• Live tracks

    Expériences live, passées et présentes.
    Souvenirs, images, sons.
    La musique est vivante, et c'est en concert qu'on la vit. 

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    19 Juillet 2011.

    Il pleut ce matin, et une alerte aux orages sur le Gard (et la majorité du sud-est) nous fait peur. Non que nous ayons peur de l'orage, hein, mais disons que la magie d'un concert aux Arènes de Nîmes risque vite de se transformer en mauvais sort si la pluie s'en mêle.
    Oui parce que ce soir on va voir Portishead aux Arènes de Nîmes, avec Mogwai en première partie. Je répète au cas où tu n'aurais pas lu le titre, trop pressé que tu es de te jeter sur ma prose envoûtante.

    Ma chérie flippe plutôt pour la route, parce que ses expériences passées sur l'autoroute qui mène à Nîmes sont plutôt apocalyptiques ; et moi je flippe plutôt pour le concert, parce que ces cons de romains ne faisaient pas de toit à leurs salles de spectacle !
    Je dis ces cons de romains, mais en fait ils étaient très très forts.


    Recadrons :
    Mon premier concert aux Arènes c'est il y a 8 ans presque jour pour jour : le 14 juillet 2003, pour un concert de musique militaire exceptionnel ! On y avait croisé Eva Joly, qui avait balancé son string sur le clarinettiste, en  grande fan qu'elle est restée.
    Mais noooooon, bien sûûûûr que je plaisante ! Comme dirait tonton Georges, "la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas".
    C'était notre premier concert de Radiohead, c'était l'un des moments les plus beaux de ma belle vie, un de ces moments hors du temps, une parenthèse enchantée, comme un rêve. Mais je t'en reparlerai, parce que c'était vraiment une des journées les plus importantes de ma vie.

    Depuis, les concerts aux Arènes de Nîmes sont de ceux que je préfère. Parce que ce lieu est particulier. Parce que les romains étaient, donc, très très forts. Déjà, un concert dans un lieu qui a presque 2000 ans, c'est pas très courant. Marcher sur ces pierres qui ont été foulées par les sandales de milliers de gallo-romains, déjà ça me fait des choses, de là à là (voir figure 1). Et en plus, l'acoustique est vraiment excellente ! Quand je la compare à certains Zéniths, je me dis que les concepteurs devraient s'inspirer des connaissances empiriques des romains, parce que bon...
    Oui, vraiment, ces concerts aux Arènes sont exceptionnels. Bon, il faut dire qu'on n'y a vu que des groupes exceptionnels, ce qui aide. Mais n'empêche : les concerts de Radiohead, par exemple, qu'on a vu deux fois dans ces Arènes et une fois au Forest National à Bruxelles, m'ont bien plus marqué à Nîmes qu'à Bruxelles. Pareil pour NIN, même si musicalement j'ai préféré le concert de Lille.

     

    Reprenons :
    19 juillet, matin, peur de la pluie et des orages.
    Je zyeute la météo, et d'après les computations des microprocesseurs de Météo France, il n'est nul besoin de s'inquiéter. L'après-midi sera calme, et tout sera rentré dans l'ordre pour la soirée. Ouf ! Nous voilà rassurés pour la partie climatique.
    L'objectif est un départ à 18h, histoire de ne pas trop courir après le temps et de ne pas manquer Mogwai.

    Vers 17h00 j'appelle l'ami Fabrice pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, on papote un peu, je finis deux-trois bricoles au boulot et m'éclipse, sentant l'excitation pré-concert monter.
    Notre loulou est encore plongé en pleine sieste quand je rentre à la casa, on prépare nos affaires (Béa a réussi à retrouver ces choses dont on n'a jamais à se servir en Provence : des ponchos pour se protéger de la pluie...), je me force à aller réveiller en douceur notre pirate, que l'on déposera encore dans le gaz chez la partie sudiste de ses grands-parents.
    Départ effectif : 18h30. J'avais plus tablé sur un retard de 15 mn, mais rien de grave, hein.

    Sauf qu'on avait occulté qu'il nous faudrait 40 mn entre la sortie de l'autoute et le centre de Nîmes...
    On sort du parking de la gare (à 10-15 mn à pieds des Arènes) vers 20h15, et on entend déjà un vrombissement entre la tondeuse (mais le gros modèle, genre déforestation) et la marée d'hélicos façon Apocalypse Now (j'ai jamais vu le film, mais j'imagine, quoi). Bon en fait c'est déjà Mogwai.
    On s'en rendra compte une fois installés : ils jouent beaucoup trop fort.

