"Let me get my hands
On your mammary glands
And let me get your head
On the conjugal bed"

C'est en 1991 aussi, je pense, que je tombe sur le "Live in Madrid" de The Smiths.

Je ne connais pas The Smiths, je ne connais pas Madrid, et je ne connais pas le Live ; 3 bonnes raisons de m'écouter ça. (Bon, depuis je connais bien The Smiths, je connais encore mieux le Live, mais toujours pas Madrid)

C'est un bootleg, donc il n'est pas forcément à conseiller aux puristes du son parfait, mais il regorge d'interprétations magistrales !

Il commence bien, avec "William, it was really nothing", qui je pense ne laisse pas indifférent le sieur Valou, mmmhhh ?

Et surtout, surtout, je reste scotché sur ce "Handsome Devil" que tu es en train d'écouter, petit veinard !
J'avoue que c'est bien après que je me suis penché sur les paroles (je ne fais que rarement attention aux paroles, sauf pour certains groupes ou chanteurs, mais c'est une autre histoire que je te conterai certainement un jour, fidèle lecteur)... et où je me suis dit : "nan mais quand même, "mammary glands" ??!!!! T'es pas sensé être un romantic symbol, Morrissey ??  Nan mais qui envisagerait sans se marrer de parler de glandes mammaires dans une chanson ? La rime n'excuse pas tout, monsieur Morrissey ! Mais bon, c'est marrant, ça détend. Mais ça va pas être facile à illustrer, là, avec ma petite photo..."
Enfin, vu comme la musique m'emballe, je pardonne ces errements aux Smiths, et m'en remets une couche, de ce "Handsome Devil" !

Et puis arrivent "Still Ill", "Miserable Lie", "This Charming Man", et surtout cette version terrible de "Meat is Murder". Morrissey au pays de la corrida, qui enfourche son cheval de bataille : tuer les animaux c'est pas bien, et les manger encore moins.

Ce qui m'emmerde, avec les végétariens, c'est qu'ils ont presque raison.
Pas sur le fait que tuer les animaux c'est pas bien, parce que les animaux carnivores le font et je ne pense pas me tromper en disant que l'homme est un animal (comme dirait Stephan Eicher (ouais, et certainement quelques autres avant lui, c'est vrai)).
Mais sur le fait que oui, des protéines on peut en chopper ailleurs que dans la viande, et qu'en gérant bien son alimentation on peut éviter les carences en vitamines, etc... 
Bon après, il y a un truc qui me gène : j'adore la viande, alors arrêter ça, faire chauffer le barbec' juste pour des poivrons grillés, ça serait quand même vachement dur ! J'en parlais encore pas plus tard que lundi midi, devant ma côte de boeuf de 400 g...
Mais ce qui est certain aussi, c'est que de la viande tous les jours, c'est une aberration de notre société ; une aberration récente : au XIXème siècle, la consommation annuelle de viande en Europe était inférieure à 20 kg/personne (moyenne). En 1920 on passe à 30 kg, pour atteindre 50 kg en 1960 et 100 kg en 2008 ! En Chine, la consommation est passée de 13,7 kg à 59,5 kg par habitant et par an entre 1980 et 2005.
Cette augmentation de la consommation de viande est concomitante de l'augmentation du niveau de vie, et continuera donc d'augmenter avec l'augmentation du niveau de vie des "pays en développement" (entendre par là : "pays se rapprochant du mode de vie occidental").
Ce qui va poser quelques soucis, évidemment : déforestation massive (en Amérique du Sud, 70% des terres autrefois boisées sont maintenant consacrées à l'élevage), consommation insensée d'eau (il faut 13000 litres d'eau pour obtenir 1 kg de viande de boeuf ! 9% des ressources en eau est utilisé pour l'élevage), nitrification des eaux en Bretagne à cause de l'élevage intensif des porcs, et surtout : on nourrit des animaux élevés en Amérique du sud avec des protéines végétales pour expédier cette viande dans les pays du Nord, alors que ces protéines végétales pourraient sauver des gens des pays du Sud de la malnutrition, voire de la famine. Notre viande est mieux nourrie que les pauvres qui la produisent...

La consommation de viande est une source d'inégalité, et de destruction d'écosystèmes. Ca se passe loin de chez nous, on n'entend plus gueuler le boeuf quand il est dans notre assiette, mais c'est la réalité.

Du coup, à la maison, on a réduit la consommation de viande : c'est viande 2 fois par semaine, parfois 3 quand c'est la fêêête.
Et du coup, on se fait bien plus plaisir en achetant de la viande de qualité ; l'idéal serait qu'elle soit bio (élevage extensif), mais on n'a pas d'éleveur bio dans le coin (si, à Arles, mais ça fait un peu loin pour acheter sa viande...). Acheter en supermarché de la viande bio qui vient peut-être de l'autre bout du monde, je suis pas bien sûr de l'intérêt écologique...
Modération, sobriété : il faut que ça devienne notre nouvelle grille de lecture du monde et de notre façon de vivre, en opposition au consumérisme et à la société d'abondance qui nous ont intoxiqués.

Décoloniser l'imaginaire, comme le dit Serge Latouche. 

Mais on peut aussi juste écouter "Handsome Devil" et tâter de la glande mammaire, hein.