• Track #06 - Rid of Me

    "Lick my legs I'm on Fire
    Lick my legs of desire" 

     

     

    C'est en 1993 que sort le deuxième album de PJ Harvey, Rid of Me.

    Et c'est en 1993 que je découvre cette dame, avec le morceau éponyme, qui ouvre l'album (vous remarquerez la parfaite utilisation du terme "éponyme", signifiant "qui donne son nom à". Nan parce que des fois on se permet d'oublier la notion de paternité rattachée à ce mot, qui se trouve par ce truchement galvaudé, et ça c'est pas bien). Morceau éponyme que tu écoutes en ce moment même, veinard !

    Tu découvres donc la tension qui habite ce morceau, sa ligne de gratte, la voix de Polly Jean. Tu découvriras ensuite l'explosion musicale et vocale, point d'orgue de ce "Rid of Me", ouverture magistrale de cet album magistral (mais pas éponyme, hein, ne galvaudons point).
    Bon je dis "tu découvres", mais je me doute (ou j'espère, là, en mon for intérieur) que tu connais déjà cette grande dame du rock. Enfin bon, assez parlé de toi ! T'as qu'à faire un blog, hein !

    Rid of Me est donc un grand album, produit par Steve Albini, qui est souvent dans les bons coups, le zouave : Surfer Rosa des Pixies, In Utero de Nirvana, des albums de Jon Spencer Blues Explosion, les albums de Sloy (défunt groupe de rock français que j'ai vu en première partie de PJ Harvey, d'ailleurs, et que c'était une belle claque aussi), The Fragile de Nine Inch Nails, Yanqui U.X.O de Godspeed You ! Black Emperor (en concert le 28 janvier à Marseille, et qui c'est qui y sera ? C'est noooouuuuuus !), etc... Et qui en plus fait partie d'un excellent groupe (mais pas forcément facile d'accès) que j'ai découvert il y a peu : Shellac.
    Tous les titres de Rid of Me sont bons, tous fleurent bon le rock rugueux, brut de décoffrage.
    Mais évidemment, on a nos petits morceaux favoris. Pour moi, c'est "Rid of Me", bien sûr, mais aussi la suite "Highway '61 revisited" (reprise de Dylan) - "50ft Queenie" - "Yuri-G", puis "Me-Jane" et "Snake".

    Il faut que je m'attarde un peu sur le morceau de clôture de cet album exceptionnel : "Ecstasy".
    Quand j'ai écouté l'album pour la première fois, je n'ai pas accroché sur ce titre. L'album faisant 47mn59, il ne tenait pas entièrement sur une face de cassette 90mn. Je pris alors la décision de couper "Ecstasy" à la fin de la cassette, et avait ainsi copié les deux premières minutes de ce morceau. Morceau qui, au fil de mes (nombreuses) écoutes, me plaisait de plus en plus, et engendrait chez moi frustration, déception, haine de moi-même pour cette décision inepte, paranoïa, schizophrénie, envie de sacrifier des poulets, etc... bref, vous connaissez tous ça.
    Tout rentra dans l'ordre quand j'acquis l'album en CD, et que je pus profiter pleinement des 4mn26 d'Ecstasy.
    Depuis, je suis serein quand je croise un poulet, je sais que tous ces gens qui me regardent ne me veulent pas tous du mal, et je discute très ouvertement avec les autres dans ma tête.
    Et "Ecstasy" est donc un excellent titre, flirtant avec le psychédélique.

     

    Dans la foulée de Rid of Me, je découvre Dry, premier opus de PJ Harvey.

    Ben la demoiselle n'a pas attendu son deuxième album pour avoir du talent, ça s'entend dès les premières notes de Dry : "Oh my Lover" est déjà une superbe ouverture, et l'album recèle moult pépites, notamment ces 2 tryptiques : "Victory" - "Happy & Bleeding" - "Sheela-Na-Gig", et le finish de rêve "Plants & Rags" - "Fountain" - "Water". Et une mention spéciale à "Joe", pour sa gratte bien nerveuse.
    Rien que d'écrire ça, ça me donne la furieuse envie de réécouter le tout, et notamment "Fountain" !
    Néanmoins, je trouve que la voix de PJ Harvey est plus mise en valeur dans Rid of Me que dans Dry ; et il me semble que ça vienne de la production de l'album, qui a dû être plus amateure sur le premier album. 

     

    En 1995 PJ Harvey sort son troisième album, que j'achète dès sa sortie, fébrile : To Bring you my Love.
    Comme à son habitude, mademoiselle Harvey a particulièrement soigné son entrée en matière, avec ce morceau éponyme qui dans sa structure me rappelle "Rid of Me", justement : du calme, puis de la tempête. Et une voix qui va chercher les graves.

    Néanmoins, cet album est moins homogène que son prédécesseur ; certains titres ne me font rien, voire m'ennuient ("Meet Ze Monsta", "Working for the Man", "I think I'm a Mother"), d'autres sont bons ("Teclo", "C'mon Billy", "Long Snake Moan", "Down By the Water") et le reste est excellent : "To Bring You My Love", donc, mais aussi "Send His Love to Me" et le magnifique final "The Dancer". Ce morceau, ça a été le paroxysme du concert de PJ Harvey que j'ai vu à Lille le 16 novembre 95 (j'ai dû chercher mon ticket, impossible de retrouver l'info sur le net ! Etrange, alors qu'à côté de ça on retrouve une multitude de setlists...) : d'un coup, dès les premières notes, elle a imposé un silence religieux dans l'assemblée. Sans rien faire, juste par sa présence. C'était vraiment de l'ordre du mystique, et ça m'a marqué... à vie ! Je me demande si j'ai pas chialé à la fin de la chanson, tellement c'était Beau.