    On entre sans problème dans les Arènes, mais par contre on a beaucoup - beaucoup - marché pour trouver une place ! Il faut dire que c'est déjà plein à craquer, au moins en catégorie 2, et que du coup on a exploré les couloirs du lieu presque de fond en comble. Pour rien. Excuse-moi encore, mon amour.
    Retour à la quasi-case départ, et là voyant ma chérie qui n'en peut plus je fais le forcing auprès de trois demoiselles qui filtrent l'accès à la catégorie 1 : "bon, je sais qu'on a des billets catégorie 2, mais ça fait deux fois qu'on fait le tour et c'est blindé partout, alors ma femme qui est enceinte, là, elle commence à franchement flancher. Vous pourriez pas nous trouver une petite place s'il vous plaît madame ? S'ilvousplaits'ilvousplaits'ilvousplait" (parmi les trois demoiselles, l'une d'elles était enceinte, je m'étais dit que ça avait plus de chances de marcher...) Et ça a marché.
    Certes, on n'est pas placés au centre. Certes, un poteau s'est placé entre nous et la scène. Mais on est assis, installés, et au final pas si mal !

     

    Enfin on peut profiter pleinement de Mogwai !
    Ben en fait non. On ne profite pas, parce que le son est beaucoup trop fort. Beaucoup beaucoup trop fort.
    Impossible dans ces conditions de juger une prestation musicale, tant c'est pénible pour les oreilles. On craint du coup le pire pour Portishead, parce que si le son reste aussi fort, ça va pas être agréable...
    En plus ces messieurs de Mogwai nous font saigner les oreilles pendant longtemps, vu que ce n'est que vers 21h30 qu'ils mettent fin au calvaire. Une vraie grosse première partie si le concert a effectivement commencé à 20h.

     

    Il faut attendre 22h et quelques traditionnelles "Olas" (majuscule ? Pluriel ? On s'en fout) pour qu'enfin s'éteignent les lumières éclairant les Arènes, et que le groupe investisse la scène sous les clameurs d'une foule impatiente. Impatient, je le suis aussi : j'ai vu Portishead une première fois aux Eurockéennes de Belfort il y a 13 (13 !) ans, en juillet 1998. C'était pour la clôture de la dixième édition du festival, et c'était totalement magique. Ca avait fini en feu d'artifice, conclusion parfaite d'un festival où on s'était bien gavés, avec l'ami Romu. Puis j'avais vu aussi Beth Gibbons en avril 2003 à l'Aéronef, à Lille. Magique aussi. Impatient, donc.

    C'est "Silence" qui ouvre le bal.
    Et le bal commence bien. Deux batteries vont assurer efficacement les rythmiques parfois complexes de Third, dont une tenue par intermittence par Geoff Barrow (le reste du temps, il scratche ou joue du clavier), le guitariste Adrian Utley imprimera tout le long du concert le son de gratte de Portishead, notamment sur les morceaux extraits de Dummy. Et évidemment la voix sublime de Beth Gibbons sera le lien entre tous les morceaux. J'ai même l'impression que c'est le seul lien entre les deux premiers album et Third, tant musicalement on est presque dans deux univers différents. Excellents tous deux, mais différents. Beth Gibbons, notre bouée !

    C'est d'ailleurs Third qui est vraiment à l'honneur ce soir. La moitié des morceaux joués en est extrait, dont l'excellent "Machine Gun" qui vient secouer le public après la sublime version minimaliste de "Wandering Star" ; tu peux d'ailleurs écouter l'enchaînement des deux titres sur la vidéeo de fin de chronique, petit veinard !
    Mais aussi le très bon "The Rip" (qui est certainement le morceau de Portishead qui se rapproche le plus de ce que Beth Gibbons a fait en solo, au moins dans sa première moitié), ce "Threads" à la fin duquel Beth Gibbons sort de son ton posé à la limite de la dépression pour gueuler (oui : gueuler !) ou le "We Carry On" de clôture (qui est ici la vidéo en ouverture, paske je fais qu'est-ce que je veux ici, na !), qui est vraiment un morceau qui me met une claque.

    Mais on remarque quand même, à l'applaudimètre, que ce sont les morceaux de Dummy qui sont les plus attendus.
    Notamment, bien sûr, le merveilleux "Glory Box" - sans qui tout ceci n'aurait certainement pas été possible, mais aussi l'indispensable "Mysterons" ou la version à pleurer de "Wandering Star" (sûrement le morceau qui m'a fait le plus de choses pendant ce concert, qui pourtant m'en a fait beaucoup !).

