Et non, parler objectivement d’Art n’est pas du tout de la mauvaise foi.
    Mais il faut bien reconnaître que l’album dont je vais te parler aujourd’hui talonne le chef-d’œuvre de Nine Inch Nails de pas grand-chose. Objectivement.

     

    Radiohead, avant 1997, était plus ou moins un groupe de rock banal. Je me souviens très bien avoir piqué Pablo Honey et The Bends à mon frérot, pour y jeter une oreille parce que j’avais entendu – et aimé – "Creep", comme tout le monde (oui, je suis parfois comme tout le monde. Des fois ça me fait mal à mon ego démesuré, et des fois ça me rassure. Et quand c’est de musique qu’il s’agit, ça a plutôt tendance à me faire peur, tout-le-monde ayant des goûts de chiotte. Comme Tord). Et je me souviens avoir oublié ce groupe, ayant jugé de cette hauteur que certains me connaissent que Radiohead, mouais bof, quoi.

    Il faut bien avouer que je ne m’étais pas trompé : ces deux albums n’ont pas marqué l’histoire du rock, tu en conviendras.

    Alors bon, il y a évidemment "Creep" qui est un putain de mégatube du genre inoubliable que tu chantes  comme si t’étais au concert. Ca on peut pas l’enlever à Pablo Honey.
    Rappelle-toi (ça c’est un lancement moisi, parce qu’évidemment que tu t’en rappelles ! c’est encore plus célèbre que le "Born to be Alive" de truc, là !) : 

     

    Et oui, c’est vrai que ma chérie m’a fait redécouvrir The Bends et qu’effectivement "Street Spirit (Fade Out)" est sublime (bon là même si je ne le pensais pas je l’écrirais, parce que dire du mal de "Street Spirit (Fade Out)" est à mon avis un motif valable de rupture pour ma chérie. Et tant qu’elle ne m’a pas fait de curry vert, je pense que ce n’est pas la peine d’en arriver là) :

     "Fake Plastic Trees" et "My Iron Lung" tiennent la route également, mais on est loin de la révolution qui couve sous le crâne des gars de Radiohead.

     

    C’est donc en 1997, parce que je sais remettre en question mes convictions, que je repique un album de Radiohead à mon frérot : OK Computer.
    PAF !
    Dans ma gueule.

    "Airbag" passe tout seul, bien.
    Et je me prends un "Paranoid Android" de face, sans avoir été prévenu. Presqu’à froid ! Ce morceau est gigantesque. Un groupe normal en aurait fait un album, de toutes les idées qu’il y a dans ce morceau. Si si, écoute bien :


    Après le "Subterranean Homesick Alien", clin d’œil évident à Dylan même si je n’ai jamais compris le lien entre les deux titres (si par Razar (dieu nordique de l’aléa) un amateur éclairé de Dylan et de Radiohead lisait ces lignes et pouvait à son tour m’éclairé, je lui en serais gré) arrive le titre qui ouvre cette chronique : "Exit Music (For a Film)". Je crois que j’ai pleuré la première fois que j’ai entendu ce concentré de tristesse. Et j’ai les poils qui se dressent à chaque fois que je l’entends. Et si c’est en concert je te raconte pas. Enfin…. pas maintenant.
    Cet album regorge de bombes : "Karma Police" est une bombe. "Electioneering" est une bombe (qui montre que les gaillards savent encore faire un rock énergique)."Lucky" est une bombe.
    Cet album est une bombe.


    Problème : que faire après un album qui a tout chamboulé ?
    Solution de Radiohead : l'audace.
    L'audace de Kid A et Amnesiac, indissociables pièces d'une même remise en cause radicale.
    Les guitares sont quasiment abandonnées, l'électronique occupe une place prépondérante, mais Radiohead est grand, donc Radiohead fait des choses comme l'énormissime "Idioteque" :

    C'est bon hein ?
    Moi ça me fait un putain d'effet, ce morceau. L'un des meilleurs du groupe, à mon avis pas humble pour deux sous sinon je ne le donnerais pas.
    Mais malgré la présence de ce morceau de choix sur Kid A, j'ai une préférence pour Amnesiac. Des choses comme "I Might Be Wrong" ou "Knives Out", "Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box" ou "Pyramid Song" sont des joyaux. Tiens, "I might Be Wrong" :

     Il leur a fallu trois petites années, aux gars, pour digérer la musique électronique et en ressortir deux albums excellents. Moi je dis waow.