     

    Ensuite petite escapade avec John Parish pour Dance Hall at Louse Point (1996).
    J'avoue ne pas m'être penché plus que ça sur cet album, malgré de bons souvenirs de "City of no Sun", "That was my Veil" et "Is that all there is ?". Un peu moins conventionnel, un peu plus expérimental, ce disque n'a rien d'une erreur de parcours.

     

    Retour en solo deux ans plus tard avec Is This Desire ?

    On rentre dans la période creuse de PJ Harvey, à mes yeux. Quelques essais avec des machines sur cet album, comme sur "My Beautiful Leah", mais dans l'ensemble ça sonne peut-être trop lisse par rapport aux précédents opus. Plus assez de rage, peut-être, et pas assez de ce qui fera de White Chalk un bel album.
    Mais comme la demoiselle a quand même plus qu'un peu de talent, Is This Desire ?  recèle quand même cette pépite : "The River". Qui suffit à sauver l'album.
    Après, tout n'est pas à jeter, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! "The Garden" par exemple, que j'écoute en ce moment.

     

    Et en 2000 sort Stories from the City, Stories from the Sea.

    Apparemment l'album de la consécration. Celui que j'aime le moins. J'ai même pas grand chose à en dire parce que vraiment, je le trouve....banal. C'est peut-être parce que c'est le plus mainstream, comme diraient nos amis d'outre-Rhin (oui oui, ils le disent aussi, et c'est moins loin), qu'il a mieux marché que les autres.

    Tiens, parlons-en un peu, du mainstream, puisque j'ai rien à dire sur l'album : je pense que plus un disque est "plat", plus il a de chances de marcher. Une espèce de nivellement par le bas, de rabotage des aspérités qui pourraient ne pas plaire - la recherche du plus petit dénominateur commun des goûts de tous. Alors que moi c'est aux aspérités que je m'accroche. Aux silences de "Rid of Me", à l'explosion de "Rid of Me", au dépouillement de "To Bring You my Love". Là on a un album, Stories from the City, Stories from the Sea, qui fait très pro, très cadré, très propre. Très calibré. D'ailleurs là je suis en train de l'écouter histoire de sauver un titre, mais je zappe titre sur titre sans succès pour l'instant...

    Rah, même le duo avec Thom Yorke, "This Mess We're In", ne sauve pas l'album !
    Bon, "Kamikaze" est le titre le plus potable de l'album. J'en ai trouvé un !

     

    Heureusement, 4 ans après miss Harvey revient à quelque chose de plus brut, de plus proche de l'essence du rock, tout en n'omettant pas quelques douceurs, avec Uh Huh Her.

    Le brut, on le trouve dès "The Life and Death of Mr. Badmouth", puis dans l'excellent "Who the Fuck ?", dans "The Letter" ou "Cat on the Wall".
    Le plus calme se retrouve dans le sublime "The Desperate Kingdom of Love", dans "Pochet Knife" (la chanson la plus oubliable de l'album, à mon avis), "The Slow Drug" ou encore "It's You" (malgré sa basse lourde). Et dans ce "The Darker Days of Me & Him" qui clôture de fort belle manière cet album.
    Et au milieu de tout ça, "Shame" est un titre exceptionnel, certainement l'un de mes préférés de PJ Harvey ; il marie une rythmique assez rapide avec un chant qui ne l'est pas, et qui transpire d'émotion.

    Uh Huh Her, l'album qui m'a réconcilié avec PJ Harvey, après 6 ans de doutes !

     

    En 2007, PJ Harvey est apaisée. Ou en tout cas White Chalk le laisse à croire (je ne sais pas si c'est du bon français de livre, ce "laisse à croire", mais...euh... tant pis. Voilà).

    "The Devil" ouvre l'album, et en douceur nous plonge dans l'ambiance feutrée de ce White Chalk. Et on se laisse facilement emporter. Pour la première fois, le piano est prédominant, les guitares quasiment absentes. La belle ne crie pas, pose doucement sa voix.

    Un album assez minimaliste, homogène et très agréable à écouter, quand on cherche l'apaisement.

     

    Pour être totalement complet, je pourrais également parler du deuxième album que la demoiselle a sorti en compagnie de John Parish, A Woman a Man Walked By (2009), mais je ne le ferai pas. Pas assez de recul, pas assez d'écoutes, et pas vraiment emballé...

     

    On attend maintenant le 14 février, pour découvrir ce que sera ce Let England Shake.

    Et le 18 février, à Bruxelles, pour retrouver PJ Harvey en concert à Bruxelles. Avec ma chérie, qui va enfin la voir !

     

     

    Extra tracks

    PS : c'est un peu long, de commenter toute une discographie. Je ne pense pas que je reproduirai l'exercice.

     

     

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  • Commentaires

    1
    gastfrench
    Mardi 25 Janvier 2011 à 11:22

    Après relecture, je dirais " le laisse croire" ou bien "porte à croire" mais bon moi je suis anglais alors ..


    biz

    2
    Peps Profil de Peps
    Mardi 25 Janvier 2011 à 21:37

    Après relecture, je pense que tu as raison.

    Mais bon moi je suis presque belge, alors hein, fieu...

     

    Bises, et quand tu veux dans le sud !

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