    Le groupe étant très statique, le light show et l'écran en fond de scène font le boulot, même si à titre personnel je viens écouter de la musique live, plus qu'assister à un spectacle visuel.
    On remarque très vite, ma chérie et moi, que Beth Gibbons a arrêté de fumer - ceux qui l'ont déjà vue en concert comprendront qu'on ne peut pas passer à côté de cette remarque, tant la dame fumait durant ses prestations (je pense qu'elle devait avoir un quota en-dessous duquel une malédiction quelconque lui tombait dessus, parce que c'était vraiment impressionant le nombre de clopes qu'elle allumait !), mais c'est tout ce qui a changé : elle est autant avachie sur son micro, dans la même position pendant tout le concert.
    Non, on est mauvaises langues quand même parce que :
    - selon Béa elle a un peu pris du cul. Ca tombe bien elle en avait pas !
    - à la fin de "We Carry On" elle est descendue serrer des pinces au public, taper la bise, et ce pendant quelques minutes. Et ça, c'est à souligner !

     

    Ce fut donc 1h30 de plaisir, de grosses émotions avec la voix sublime de Beth Gibbons, musicalement ça a été à la hauteur de la voix de la dame (excellent, donc), et 13 ans après les Eurockéennes, c'était toujours aussi bon !

     

     

     

     

    Setlist :

    1. Silence
    2. Hunter
    3. Mysterons
    4. The Rip
    5. Magic Doors
    6. Sour Times
    7. Wandering Star
    8. Machine Gun
    9. Over
    10. Glory Box
    11. Nylon Smile
    12. Cowboys
    13. Threads

    Rappel:

    1. Roads
    2. We Carry On

     

     


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    J’ai vu un squelette.

    J’ai vu le squelette du rock, avec des reliquats de moëlle épinière épileptique, pour l’énergie. Des os et du nerf, sans artifice. Sans enveloppe.


    Ces gars connaissent tellement leur rock sur le bout des doigts qu’ils l’ont épluché jusqu’à l’os. Jusqu’à la moëlle. Epinière, la moëlle.
    Une guitare (une seule, on ne change pas de gratte entre les morceaux). Une basse (une seule aussi). Une batterie (surtout une caisse claire, la grosse caisse et deux cymbales).


    Faut dire que Shellac c’est pas non plus n’importe qui :
    Steve Albini tient la gratte, mais ça c’est pour s’amuser. Parce que sinon il est le monsieur qui a produit le In Utero de Nirvana, le Surfer Rosa des Pixies, le Rid of Me de PJ Harvey, My Father My King de Mogwai, Yanqui U.X.O. de Godspeed You ! Black Emperor, The Weirdness des Stooges, plein de chose de Jon Spencer Blues Explosion ou Plug et Planet of Tubes de Sloy. Entre autres.
    Bob Weston (appelons-le Robbie, puisque c’est comme ça qu’il s’est présenté au public) tient la basse, et est lui aussi producteur, souvent sous la houlette du sieur Albini. Et officie au sein d’un autre groupe inconnu de moi-même : Mission of Burma.
    Todd Trainer est batteur, et c’est déjà énorme vu son jeu assez hallucinant. Il est également le seul membre de Brick Layer Cake, qu’il produit et enregistre aussi tout seul.Ce batteur a la frappe la plus sèche du monde, c’est certain. Il malmène sa caisse claire avec une brutalité qui force le respect. Heureusement qu’il est pas flic, parce qu’un coup de matraque comme ça calmerait les ardeurs des plus vindicatifs !

     

    Ce concert a été une décharge de rock radical. Au sens étymologique : qui va à la racine. Ils ont vraiment décortiqué le rock pour ne garder que l’énergie, concentrée dans la rythmique brutale du groupe. Et même l’énergie est brute. Pas rageuse comme pour Rage Against The Machine ou les Bérus, pas joyeuse comme pour les Wampas, pas sophistiquée comme chez Nine Inch Nails. Juste brute. Celle qui ne passe pas par la case cerveau, qui choppe le raccourci du système nerveux central pour faire bouger sa penser.

    Et ça marche atrocement bien ! Ca bougeait plutôt pas mal dans le public (peu nombreux), et ça faisait longtemps que je n’avais ressenti ce petit mal de cou suite à headbanging forcené.
    Ce qui est vraiment particulier avec ce groupe, c'est que le batteur est au centre. De la scène, certes, mais aussi de la musique. C'est lui qui "casse" les morceaux, et il participe quasiment moins que les autres à la partie rythmique "pure". Il y a plus de solos de batteries que de guitare, pendant un concert de Shellac. Et c'est très fort, je trouve. Bref, j'me comprends, quoi !

    Bon évidemment, si tu aimes les mélodies tu risques d’avoir un peu de mal. Quoique sur un morceau, Steve Albini a gratté une esquisse de mélodie, alors ne soyons pas mauvaise langue, hein.