     

    Et deux ans après Amnesiac, ils nous offrent Hail to the Thief, qui est pour moi la synthèse quasi-parfaite de la période OK Computer et de la période électronique.
    Et ça donne des choses assez merveilleuses, comme "2+2=5", "Sit Down. Stand Up." et sa fin démentielle (en live, je te raconte pas...tout de suite), "A Wolf at the Door" durant lequel Thom Yorke débite un sacré flow, "The Gloaming" et son ambiance oppressante et assez minimaliste (que j'ai failli te mettre ici). Et ce "Wher I End and You Begin", parfait :

     Parfait, je te dis.

    Il faudra attendre quatre ans avant que Radiohead donne une suite à l'excellent Hail to the Thief.
    Ce sera In Rainbows et son mode de diffusion qui secoue les habitudes ; je pourrais m'étendre longuement sur cette idée que je trouve géniale, d'offrir à l'auditeur futur le choix de ce qu'il est prêt à payer pour l'oeuvre. Rien étant une possibilité. Après quelques binouzes, quelques pastis ou quelques verres de vin (je suis pas vraiment sectaire), je m'épancherais volontiers sur le génie de mettre l'acheteur en face de ses responsabilités, sur cette façon d'interroger assez frontalement sur la valeur d'une oeuvre, sur la valeur de l'Art. Bon mais là j'ai bu ni bière, ni pastis ni vin, et le sirop de grenadine ne me pousse pas à la philosophie de comptoir.
    Donc passons à l'essentiel : l'oeuvre.
    Elle est bonne, cette oeuvre. Très bonne, même.
    Tiens par exemple ce "All I Need", n'est-il pas très bon ? Ou ce "Weird Fishes/Arpeggi" (assez weird justement) ?
    Ou ce "Jigsaw Falling Into Place", n'est-il pas bon ? Non, tu as raison, il n'est pas bon. Il est magistral. Tiens, goûte :

    Allez va, ne fais pas la fine bouche, reprends-en un peu si tu veux !

     

    Et cette année, en surprenant tout le monde, Radiohead sort The King of Limbs.
    Qu'en dire ? Qu'il est quand même assez chiant, non, cet album ?
    Bon, j'avoue ne pas l'avoir énormément écouté, mais justement parce qu'il ne m'a pas vraiment emballé, cet album. Un jour, peut-être, m'y replongerai-je... Monsieur Playm, tu en penses quoi, toi, de ce King of Limbs ?

     

    Alors voilà, Radiohead est un très grand groupe. Mais c'est un peu plus que ça, pour moi.
    C'est notre groupe, à Béa et moi. Avec Noir Désir, qui nous a réunis. Et Archive, parce que "Again". Et d'autres, pour plein de bonnes raisons.
    Mais bon, les Arènes de Nîmes en Juillet 2003, c'est un truc inoubliable. Fondateur.
    Que je te conterai en temps voulu...

     

     

    Radiohead

    Photo : Fred Javelaud           

     

    PS : Je viens de te faire mon best of Radiohead, en fait. Mais jette-toi quand même sur les albums, il se pourrait que tes goûts diffèrent un peu des miens. Ne t'inquiète pas, ça se guérit.

     

     


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  • Bob Dylan - Ballad of a Thin Man - (1965)

     

    Bob Dylan (part 1)

    Mon premier contact avec Bob Dylan fut un rendez-vous manqué. Une compilation appelée Greatest Hits (1967), qui figurait dans la discothèque-mine d'or de mon oncle, dont je ne vous ai pas encore vraiment parlé, mais ça ne saurait tarder. Le problème, c'est que j'ai découvert Dylan alors que je venais de prendre une claque avec Pink Floyd, les Beatles, les Who, voire Neil Young. Du coup, Bob Dylan me paraissait un peu "fade" et trop folk (à l'époque, j'aimais que le rock, pas le folk) à mon goût. Et sa voix nasillarde ne me touchait pas encore.

    Ce n'est que bien plus tard, passé 30 ans, que je serai pris d'un coup par la magie de Dylan (mais j'évoquerai ça dans les part 2 et 3, sur 4 ou 5 prévues - putain vous allez en chier après en avoir bouffé, du Dylan !)

    Je connais peu la période purement folk, acoustique et "protestataire" de Dylan, la période pré-réncontre avec les Beatles, la période 1962-1964. Trop sec pour moi. Surtout que je fais rarement l'effort d'écouter les paroles et que je maîtrise mal l'anglais, alors quand en plus il est poétique et politico-social...

