• Ghost track #05 - Nuclear Summer

    "Here comes the heat...nuclear summer"

     

     

    Sortir du nucléaire. Maintenant.
    Il n'y a même plus de questions à se poser, quand on voit ce qui arrive au Japon, et dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences. Dont on n'est pas capable de mesurer toutes les conséquences, tant l'ennemi invisible qu'est la radioactivité agit de concert avec d'autres facteurs de telle façon qu'il est impossible d'imputer la responsabilité, par exemple, de l'augmentation des déréglements thyroïdiens après 1986 et Tchernobyl.

     

    Notre (bien malgré moi) président, qui a depuis toujours le sens de la nuance, déclarait il y a peu qu'il "[se battra] pour défendre le nucléaire, parce qu'il n'y pas d'énergie alternative en l'état actuel des choses, sauf à dire aux Français qu'ils vont maintenant se chauffer et s'éclairer à la bougie". J'apprends au passage que je suis un terroriste, vu toutes les vilaines choses que j'ai dites et écrites sur la sacro-sainte Croissance. Putain, si tous les anti-nucléaires sont des terroristes et qu'ils finissent comme Julien Coupat, ce dangereux épicier d'ultra-gauche qui lit des livres (la culture comme preuve de culpabilité, ça fleure mauvais l'autodafé), va falloir construire des prisons. Encore plus que maintenant, je veux dire...
    La bêtise des politiques me sidère. Quoique des fois elle m'amuse, aussi - quand c'est Frédéric Lefebvre par exemple.

    Quoique qualifier de bêtise ce qui est de la propagande, c'est presque disculper Sarkozy de ses propos. Alors qu'il doit quand même être au courant qu'on peut se chauffer avec des énergies renouvelables. Du bois par exemple. Parce que oui, petit nabot, le bois ne sert pas qu'à fabriquer des langues d'homme politique. Il peut servir, par exemple, à alimenter des chaudières au rendement bien plus élevé que ceux de nos grille-pain électriques installés sans aucune reflexion comme moyen de chauffage dans toutes les maisons ou presque. Ou encore mieux, à alimenter un petit poële à bois qui trône au milieu d'une maison bien isolée, et qui la chauffe à lui tout seul. D'ailleurs, sais-tu, omniprésident, que le chauffage électrique est interdit dans les constructions neuves au Danemark ?
    Oui, bien sûr que tu le sais, toi qui sais aussi que notre parc nucléaire est plus sûr que celui du Japon. Parce que le Japon est un peu mauvais en technologies de pointes, c'est bien connu. Et qu'ils ne savent vraiment pas gérer les constructions parasismiques, ces glandus. Alors que nous, les FFFrançaiiis, OUI. Nous, on craint rien voyons !

    Petit retour en arrière : en 1986, catastrophe nucléaire à Tchernobyl.
    Discours officiel (outre le gros mensonge sur le nuage radioactif qui s'est arrêté aux frontières de la France qui résiste à tout) : ça n'arrivera jamais en France, parce que Tchernobyl c'est le bloc communiste, et que les communistes ils construisent les centrales nucléaires comme des nazes. Alors que nous, le Bloc Occidentâââl, on n'est pas des manches, et qu'on fait mieux que tout le monde. Ne craignez rien, le communisme c'est le mal qui fait péter les centrales nucléaires, alorsq ue le capitalisme c'est le bien qui protège les centrales nucléaires.
    Jusqu'à Fukushima qui, malheur, est au Japon. Putain mais ç'aurait pas pu arriver en Chine, bordel ??? On aurait pu tenter de refaire le coup des cocos, au moins ! Tandis que faire passer le Japon pour un pays communiste, ça va être coton quand même, et ça risque d'éveiller les soupçons, hein...

    Attendez, j'ai une idée brillante ! Et si on disait que c'était une catastrophe naturelle ? C'est bien ça, non ? La nature toute puissante, contre laquelle on ne peut rien faire, tout ça. Ca devrait marcher, ça !
    Hein ? Quoi ? Mais noooon, personne ne pointera du doigt que la décision d'installer une centrale nucléaire sur une faille sismique c'est pas naturel, mais que c'est une décision politique !