    De même si tu aimes les light shows qui t’en mettent plein les mirettes, tu aurais eu du mal à trouver ton compte avec Shellac. Ce groupe n’est pas là pour te faire briller les yeux. Non. Il est là pour te faire saigner les oreilles. Là ça y est, elles sont bien nettoyées, prêtes à en découdre paisiblement avec des choses moins bruyantes. Y a que mon frère qui n’a pas réussi à se déboucher l’oreille avec les assauts ravageurs du batteur !

     
    Oui parce que j’ai fait une infidélité à ma chérie, ce 24 mai 2011 : je suis allé voir un concert avec mon frère et sa chérie, mais sans la mienne.
    Tu rigoles mais ça fait bizarre, parce qu’il y a entre nous cet accord tacite : les concerts, c’est ensemble. Sauf les Wampas, qui ne font pas (encore ?) partie de l’accord. Donc ben voilà, je pense que depuis que l’on vit ensemble on n’a jamais rompu cet accord. Sauf là. Alors forcément, dès que mon cerveau se reconnectait, entre les morceaux, je pensais à elle : est-ce qu’elle aurait aimé ? est-ce qu’on aurait été plus loin dans le fond pour qu’elle voit mieux (au-dessus des grands) ? est-ce qu’elle aurait aimé cette première partie, ou aurait-elle émis les mêmes critiques que pour la première partie de Godspeed ?

    Par exemple Youngblood Brass Band est passé sur Marseille il y a peu. Je ne pense pas que ça plaise à Béa, et je n’ai même pas envisagé d’y aller sans elle. Pourtant j’en ai fait des concerts seul, et ça ne me dérangeait absolument pas. Mais c’était avant. Avant de vivre avec ma chérie. Et de partager ces moments de musique live. Je sais que je ne saurais pas profiter d’un concert sans elle (sauf pour les Wampas, parce que je sais qu’elle sait que les Wampas en concert, pour moi, c’est de la joie dans les cœurs. Et que je sais aussi que pour elle, ça serait au mieux de la curiosité, et au pire pour me faire plaisir).
    Sauf que oui, c’est vrai, ce pacte a été rompu pour Shellac. Mais les circonstances sont exceptionnelles : mon frère et sa chérie sont là en ce moment, et c’est cool. Et la joie de ces moments ensemble abat les barrières mentales que je me construis habituellement.

    Il y a quand même eu un précédent : les Bérus à Dour en 2004. Béa avait refilé son bracelet à Romu pour le dernier jour, mais on avait déjà fait ensemble les 2 jours précédents. Et les Bérus, c’est pas trop sa tasse de thé non plus. En fait le rock alternatif français des années 80, c’est pas son truc. En même temps, vu le nombre de survivants de ce mouvement, on risque pas de le rompre souvent, notre accord tacite !

     

    Ah et donc oui, il y avait une première partie. Helen Money, qu’elle s’appelle. Elle est seule avec son violoncelle, auquel elle applique les effets d’une guitare électrique. Y a de l’idée, mais faut encore bosser pour que ça dépasse le stade de la curiosité. Bon ceci dit c’est bien plus agréable que Colin Stetson, l’homme au saxophone qui nous tortura en première partie de Godspeed…

     

     

    Et la fin du concert, alors ?
    Ben à la fin du dernier morceau, gratteux et bassiste démontent la batterie pendant que le batteur voit son espace de jeu s'amenuiser. Arrive le moment où la batterie est totalement démontée. Fin. Pas de rappel possible.

    Donc Shellac en live c’est brut, c’est bon, mangez-en (plein les dents).

     

     

    Soundtrack of your life

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    PS : y a des morceaux du concert de Marseillesur Youtube (ça commence par les 10 premières minutes du concert) :

     

    Alors ?

     

     

     

     


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    "I could hear the screams from up above
    If it ain't a fist it isn't love
    As for our lady she kneels down
    Her neck is bent, the blade comes down
    Doing! There goes the breakfast bell
    Back from heaven, back to hell
    Naked howling freedom - Hell's Ditch"

     

     

     

     

    Ce concert, c'était pendant mon service militaire. Il sentait bon le sable chaud, ton légionnaire.  A moins qu'il ne sentit plutôt l'ozone dégagé par les photocopieurs dont il était responsable pour toute la caserne. Oui môssieur, j'ai glorieusement servi mon pays en étant responsable du service reprographie d'un régiment de Metz. Rigole pas, j'ai été décoré pour ça !

    Je ne vais pas m'étendre sur mon service militaire, parce qu'il faut bien dire que je n'ai pas grand-chose à raconter, tellement c'était chiant.

    Du coup on pourrait parler de ce fameux concert des Pogues, non ?
    Ouais, je savais que ça te plairait !
    C'est bizarre parce que je n'ai plus aucun souvenir musical de ce concert, excepté cette image dont je ne saurais dire si elle est fantasmée ou réelle : deux ou trois membres du groupe qui entrent sur scène avec des trompes tibétaines ou des cors des Alpes - des grands trucs pour soufller dedans, quoi - pour l'intro d'un morceau.