    Mais d'emblée, dès que je me suis penché sur le parcours dylanien, j'ai été séduit par la démarche de Robert Allen Zimmerman, l'homme libre. On le voulait chef de file de la "protest song" et pape de la contre-culture quand il ne cherchait qu'à être un artiste à part entière, un type qui fait ce qu'il veut, quand il veut.

    En 1965, quand il électrifie sa musique et qu'il se lance dans le folk-rock, c'est l'hallali, la curée. Les admirateurs, les fans de la première heure, crient au scandale, à la trahison, à la récupération, au vendu. J'adore. Dylan s'en fout. Sur scène, il est hué. On ne le respecte plus . En interview, il est caustique et brillant. Classe. Dylan, il veut juste être écouté et le passage à l'électricité lui semble nécessaire. Dylan a influencé les Beatles avec ses textes et les Beatles ont influencé Dylan avec leur musique.

    J'avais noté quelque part une citation de Bob Dylan que je viens de retrouver, je la recopie ici :

    "We were driving South Colorado. We had the radio on and eight of the Top Ten songs were Beatles' songs. They were doing things nobody was doing. Their chords were outrageous, just outrageous, and their harmonies made it all valid. I kept it to myself that i really dug them. Everybody else thought they were for the teenyboppers, that they were gonna pass right away. But it was obvious to me that they had staying power. I knew they were pointing the way the music had to go. In my head, The Beatles were it !"

    C'est beau.

     

    Shit in your ears

     

    Et donc, à partir du moment où Dylan électrifie et densifie sa musique, ça m'intéresse.

    Ballad of a Thin Man est mon morceau préféré de cette période, celle qui va jusqu'à son accident de moto en 1966. Celle de la "trilogie" Bringing It All Back Home - Highway 61 Revisited - Blonde on Blonde. Le texte est assez hermétique et onirique, on l'interprète comme on veut. Quant à la musique, elle me file toujours des frissons de là à là, mélancolique et étrange à souhait. Je peux passer des heures à écouter ce morceau.

     

     

    Cette période s'était donc ouverte en 1965, avec l'album Bringing It All Back Home, dont ce magnifique et célèbre titre qui ouvre l'album, Subterranean Homesick Blues, un autre de mes morceaux préférés, que je ne peux m'empêcher de vous coller ici :

     

     

    Bob Dylan - Subterranean Homesick Blues - (1965)

     

     

    Shit in your ears

    Bob Dylan, Sally Grossman et le chat de Sally, pour la pochette de Bringing It All Back Home, 1965

     

     La face A de l'album est électrique alors que la face B est acoustique.

    Dylan ne franchira le pas du tout électrique qu'avec l'album suivant, Highway 61 Revisited (1965 aussi), dont est tiré Ballad of a Thin Man.

    L'album Blonde on Blonde (1966), pourtant considéré comme son chef-d'oeuvre, m'emballe moins que ces deux-là, même si y'a plein de bons trucs que j'aime dedans, mais je vais pas vous assommer avec ça...

     

     

    En guise de bonus track, je vous poste ici un de mes morceaux préférés de la première période de Bob Dylan, la période protest song-folk. Ça s'appelle Masters of War et ça figure sur l'album The Freewheelin' Bob Dylan.

     

    Bob Dylan - Masters of War - (1963)

     

     

    Shit in your ears

    Bob Dylan et Suze Rotolo, pour la pochete de The Freewheelin' Bob Dylan, 1963


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  • "I've seen the world, kissed all the pretty girls
    I've said my goodbies and now I'm ready to die"




    Commencer par la fin, tout un programme. Enfin, la fin des Unicorns, pas la fin des merveilles produites par les deux membres du groupe: Nick Diamonds/Thorburn et ses excellents Islands et Alden Ginger/Penner en solo ou avec Clues, expérience intéressante mais de courte durée (je ne vous parlerai pas de Mister Heavenly, Hidden Words, Human Highway, Th' Corn Gangg, Reefer...). 

    Donc ce morceau, Ready to die, clôt cet excellent dernier (c'est pas loin d'être le premier aussi) album des trop tôt disparus Unicorns: Who Will Cut Our Hair When We're Gone? Si je vous dis que le premier morceau s'intitule I don't wanna die, que trois des treize morceaux contiennent le mot "ghost" dans leur titre, que les paroles suivantes sont tirées du pénultième morceau Les os : "I want to die today and make love with you in my grave", quel est à votre avis le thème principal dudit album?

