•  

    "Just as sure as by evil you are torn
    The sky will open up an an angel blow his horn
    an down come Jesus lookin' so fine
    Just as sure as that girl she is mine....
    an I say

    Hey hey hey it's always forever
    Hey hey hey it's never or now"


     

     

     

    Attention ! Groupe majeur !

    Certes les vingt précédents l’étaient aussi, mais je n’avais pas besoin de t’alerter, parce que si tu t’intéresses juste un peu à la musique, tu en connais au moins dix-neuf. Diabologum aurait pu échapper à ta vigilance, mais sans vouloir dénigrer ce groupe français, il n’occupe pas dans la bande-son de ma vie la même place que Sixteen Horsepower.

    Si je devais faire un top ten of my favourite bands, il me semble que Sixteen Horsepower serait plutôt bien placé. Mais soyons raisonnables : jamais je ne me lancerai dans le périlleux exercice d’un classement quel qu’il soit, parce que ce classement aurait changé dès sa diffusion. L’Art est une chose mouvante. Ou, au moins, la perception de l’Art est une chose mouvante, et elle se meut à la force de l’humeur qui m’anime.

    Mais quelle que soit mon humeur, il y a des choses auxquelles on peut se raccrocher, parce que ça ne bougera pas. Sixteen Horsepower en fait partie.

     

    J’ai découvert ces trois bonhommes grâce à Noir Désir. Ou plus exactement grâce à Bertrand Cantat, (gagné Eddy, qui gagne un point Cantat !) mais comme j’ai connu Cantat grâce à Noir Désir, hein… En 1997.
    Bertrand Cantat évoque alors sa collaboration avec Sixteen Horsepower sur l’album Low Estate. Ni une ni deux, j’ai jeté une oreille sur ce disque, et ni une ni deux, je l’ai acheté.
    Et ni une ni deux, je l’ai aimé.

    Et ce dès les premières notes de "Brimstone Rock". Le banjo, la voix, les grattes électriques qui s’enflamment quand il faut. Tout.
    La contrebasse et le violon de "My Narrow Mind" finiront de me convaincre. On tient là un groupe qui revisite de fort belle façon la musique traditionnelle des Etats-Unis (du sud des Etats-Unis, même) pour nous offrir ce que j’aime bien appeler un rock des bayous qui oscille entre trad et crade. Oui, définitivement, j’aime.
    L’accordéon et le micro "à l’ancienne" (ouais, je sais pas comment ça s’appelle, mais c’est le même qu’utilise Hugues de temps en temps quand il officie au chant des zouaves de Manicrak – j’en parlerai en temps voulu, ne sois pas impatient comme ça, lecteur invétéré !) utilisés sur "Low Estate" enfoncent le clou.
    Et le reste de l'album se déroule magnifiquement, dans le même ton un peu poisseux : "For Heaven's Sake"  et "Sac Of Religion" bien rock - mention spéciale au violon discret de ce dernier titre - , et le titre que tu écoutes en ce moment même : "Coal Black Horse". C'est bon, hein ? Toi aussi t'as envie d'enfourcher ton canasson et de courir la plaine au grand galop, une bouteille de cet immonde whisky frelaté tapant ton flanc à chaque envolée du pur-sang ? Ouais, ça me le fait aussi.
    On en arrive aux deux titres durant lesquels Cantat pousse la chansonnette. Deux reprises, et pas des moindres : "Fire Spirit", du Gun Club, et "The Partisan" de Leonard Cohen.
    Puis on reprend avec du pur folk, accordéon, rythmique basique et tout ce qu'il faut pour s'adonner aux joies du quadrille et autres danses ésotériques du genre : "Hang My Teeth on Your Door". Grand moment !

    Il y a indéniablement une filiation avec Violent Femmes. En moins fou et plus sombre, mais on est quand même dans les deux cas chez des gens qui revisitent intelligemment une folk américaine parfois… délavée. On pourrait peut-être ajouter Howe Gelb aux deux précédents, mais vraiment pour faire plaisir à Laurent, surtout que j’ai même pas prévu de parler de Calexico. Ce qui, je te l’accorde, est assez grave parce que c’est quand même vachement bien Calexico, et que j’ai vraiment beaucoup écouté Hot Rail, et que je suis sûr que l’ambiance mariachi de certains titres (mes préférés) inspirerait bien les origines mexicaines de Fred-le-photographe. Et que ça l’inspirerait même si par hasard il n’avait pas d’origines mexicaines (ce qui m’étonnerait vu comme il porte bien la moustache et le sombrero).
    Bon OK Laurent, tu m’as convaincu : je parlerai de Calexico que je m’en vais de ce pas ajouter à une playlist déjà chargée !

     

    Mais revenons à nos chevaux (vapeurs, les chevaux)(et seize, les chevaux).
    J'ai suivi ce groupe tout au long de sa - trop courte - carrière.