    Par contre je me souviens très bien de ce qui m'avait vraiment surpris : l'éclectisme du public.
    Il y avait - vraiment - de tout : des punks (dont un type complétement défoncé qui avait une toile d'araignée tatouée sur le crâne, et qui avait un regard à faire peur. Oui, il m'a marqué !), des pères de famille avec leur jeune gamin sur les épaules, des petites nénettes excitées comme des puces, une équipe de rugby qui nous a massacré le dos pendant une bonne partie du concert (les risques du premier rang...), etc...
    Je dis "nous" parce qu'on était allés à ce concert à deux : Fabien et moi. C'est fou cette coïncidence, hein, parce que justement Fab m'a appelé avant hier, après un paquet de temps sans nouvelle ! Ouais, y s'passe des trucs de dingue, je suis d'accord.

    Aucun de nous n'ayant le permis, c'est le père de Fabien qui nous conduit, et ma mère accompagnée de ma soeur qui viendra nous chercher. Si si, c'est important pour la suite de l'histoire, crois-moi !

    Je ne vais malheureusement pas pouvoir m'attarder sur le concert, parce que je n'en garde que des impressions. Une déception, d'abord : ne pas avoir vu The Pogues en concert quand c'était le sieur Shane MacGowan qui donnait de la voix et des bouts de dents. Car non, Lord MacGowan n'était pas présent ce soir-là (certainement en train de picoler avec ses nouveaux potes, The Popes), et c'étaient Spider Stacy et Jem Finer qui officiaient au chant. C'est triste, mais c'était ça ou ne jamais voir The Pogues, camarade !
    Et aussi une impression de joie et d'euphorie dans le public mais aussi sur scène, et de pogo continu avec cette fameuse équipe de rugby qui nous rentrait dans les reins et nous a poussés à quitter le premier rang. Oui, le concert était joyeux, festif. A l'image des Pogues, quoi.

    Et à la fin du concert, quelques membres jettent des papiers dans le public, et comme je suis d'une détente, d'une souplesse et d'une agilité à tout épreuve, j'en attrape un au vol. Sans savoir aucunement à quoi ça rime.
    Ben ça rime que c'est des pass backstage que les gaillards envoyaient ainsi dans le public !

    Du coup on cherche comment on rentre dans les loges en suivant plus ou moins quelques personnes aussi sveltes que moi et donc détentrices du fabuleux sésame, et on passe devant ma mère et ma soeur qui nous voient et frappent à la baie vitrée de l'aéro histoire de dire "Eho, on est là !". C'était il y a quinze ans, donc j'escompte qu'il y a prescription mais je dois avouer ce qui me mine depuis toutes ces années : oui, maman, oui soeurette, je vous avais vues. Mais égoïstement j'ai fait semblant de rien pour ne pas avoir à me lancer dans des explications complexes sur l'intérêt d'aller voir The Pogues backstage. Et on est entrés tous les deux (avec une seule invitation, parce qu'en plus d'être svelte je suis diplomate, hé ouais !) dans l'univers fastueux des paillettes, de la fête, de la luxure et du stupre. Backstage, quoi.


    Passée l'euphorie de l'exclusivité, le tour de tous les membres du groupes pour chopper une dédicace, il faut bien avouer qu'une interrogation s'est vite imposée à moi : "qu'est-ce qu'on fait, maintenant, backstage ?".
    Engager une discussion dans un anglais approximatif sur l'état de l'Irlande et des guerres de religion qui font encore mal comme ce gars qui ne se rend même pas compte que Spider Stacy s'en contrefout, tout concentré qu'il est à rouler son joint ?
    Stagner près des bouteilles de champ' histoire de se saoûler à l'oeil ?
    Ou se casser parce que ces gars on est venus les voir sur scène, et qu'ils ont peut-être le droit (même si c'est leur choix d'avoir balancer des invit') de se poser peinard sans que des gros lourdauds ne viennent leur en montrer sur leur connaissance de la géopolitique irlandaise ?
    Ouais, dernier choix.

    C'est peut-être de là que me vient mon antifanatisme, ma vigilance face à ceux qui s'approprient leurs Idoles comme si ces dernières leur étaient redevables de quoi que ce soit. Ils t'offrent la Musique, c'est quand même un putain de cadeau ! Et toi tu veux en plus connaitre la marque de leurs clopes, la tronche de leur copine, où elles vont en vacances ? Mais on s'en branle bordel !