    Et ouais. Installer une centrale nucléaire sur une faille sismique, ou près de la mer, c'est une décision politique. Qui se contrefout du risque. Deux EPR ont été vendus en Inde pour être installés dans des zones sismiques de catégorie 3 (Au Japon on est en catégorie 4 ou 5 selon les centrales). Fessenheim, la plus vieille centrale française, est aussi sur une faille sismique. Graveline est en bord de Mer du Nord. 

     

    Le nucléaire est une industrie du mensonge. Lutter pour une transparence totale est un voeu pieux. Il faut exiger la sortie du nucléaire, sans compromis.
    Industrie du mensonge parce que d'origine militaire, déjà. Militaire = secret.
    Industrie du mensonge parce que le nucléaire ça fait peur, alors autant ne pas affoler des gens qui n'y comprennent rien avec des alertes, des incidents, des risques, etc... donc on va plutôt leur dire que le nuage, il s'est arrêté à nos frontières, tiens, par exemple.
    Et au cas où il y a risque de divulgation, on va signer des accords histoire de se couvrir. Comme cette résolution WHA 12-40 qui acte l'accord entre l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), et qui acte donc que la seconde va consulter la première avant de diffuser des études compromettantes pour l'industrie nucléaire. Pour plus de détails, lis cette interview assez explicite d'un ancien de l'OMS par Rue89.
    Tepco (l'exploitant de la centrale de Fukushima-Daiichi), d'ailleurs, a falsifié des rapports d'inspection, et minimisé volontairement les risques lors de la construction de la centrale.
    De plus, l'industrie nucléaire étant le fer de lance, que dis-je, la fierté ! de la France, il me semble qu'une volte-face politique de nos élus (qu'ils soient de droite ou de gauche, hein, pas d'angélisme) est assez peu probable. Que va-t-on vendre à nos amis lybiens (oui c'était il y a cinq mois, Khadafi était encore un ami, avant d'être un dangereux dictateur) si on ne peut plus leur refourguer des centrales nucléaires ? (oui, des armes, je sais bien...)

    Et en France la privatisation rampante, qui commence par la sous-traitance de nombre d'opérations d'entretien et de maintenance, va évidemment augmenter le risque. Profit et sécurité ne font pas bon ménage, il suffit de s'intéresser au sort des employés des sous-traitants d'EDF qui interviennent dans les centrales dans des conditions de travail déplorables.

     

    Il faut donc sortir du nucléaire.
    Les "pragmatiques" (ouh que je déteste ce mot) vont monter au créneau, invoquant pour certains le retour à la bougie, pour d'autres la pénurie énergétique qui s'ensuivra, pour les plus subtils l'accroissement des rejets de CO2 si on bascule vers les énergies fossiles (pétrole et charbon) pour produire l'électricité. Peut-être le meilleur argument, surtout quand on sait que le pic pétrolier a été atteint en 2006. Mais l'uranium n'est pas une énergie renouvelable, et ses réserves s'épuiseront elles aussi.
    Pire que ça, 70% de l'uranium utilisé en France vient du Niger, et est extrait dans des conditions dégueulasses pour les travailleurs et pour l'environnement, avec la bénédiction d'Areva et de l'état français. Un ancien ouvrier des carrières d'extraction de l'uranium lève le voile en pointant du doigt l'accapparement de l'eau du Niger par Areva (mais c'est pas grave, hein, il n'y a aucun problème de sécheresse en Afrique, voyons...) et les autres scandales dont on n'entend quasiment jamais parler.

    Envoyons donc les pragamatiques se faire foutre, et penchons-nous plutôt sur l'association Négawatt, qui travaille depuis 2001 sur des scénarios de sortie du nucléaire.
    Cette association est à l’origine de la démarche négaWatt, qui se décline en 3 temps :

    1. la sobriété énergétique, qui consiste à supprimer les gaspillages et les besoins superflus,
    2. l’efficacité énergétique, qui permet de réduire les consommations d’énergie pour un besoin donné,
    3. les énergies renouvelables, qui répondent à nos besoins énergétiques avec un faible impact sur notre environnement et une gestion décentralisée.

    C'est quand même terrifiant qu'il ait fallu attendre cette catastrophe nucléaire pour que les médias les plus influents évoquent Négawatt, qui fait un travail plus que sérieux depuis 10 ans !

