• Track #04 - Les Ecorchés

    "Oh mais non rien de grave
    Y'a nos hématomes crochus
    Qui nous sauvent
    Et tous nos points communs
    Dans les dents
    Et nos lambeaux de peau
    Qu'on retrouve ça et là"

     

     

     

    Juillet 1991.

    C'est l'été, c'est les vacances.

    Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien.
    J'ai appliqué à la lettre, cet été-là (et d'autres, aussi) : j'avais vraiment l'air de rien, à 15 ans.

    J'ai l'air de rien, mais ça m'empêchera pas de sortir avec une nénette qui faisait ses études à Bordeaux et qui, accessoirement, était barmaid l'été dans le camping rituel du mois de Juillet.
    Etudes à Bordeaux + aime le rock = fan de Noir Désir. Elle me fera donc découvrir Du ciment sous les plaines.

    L'album de Noir Désir que j'aime le moins, mais qui me mettra quand même les esgourdes en alerte et le corps en ébullition, en ce mois de Juillet 91.
    Un album assez inégal, pour moi : tout de suite j'accroche sur "En route pour la joie", "Si rien ne bouge" (excellemment recyclé en ouverture des concerts de leur dernière tournée), l'étrange "chanson de la main", et le très simple (quoique rythmiquement...) "Elle va où elle veut".
    Par contre, "Pictures of yourself", "Les oriflammes" (surtout "Les oriflammes" !) et "The Chameleon", je zappe systématiquement. Et ça s'est pas arrangé avec le temps. 

    Bon malgré tout, je pars de ces vacances avec la copie de ce ciment sous les plaines, et avec l'envie d'en savoir plus sur Noir Désir.

    Et je prends une très grosse claque en me choppant Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient).
    Par rapport à l'hétérogénéité de Du ciment sous les plaines, là je prends tout dans les dents (pas que des poings communs), avec plaisir. Avec impatience. Avec rage. Et avec poésie. 

    Le morceau qui résume tout ce que je ressens à l'écoute de cet album, c'est "Les Ecorchés". Un putain de riff qui souligne l'urgence, des paroles tout sauf calmes et tranquilles ; une alchimie parfaite au service d'une chanson continuellement au bord de l'explosion.

    Combien de pogos à la limite de la transe sur ce titre ?
    Combien de litres de sueur ?
    Combien de souvenirs de concert ? 
    Ah, là je peux répondre : un seul. Zénith de Lille, 21 octobre 2002. Je suis avec Romu, mon compère de concert, et Gaston (qui a la rage..... de dent) à peu près au milieu de la fosse quand retentissent les premiers accords des "Ecorchés". Et là, y a une espèce de force intérieure qui me pousse à fendre la foule pour finalement me retrouver dans les tous premiers rangs pour un bon vieux pogo comme on n'en voit plus qu'aux concerts des Wampas. Je pense que Romu m'a suivi, je ne sais plus trop. Après ça sera la transe, les litres de sueur, et l'oubli - une forme de routine, presque.

     

    Mais il n'y a pas que "Les Ecorchés" qui méritent l'écoute, sur Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient) : tout me semble bon, sur cet album, à l'époque. Je l'écouterai en boucle, insistant sur le tryptique La Chaleur - Les Ecorchés - Joey I, préférant parfois "La Chaleur" aux "Ecorchés", revenant souvent sur "Sweet Mary", m'arrêtant régulièrement sur "What I need", etc...

    Avec le recul, avec une oreille musicale certainement devenue plus exigeante à force de défrichage et de découvertes, "Apprends à dormir" et "The Wound" passent maintenant souvent à la trappe lorsque je réécoute cet album qui reste cependant majeur pour moi.

     

    L'année suivant ma découverte de Noir Désir sort l'imparable Tostaky.
    Un an après Du ciment sous les plaines, les quatre compères nous offrent un album que je ressens plus sombre, plus homogène, plus dans la veine de Veuillez rendre l'âme... ce qui, évidemment, n'est pas pour me déplaire.

    Suivra une tournée qui passera par Lille en mars 1993. C'aurait pu être mon deuxième concert, mais il fallait évidemment que mon lycée organise ce jour-là une visite de Paris, du Louvre, et en lieu et place de Noir Désir, c'est "le songe d'une nuit d'été" au théâtre qui animera ma soirée... J'ai rien contre Shakespeare, hein, mais ne nous voilons pas la face : il n'a pas le talent de Cantat pour faire bouger les foules !

    J'attendrai donc novembre 96 et la tournée qui suivra 666.667 club pour voir les bordelais sur scène.
    A l'Aéronef. Un grand moment, finalement assez intime (les autres concerts seront dans des salles de type Zénith). Alors que la femme de ma vie les a vus dès 1989. A la pointe, ma chérie !

    Le 11 septembre 2001, alors que le monde s'écroule, je partirai quand même acheter l'excellent "Des visages, des figures" avec le prémonitoire "Grand incendie".
    Sur cet album, c'est "L'enfant roi" que je passe quasiment systématiquement, ainsi que, justement, ce "Grand incendie" (que je préfère en live). Le reste frise la perfection. 

    Et je les suivrai jusqu'au bout, puisque je serai dans le public de leur ultime concert à l'Agora d'Evry, le 8 décembre 2002, avec une grosse poignée d'autres amateurs. Filmé pour Canal+ et pour leur DVD. La moins intense de leur prestation. Ca pourrait faire l'objet d'un petit Live track, ça... 

    Je les suivrai même dans ce morceau-marathon (50 mn) à la limite du slam expérimental enregistré en live lors d'une unique prestation : "Nous n'avons fait que fuir", morceau de bravoure aux paroles pas loin d'être les plus énigmatiques de Cantat, et qui sont pour moi parmi les plus fortes de leur répertoire. Un morceau qui m'a inspiré une campagne de jeu de rôles que je n'ai jamais (pas encore ?) écrite.

     

    Noir Désir : troisième pilier.

    Avec 3 piliers, l'édifice est stable, et si j'avais prévu de vous parler de The Wall  de Pink Floyd pour le track #05 la transition aurait été parfaite, mais comme c'est pas le cas il n'y aura pas de transition.

     

    Playlist

    (attention quand même, avec les poings communs dans les dents, hein)

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