    D'ailleurs je pense que je dissocie assez facilement l'oeuvre de l'artiste, ou l'artiste de la personne privée, je ne sais pas bien.
    Prenons au hasard le cas de Noir désir... (normalement en évoquant Noir Désir, on invoque secrétement l'affaire Cantat, et ça devrait donner plein de commentaires joyeux parce qu'on a vraiment pas assez parlé de tout ça, hein)

     

    N'empêche que là tu écoutes "Hell's Ditch", et que c'est l'une des plus belles chansons des Pogues. C'est pas une version live parce que je n'en ai pas trouvé de correcte, mais peu importe.
    J'avoue avoir hésité avec cette version live de "Young Ned of the Hill" que je trouve excellente, avec ce dub celtique à la fin ! Mais j'ai tranché, même si ce ne fut pas simple, crois-moi.

     

    POGUE MAHONE !

     

     

    Soundtrack of your life

     Photo : Fred Javelaud        

     

     

     


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    "The scent of Thyme carried on the wind,
    stings your face into remembering
    cruel nature has won again.
    "

     

     

    On l'aura mérité, ce concert !

    Je ne vais pas te narrer toutes nos péripéties, mais crois-moi, c'était pas gagné...
    Mais voilà : pour Polly Jean Harvey, on était prêts à presque tout. Donc on y est arrivés. 

    Le concert étant sold out dès le premier jour, mon frérot nous a accompagnés jusqu'au Cirque Royal en espérant à peine trouver une place à un prix abordable. Mais abordables, les prix des places au black ne l'étaient pas. Il s'est donc replié sur une frite à Flagey avec un pote. Remplacer PJ Harvey par quelques frites et une binouze, c'est à la limite du blasphème, quand même ! Les djeun's, y respectent pu rien, tudieu !

    En se rendant à nos places, petit coup d'oeil au public : a priori pas bien différent de nous - des trentenaires pas trop lookés, peinards, qui doivent suivre la demoiselle Harvey depuis un paquet d'années.

    Nos places, dans cette salle qu'on ne connaissait pas, auront donné le vertige à ma pitchoune !
    On était placés toooooouuuut en haut de ces quelques places regroupées sous le vocable de "paradis". Effectivement, on ne pouvait être plus haut, planqués dans un coin, avec cependant une excellente vue plongeante (et vertigineuse, vraiment !) sur la scène. Et effectivement, on sera au Paradis durant les 90 (courtes) minutes de la prestation de Polly Jean.

    La scène est plutôt dépouillée, et on peut s'attendre à ne pas voir exploser une débauche d'exubérants effets visuels. 
    Deux claviers, une batterie, quelques micros et des grattes, sans fioritures. 
    Nous n'aurons pas tort : le show restera très sobre, avec des musiciens éclairés par une lumière diffuse  blanche ou jaune, et PJ Harvey éclairée par un projecteur blanc, qui sera éteint entre les morceaux.
    La seule excentricité sera la tenue de Polly, que vous pouvez admirer ci-dessus. 

     

    Reste l'essentiel : la musique. Et surtout la voix de PJ Harvey. Durant tout le concert, je vais m'extasier devant cette voix qui est vraiment, VRAIMENT impressionante en live ! Alternant avec une facilité déconcertante notes très aigües et notes plus graves, cette voix bien mise en avant par rapport aux instruments va me faire chavirer à plusieurs reprises. Notamment sur cette face B du single "The Words That Maketh Murder" : "The Guns Called Me Back Again". Alors ce morceau, c'est une bombe ! Mais aussi sur "On Battleship Hill" que tu écoutes en ce moment. Ou sur l'excellente version toute en tension retenue de "The River" - un grand grand moment du concert.

    Outre sa voix, PJ Harvey a alterné guitares et autoharpes, tandis que les trois musiciens assuraient derrière.
    Et quels musiciens ! Deux compères de longue date : John Parish et Mick Harvey (une ex mauvaise graine de Nick Cave), qui joueront indifféremment claviers, guitare ou un peu de basse. Et un batteur au nom français, mais là j'avoue que ma mémoire me fait défaut.

    Grosse nouveauté sur ce dernier album de PJ Harvey : des choeurs masculins font leur apparition, et les trois compères de la belle s'y collent durant le concert. Avec, parfois, un peu trop de puissance.

    C'est l'intégralité de Let England Shake qui est jouée pendant le concert, plus la fabuleuse face B dont je parle plus haut. Soit treize titres. Restent six titres, deux de White Chalk ("The Devil", "Silence"), deux de Is This Desire ? ("Angelene" et "The River") et deux de To Bring You My Love ("les excellents "C'mon Billy" et "Down By The Water"). Rien donc des albums les plus péchus (Dry, Rid of Me et Uh Huh Her).
    Oui, le concert est plus subtil que wock'n'woll, et ça marche très bien, cette ambiance feutrée, magique, parfois quasi-mystique. On aurait aimé que le temps soit suspendu un peu plus longtemps, parce que c'était tellement bon que c'était trop court !