    C'est pas gagné pour la sobriété, quand on voit le gaspillage des zones commerciales qui éclairent toute la nuit leur enseigne, la mise en place de panneaux publicitaires tout jolis avec des écrans LCD, la multiplication du nombre de télés chez les particuliers, ou même dans les grandes surfaces qui laissent des murs d'écran allumés histoire que le bon consommateur puisse comparer la qualité de l'écran de ses propres yeux (écrans qu'évidemment le gentil vendeur aura préalablement réglés de façon optimale, hein)...
    Isolons correctement nos logements, c'est la plus efficace des mesures de réduction de consommation d'énergie. Après, sachant que le chauffage électrique représente 10% de la consommation nationale d’électricité et 36% de la consommation des ménages, il serait temps de promouvir vraiment le chauffage au bois, une énergie renouvelable facilement stockable (ce qui est particulièrement important, mais nous y reviendrons). Et en plus, c'est l'énergie la moins chère !

    Attardons-nous un instant sur le point trois du scénario Négawatt : le passage aux énergies renouvelables.
    Bien qu'étant pro-énergies renouvelables, je dois aussi être objectif et souligner les difficultés de la filière ; mon pote Guillaume ferait certainement ça mieux que moi, mais je me lance : la principale difficulté à mon avis est que les énergies renouvelables dont on parle le plus - solaire et éolien - sont difficilement stockables. Sauf à construire plein de batteries au lithium qui ne sont pas du tout anodines, environnementalement parlant, mais il vaudrait mieux éviter, hein. Oui, le stockage de l'énergie est une problématique primordiale, je pense. Parce qu'on ne choisit pas quand souffle le vent, ou quand les nuages masquent le soleil. La nature est plus forte que l'homme. Ceci dit, et pour rétablir l'équilibre : le problème est le même avec l'énergie nucléaire. Arrêter ou démarrer un réacteur nucléaire ne se fait pas en fonction de la demande immédiate, mais d'une projection de la demande globale à venir.
    Autre aspect à charge pour le photovoltaïque : la production des panneaux photovoltaïques demande l'extraction de terres rares, qui sont des métaux très utilisés dans les nouvelles technologies (dans les iPad, les écrans plats, les disques dures, les générateurs d'éoliennes off-shore, etc...), et dont la Chine est le producteur incontournable.

    Mais les énergies renouvelables, ce n'est pas que l'éolien ou le photovoltaïque, et certaines n'ont pas les mêmes problèmes de stockage : l'énergie hydaulique notamment, où le stockage de l'eau via les barrages permet la régulationd e la production. Idéal, mais on n'installe pas des barrages partout... Cependant, des hydrauliennes produisant de l'électricité à partir de l'énergie marémotrice commencent à se développer, et pourraient être une solution intéressante. La biomasse est aussi une énergie renouvelable stockable, sous forme de bois ou de méthane (biogaz) notamment. Bien entendu, il n'est pas question de tomber dans le travers des stupides biocarburants qui poussent certains agriculteurs à produire des végétaux pour nourrir le véhicule de l'occidental qui veut se donner bonne conscience plutôt que pour nourrir la population. La biomasse doit être récupérée sur les sous-produits de l'agriculture, dont la mission première est de nourrir.

    Un autre avantage non négligeable des énergies renouvelables est la décentralisation de la production d'électricité. Donc la multiplication possible de petites unités, plus proches des lieux de consommation, et ainsi la réduction des pertes d'électricité par efet joule durant le transport (en moyenne 2.5% de l'électricité produite est perdue, actuellement).

    Et, bien sûr, il n'y a aucune comparaison possible entre le risque nucléaire et les risques induits par la production d'énergie renouvelable.

     

    Tu l'as compris, tout ça est très politique, mais on peut tous y mettre notre grain de sel en consommant l'énergie avec sobriété et efficacité. Et si tu as un ruisseau qui passe au fond de ton jardin, Guillaume viendra avec plaisir t'installer une turbine !

     

    Nuclear explosion

     

    Tu as écouté "Nuclear Summer" de la fanfare rap Youngblood Brass Band, et je te propose d'écouter l'excellentissime Brooklyn, des mêmes zouaves.

     

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