    La mort, oui, quelle perspicacité. Et la mort dans toute sa splendeur. Quelle jubilation. Quel bonheur. Oui les paroles sont parfois sinistres et le délire est un peu morbide mais c'est fait avec tellement de désinvolture et d'ironie qu'on en redemande. "Est-ce que j'écoute de la musique pop parce que je suis malheureux ? Ou suis-je malheureux parce que j'écoute trop de musique pop ?"

    Je remets un morceau parce que c'est bon (peut-être le seul d'ailleurs à ne pas parler de la mort). 

    J'ai eu l'immense chance de voir ces couillons sur scène avant qu'ils ne s'autodétruisent. C'était en août 2004. Deux concerts deux jours de suite. Le premier à Amsterdam, poussif, sans véritable âme, le groupe n'est pas parvenu à rendre l'enthousiasme et la spontanéité de l'album, un peu décevant. On s'est quand même tapés Liège le lendemain pour les voir à l'Escalier. On a bien fait. Putain, oui, quel concert mes aïeux. Je crois même me souvenir que j'ai bougé les jambes (pour la tête je ne confirme pas). J'ai, depuis, eu l'occasion de voir Islands et Clues en concert et je n'ai jamais retrouvé cette pêche qu'ils nous avaient donnée avec The Unicorns. Dommage.

    Mais bon, je vais quand même pas finir sans vous faire écouter ce qu'ils ont fait après.
    Tout d'abord cette petite vidéo d'Alden Penner, enregistrée cette année pour un petit EP moyen, mais ce morceau me fait toujours craquer.



    J'arrête de vous emmerder (c'est moi ou j'ai encore rien écrit d'intéresant dans ce billet?) avec ce dernier morceau, tiré du dernier album en date de Islands.


    Voilà, bonsoir et salut à Matt qui adorait cet album des Unicorns et qui aurait eu 33 ans aujourd'hui.

     

     

     

     

    p.s. Vous aimez les maisons hantées? Vous avez toujours rêvé d'entrer dans une maison hantée en pleine nuit sans jamais oser? Les Unicorns l'ont fait pour vous:

     


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  •  

    "Come all you rambling boys of pleasure
    And ladies of easy leisure
    We must say Adios! until we see
    Almeria once again"

     

     

    Pour moi, c'est ça la Fête de la Musique.

    Ou ça, aussi :

     

     Squirrel Nut Zippers - Bedlam Ballroom / The Puffer

     

    Ce qui me permet de caser un titre de Squirrel Nut Zippers dont je parlais il y a peu à Charlie. Et dont je reparlerai plus longuement dans quelques temps, parce que c'est un groupe démentiel. Et encore, là c'est le monsieur qui chante, je réserve la madame qui chante pour plus tard. Charlie adore les madames qui chantent. Même si elles chantent de la merde. Il te le démontrera bien assez tôt.

     

    Donc voilà, la musique c'est pas toujours la fête (j'aurais pu illustrer cette maxime avec "La Fête Triste" de Trisomie 21, c'eut été fort à propos), donc comme aujourd'hui c'est la fête de la musique, autant qu'on écoute de la musique de fête, hein.

    La pop joyeuse du compère Eddy aurait elle aussi été fort à propos, mais je n'empièterai pas sur ses plates-bandes, sauf peut-être pour te reparler, un jour, de Grape Soda parce que c'est vraiment bien !
    Mais pas là maintenant tout de suite.

    Tord aurait pu aussi profiter de la fête de la musique pour hurler son amour pour Nolwenn Leroy, mais comme elle passe sur la 2 pour ce qui s'annonce comme une dé-fête de la musique, je subodore qu'il est scotché à l'écran, ce pervers. Ou alors il se saoûle sur la Plaine en écoutant du reggae, mais je penche plus pour l'hypothèse Nolwenn.

    Blaise aurait sûrement sorti un truc ésotérique de son chapeau pour souligner cette fête de la musique, mais on ne peut que conjecturer, vu qu'il ne met pas de chapeau en été.
    Ou alors il nous aurait resservi du Charlots, le fourbe !

    Et Charlie nous aurait gratifié de....de quoi, tiens ?
    Il écoute des trucs de fête, Charlie ?

     

    Bon allez, bonne fête de la musique !