     

    PJ Harvey ne parle pas pendant le concert, juste un thank you goodbye à la fin.
    Elle ne répond même pas à ses adorateurs qui lui hurlent des "I love you" enflammés. Mais heureusement, John Parish leur répond un "Thank you" ému et langoureux qui calmera les ardeurs des prétendants, et fera bien marrer la salle !

     

    Reste que depuis le concert j'écoute beaucoup ce dernier album, qui est franchement excellent ! Certainement l'un des meilleurs de la demoiselle Harvey. Je recommande fortement !!

     

    SETLIST

    1. Let England Shake
    2. The Words That Maketh Murder
    3. All And Everyone
    4. The Guns Called Me Back Again
    5. Written On The Forehead
    6. In The Dark Places
    7. The Devil
    8. The River
    9. Angelene
    10. The Glorious Land
    11. The Last Living Rose
    12. England
    13. Bitter Branches
    14. Down By The Water
    15. C'mon Billy
    16. Hanging In The Wire
    17. On Battleship Hill
    18. The Colour Of The Earth

     

    RAPPEL

      19.  Silence

     

     

    Extra tracks

     

     


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  • "'Cause I've prayed days, I've prayed nights
    For the lord just to send me home some sign
    I've looked long, I've looked far
    To bring peace to my black and empty heart"

     

     

    Encore une première : mon premier concert seul. Enfin...seul, comprenez : non accompagné. Parce que malheureusement la demoiselle Harvey n'a pas joué que pour moi, on était même plutôt nombreux à l'Aéronef, ce soir là.

    Bon, resituons pour ceux qui n'ont pas suivi : PJ Harvey vient de sortir son troisième album, et je l'aime (l'album, hein). Elle passe par Lille, je suis heureux, mais personne n'aime ou ne connait assez la miss pour me suivre. J'ai peur de rien, j'y vais tout seul ! Je suis un fou, moi, des fois.
    J'en referai d'autres, des concerts en solo, mais assez peu, finalement. Je dois dire que ça ne me dérange pas, parce que je suis assez "égoïste" quand j'assiste à un concert : je parle peu, je suis concentré sur la musique et je ne partage pas grand-chose. Même après le concert, j'ai du mal à partager mes impressions, comme si j'avais besoin de digérer le truc, de me détacher afin de me faire un avis définitif - sauf quand c'est mauvais, où là je suis déjà détaché, par exemple quand on a vu Placebo (concert sauvé par la première partie, les excellents et sexuels The Kills !). Je pense que ma chérie pourrait confirmer ça.

    Bon, comme j'ai déjà dit tout le bien que je pensais de PJ Harvey par ailleurs, je vais m'appesantir un peu sur la première partie, une fois n'est pas coutume !
    Nan mais partez pas !!! On parlera du concert de Polly, promis ! Mais d'abord, parlons de la révélation de ce 16 novembre 1995 : SLOY. 

    Leur premier album, Plug, vient de sortir (produit par Steve Albini), mais je suis passé à côté. Je me rattraperai après le concert. Là, en concert, impossible de passer à côté : le chanteur a une énergie de malade, il court partout, slamera plusieurs fois dans la foule et mettra le feu à l'Aéronef. Ils joueront ce soir-là des titres de leur futur deuxième album, dont "Idolize" que, une fois n'est pas coutume, je vous fais partager ici :

    Non mais Peps, qu'est-ce que tu fous là ???
    Deux morceaux de musique dans le même article, non mais ça va pas la tête ? Et la rigueur, le cadre strict que tu t'es imposé, tu l'as oublié ???
    Rappel :
    1/une citation des paroles en gras et en italique pour commencer
    2/ le morceau choisi en mp3, mais la vidéo est tolérée parce que des fois les morceaux sont trop long, ou que môssieur Peps veut faire dans la fantaisie
    3/ ta prose, tes conneries, tes anecdotes
    4/ si possible la setlist du concert, si ces feignasses d'internautes se sont tirés les doigts du cul.
    5/ une photo avec légende en option
    6/ au moins deux espaces pour pas que les petits boutons pour tweeter, wikioter ou fessebouquaimer viennent gâcher la jolie photo que tu auras mis tant de temps à dégoter. 

    Ta gueule ma conscience. Parfois, oui, je le confesse, je transgresse. Anarchy in my brain.