    Trisomie 21 - La Fête Triste

     

     


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  •  

    "Just as sure as by evil you are torn
    The sky will open up an an angel blow his horn
    an down come Jesus lookin' so fine
    Just as sure as that girl she is mine....
    an I say

    Hey hey hey it's always forever
    Hey hey hey it's never or now"


     

     

     

    Attention ! Groupe majeur !

    Certes les vingt précédents l’étaient aussi, mais je n’avais pas besoin de t’alerter, parce que si tu t’intéresses juste un peu à la musique, tu en connais au moins dix-neuf. Diabologum aurait pu échapper à ta vigilance, mais sans vouloir dénigrer ce groupe français, il n’occupe pas dans la bande-son de ma vie la même place que Sixteen Horsepower.

    Si je devais faire un top ten of my favourite bands, il me semble que Sixteen Horsepower serait plutôt bien placé. Mais soyons raisonnables : jamais je ne me lancerai dans le périlleux exercice d’un classement quel qu’il soit, parce que ce classement aurait changé dès sa diffusion. L’Art est une chose mouvante. Ou, au moins, la perception de l’Art est une chose mouvante, et elle se meut à la force de l’humeur qui m’anime.

    Mais quelle que soit mon humeur, il y a des choses auxquelles on peut se raccrocher, parce que ça ne bougera pas. Sixteen Horsepower en fait partie.

     

    J’ai découvert ces trois bonhommes grâce à Noir Désir. Ou plus exactement grâce à Bertrand Cantat, (gagné Eddy, qui gagne un point Cantat !) mais comme j’ai connu Cantat grâce à Noir Désir, hein… En 1997.
    Bertrand Cantat évoque alors sa collaboration avec Sixteen Horsepower sur l’album Low Estate. Ni une ni deux, j’ai jeté une oreille sur ce disque, et ni une ni deux, je l’ai acheté.
    Et ni une ni deux, je l’ai aimé.

    Et ce dès les premières notes de "Brimstone Rock". Le banjo, la voix, les grattes électriques qui s’enflamment quand il faut. Tout.
    La contrebasse et le violon de "My Narrow Mind" finiront de me convaincre. On tient là un groupe qui revisite de fort belle façon la musique traditionnelle des Etats-Unis (du sud des Etats-Unis, même) pour nous offrir ce que j’aime bien appeler un rock des bayous qui oscille entre trad et crade. Oui, définitivement, j’aime.
    L’accordéon et le micro "à l’ancienne" (ouais, je sais pas comment ça s’appelle, mais c’est le même qu’utilise Hugues de temps en temps quand il officie au chant des zouaves de Manicrak – j’en parlerai en temps voulu, ne sois pas impatient comme ça, lecteur invétéré !) utilisés sur "Low Estate" enfoncent le clou.
    Et le reste de l'album se déroule magnifiquement, dans le même ton un peu poisseux : "For Heaven's Sake"  et "Sac Of Religion" bien rock - mention spéciale au violon discret de ce dernier titre - , et le titre que tu écoutes en ce moment même : "Coal Black Horse". C'est bon, hein ? Toi aussi t'as envie d'enfourcher ton canasson et de courir la plaine au grand galop, une bouteille de cet immonde whisky frelaté tapant ton flanc à chaque envolée du pur-sang ? Ouais, ça me le fait aussi.
    On en arrive aux deux titres durant lesquels Cantat pousse la chansonnette. Deux reprises, et pas des moindres : "Fire Spirit", du Gun Club, et "The Partisan" de Leonard Cohen.
    Puis on reprend avec du pur folk, accordéon, rythmique basique et tout ce qu'il faut pour s'adonner aux joies du quadrille et autres danses ésotériques du genre : "Hang My Teeth on Your Door". Grand moment !

    Il y a indéniablement une filiation avec Violent Femmes. En moins fou et plus sombre, mais on est quand même dans les deux cas chez des gens qui revisitent intelligemment une folk américaine parfois… délavée. On pourrait peut-être ajouter Howe Gelb aux deux précédents, mais vraiment pour faire plaisir à Laurent, surtout que j’ai même pas prévu de parler de Calexico. Ce qui, je te l’accorde, est assez grave parce que c’est quand même vachement bien Calexico, et que j’ai vraiment beaucoup écouté Hot Rail, et que je suis sûr que l’ambiance mariachi de certains titres (mes préférés) inspirerait bien les origines mexicaines de Fred-le-photographe. Et que ça l’inspirerait même si par hasard il n’avait pas d’origines mexicaines (ce qui m’étonnerait vu comme il porte bien la moustache et le sombrero).
    Bon OK Laurent, tu m’as convaincu : je parlerai de Calexico que je m’en vais de ce pas ajouter à une playlist déjà chargée !

     

    Mais revenons à nos chevaux (vapeurs, les chevaux)(et seize, les chevaux).
    J'ai suivi ce groupe tout au long de sa - trop courte - carrière.

    Après Low Estate, c'est dans le premier album que je me suis plongé : Sackcloth'n' Ashes.
    On sent bien le potentiel naissant du groupe, à l'écoute de de premier essai. Transformé. L'album est plus "country punk" que les suivants, qui deviendront de plus en plus sombres. Ce qui ne l'empêche pas d'être excellent, au contraire ! Il suffit de se mettre un coup de "Black Soul Choir" , "Heel on the Shovel" et sa rythmique de western ou "American Wheeze" pour s'en convaincre. Ou le reste de l'album, en fait.
    Tiens, faisons-nous plaisir hein, ça fait longtemps :

     

     Sixteen Horsepower - American Wheeze

    Après, je vais suivre le groupe en direct : en 2000 je découvre Secret South à sa sortie.
    Re-claque.
    Surtout quand j'entends ce qui reste un de mes morceaux favoris de Sixteen Horsepower : "Splinters".
    Allez, c'est mon grand retour triomphal, alors lâchons-nous, voilà "Splinters", petit veinard !

     


    C'est un putain de bon morceau, hein ?!! C'est cadeau, ne me remercie pas, va.
    Et va vite écouter tout l'album, que dis-je, toute la discographie de ce groupe !
    Dans Secret South, tu vas aussi particulièrement accrocher sur "Nobody 'Cept You" - reprise de monsieur Dylan dont j'espère bien que Charlie ou Blaise nous gratifieront d'une longue chronique touffue, histoire de se rattraper après les malencontreux épisodes des Charlots et des Problèmes -, et sur le morceau de clôture, "Straw Foot".

     

    Après Secret South, un live est sorti, Hoarse.
    J'ai vu Sixteen Horsepower au moins trois fois en concert, et c'est... intense. David Eugene Edwards, le chanteur, est totalement habité.
    Et comme je suis - vraiment - content de retrouver les chemins de l'écriture, pouf, une reprise qui prouve que ces gens sont des gens de goût, et de bonne compagnie  : "Day of the Lord", de Joy Division :

     

     

    Le dernier album de Sixteen Horsepower, Folklore, est noir. Très noir. Le gars DE Edwards se rapproche de Dieu, et ça le rend plutôt pas joyeux. C'est un mélange de reprises de titres du folklore américain et de compositions, avec au milieu de tout ça la reprise du "Sinnerman" de Nina Simone. Une des meilleures chanson de tous les temps que la version de Nina Simone. Sixteen Horsepower fait très bien du Sixteen Horsepower, mais beaucoup moins bien du Nina Simone.
    Sixteen Horsepower se sépare après cet album, et c'est triste.

     

    Epilogue :
    Après la séparation en 2005, DE Edwards a abandonné ses deux compères (des français, je te l'ai pas dit ?) et créé Woven Hand, très bon également.
    De leur côté, Pascal Imbert et Jean-Yves Tola (des français, je te l'ai pas dit ?) se plongent dans leur autre projet, Lilium. Que je ne connais pas.

    Woven Hand vit toujours, et d'ailleurs Pascal Humbert a rejoint le groupe, mais je n'ai pas écouté l'album du retour. En même temps fais pas chier parce que je suis là pour parler de Sixteen Horsepower.
    Et je l'ai fait. Et plutôt bien même, n'est-il pas.


    Si tu es un gens de goût, tu vas forcément te plonger dans leur discographie, privilégiant les trois premiers albums, le live et pourquoi pas Olden, album de pré-versions sorti après le split, histoire de se partager une dernière fois un bifteck.

     

    A très bientôt, fidèle lecteur.

    Putain que c'est bon la musique !

     

    16HP

    Photo : Fred Javelaud           

     

    PS : je reviens et que découvre-je ? Ils ont limité la taille des morceaux à 5 Mo ???
    Ceci explique le nombre de vidéos que vous avez dans ce billet, même si j'eus préféré la sobriété d'un lecteur mp3.
    N'empêche que ça risque de me poser quelques menus problèmes, et je vais devoir trouver une parade qui me plait moyen : baisser la qualité de l'encodage. C'est pas bien, mais il en va de la survie de la musique, diantre !!!

     

     


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