    Et pendant ce temps-là on ne parle pas de Sloy, bordel !
    Parce que Sloy, c'est vachement bien et même s'ils n'ont commis que trois albums, ce groupe vaut le détour. Je ne suis pas très pointu en rock français (ou pas très amateur, peut-être) mais pour moi il y a eu la scène alternative des années 80 (que j'ai découvert dans les années 90, hein, mais bon), puis Noir Désir, Diabologum et Sloy (Je ne range pas Dominique A, Tiersen et Miossec dans ce rock français-là)(oui je sais, c'est peut-être bizarre, mais ne foutez pas le bordel dans les cases de ma tête, s'il vous plaît).

    Un groupe qui a sa patte, avec ce chant si particulier, une âpreté et une certaine radicalité dans le dépouillement des morceaux - rien de trop dans la production (on retrouve ça chez Shellac, le groupe de Steve Albini). 

    Sloy aura aussi été à l'origine de la nouvelle interprétation live des "écorchés" de Noir Désir : c'est en effet de leur remix de ce titre paru sur "One Trip/One Noise" que Noir Désir a extrait le "WHITE LIGHT WHITE HEAT" fortement mis en avant en concert.

    En 2000, Sloy se sépare. La France est en deuil, une journée de congés est mise en place suite à cela (ça tombe le 1er mai), et on sait enfin quel a été le bug de l'an 2000.
    On entend à nouveau parler de Cyril Bilbeau (le batteur) en 2007, quand sort le premier album de Zone Libre, Faites vibrer la chair. Zone Libre, c'est donc à l'origine Cyril Bilbeau, Serge Teyssot-Gay (le gratteux de Noir Désir) et Marc Sens (un gratteux expérimental qui a officié avec Tiersen notamment), et ils viennent de sortir leur troisième album (Les Contes du Chaos). Le deuxième avec deux rappeurs au chant (dont Casey).
    Et j'ai entendu à nouveau parler des deux autres membres de Sloy en 2010, en tombant sur l'annonce de la sortie de l'album Novo Rock de 69 (oui, c'est aussi le nom d'un groupe). Ben c'est pas mal du tout, 69 (oui, le groupe aussi).

     

    Et le concert de PJ Harvey, tu me diras ?

    Impressionnant.
    Impressionnant parce qu'elle a un charisme....ben impressionnant, en fait.
    Bon musicalement pas grand-chose à en dire, c'était vraiment au top avec une setlist qui faisait la part belle aux faces B ("Harder", "Lying in the Sun" , "One Time Too Many" et "Naked Cousin") et un set bien péchu.
    Mais il y a eu ce moment. Ce moment qui m'a subjugué, qui m'a laissé sans voix. "The Dancer" comme point d'orgue d'un concert dont je garde le souvenir d'une excellente musicienne à défaut d'être une bête de scène (c'est pas ça qu'on attend de PJ Harvey). "The Dancer" commence, ça gueule dans la foule, on hurle parce que bon, cette chanson est aussi le point d'orgue (et point final) de To Bring You my Love. Ca s'agite, et tout-à-coup cette petite nana, avec juste sa gratte, regarde le public. Quand je dis "regarde le public", j'ai vraiment eu l'impression qu'elle nous regardait tous dans les yeux. En même temps. Sans strabisme bordel, niquez pas ma scène mythique ! Elle nous regarde, donc, et fait un geste de la main, ou des mains. Je ne sais plus, j'étais hypnotisé. Et d'un coup : silence. Silence complet pendant tout le titre. Je n'ai jamais entendu si peu de bruit dans une salle de concert. La maîtresse de cérémonie joue le morceau avec la maestria dont elle fut coutumière durant tout le concert, la chanson se termine, et tout le monde est encore scotché. Le silence continue. PJ Harvey brille. Le temps s'est arrêté. Puis d'un coup, comme si nos coeurs recommençaient à battre, on s'est mis à applaudir, à gueuler, à pleurer sûrement pour certains ! Tant c'était magique.
    Et c'était fini, aussi. Une fin de rêve. 

     

    Je suis bien heureux d'avoir assisté à ce concert au final totalement magique, parce que je pense que c'est la dernière tournée des salles moyennes qu'a faite PJ Harvey. Depuis, elle est devenue avare de concerts, ne se produisant que dans les capitales... La preuve, c'est que dans six jours on va la voir à Bruxelles !

    Je te raconterai, bien sûr !

     

     

    SETLIST :

    1. Hook
    2. Harder
    3. Long Snake Moan
    4. Dress
    5. Driving
    6. I Think I’m A Mother
    7. Lying In The Sun
    8. One Time Too Many
    9. Meet Ze Monsta
    10. C’mon Billy
    11. To Bring You My Love
    12. Send His Love To Me
    13. Me-Jane
    14. 50Ft Queenie
    15. Legs

    Rappel  

    1. Down By The Water
    2. Naked Cousin
    3. The Dancer

     

    Extra tracks

     

     


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