    Après Low Estate, c'est dans le premier album que je me suis plongé : Sackcloth'n' Ashes.
    On sent bien le potentiel naissant du groupe, à l'écoute de de premier essai. Transformé. L'album est plus "country punk" que les suivants, qui deviendront de plus en plus sombres. Ce qui ne l'empêche pas d'être excellent, au contraire ! Il suffit de se mettre un coup de "Black Soul Choir" , "Heel on the Shovel" et sa rythmique de western ou "American Wheeze" pour s'en convaincre. Ou le reste de l'album, en fait.
    Tiens, faisons-nous plaisir hein, ça fait longtemps :

     

     Sixteen Horsepower - American Wheeze

    Après, je vais suivre le groupe en direct : en 2000 je découvre Secret South à sa sortie.
    Re-claque.
    Surtout quand j'entends ce qui reste un de mes morceaux favoris de Sixteen Horsepower : "Splinters".
    Allez, c'est mon grand retour triomphal, alors lâchons-nous, voilà "Splinters", petit veinard !

     


    C'est un putain de bon morceau, hein ?!! C'est cadeau, ne me remercie pas, va.
    Et va vite écouter tout l'album, que dis-je, toute la discographie de ce groupe !
    Dans Secret South, tu vas aussi particulièrement accrocher sur "Nobody 'Cept You" - reprise de monsieur Dylan dont j'espère bien que Charlie ou Blaise nous gratifieront d'une longue chronique touffue, histoire de se rattraper après les malencontreux épisodes des Charlots et des Problèmes -, et sur le morceau de clôture, "Straw Foot".

     

    Après Secret South, un live est sorti, Hoarse.
    J'ai vu Sixteen Horsepower au moins trois fois en concert, et c'est... intense. David Eugene Edwards, le chanteur, est totalement habité.
    Et comme je suis - vraiment - content de retrouver les chemins de l'écriture, pouf, une reprise qui prouve que ces gens sont des gens de goût, et de bonne compagnie  : "Day of the Lord", de Joy Division :

     

     

    Le dernier album de Sixteen Horsepower, Folklore, est noir. Très noir. Le gars DE Edwards se rapproche de Dieu, et ça le rend plutôt pas joyeux. C'est un mélange de reprises de titres du folklore américain et de compositions, avec au milieu de tout ça la reprise du "Sinnerman" de Nina Simone. Une des meilleures chanson de tous les temps que la version de Nina Simone. Sixteen Horsepower fait très bien du Sixteen Horsepower, mais beaucoup moins bien du Nina Simone.
    Sixteen Horsepower se sépare après cet album, et c'est triste.

     

    Epilogue :
    Après la séparation en 2005, DE Edwards a abandonné ses deux compères (des français, je te l'ai pas dit ?) et créé Woven Hand, très bon également.
    De leur côté, Pascal Imbert et Jean-Yves Tola (des français, je te l'ai pas dit ?) se plongent dans leur autre projet, Lilium. Que je ne connais pas.

    Woven Hand vit toujours, et d'ailleurs Pascal Humbert a rejoint le groupe, mais je n'ai pas écouté l'album du retour. En même temps fais pas chier parce que je suis là pour parler de Sixteen Horsepower.
    Et je l'ai fait. Et plutôt bien même, n'est-il pas.


    Si tu es un gens de goût, tu vas forcément te plonger dans leur discographie, privilégiant les trois premiers albums, le live et pourquoi pas Olden, album de pré-versions sorti après le split, histoire de se partager une dernière fois un bifteck.

     

    A très bientôt, fidèle lecteur.

    Putain que c'est bon la musique !

     

    16HP

    Photo : Fred Javelaud           

     

    PS : je reviens et que découvre-je ? Ils ont limité la taille des morceaux à 5 Mo ???
    Ceci explique le nombre de vidéos que vous avez dans ce billet, même si j'eus préféré la sobriété d'un lecteur mp3.
    N'empêche que ça risque de me poser quelques menus problèmes, et je vais devoir trouver une parade qui me plait moyen : baisser la qualité de l'encodage. C'est pas bien, mais il en va de la survie de la musique, diantre !!!

     

     


    9 commentaires
  • "For the tree of life is growing
    Where the spirit never dies
    And the bright light of salvation
    Up in dark and empty skies
    When the cities are on fire
    With the burning flesh of men
    Just remember that death is not the end"

     

     

     

    Murder Ballads. Je vais te parler de Murder Ballads
    Après Diabologum et les autres, je vais avoir de plus en plus de mal à passer pour un gars joyeux, hein !

     

    Du coup j’ai choisi un morceau vachement optimiste : "Death is not the End". Ouais, en fait j’ai choisi le seul morceau de l’album qui ne raconte pas un meurtre, quoi !
    Parce que c’est un peu le concept de ce neuvième album de Nick Cave : raconter des histoires de meurtre. Faut avouer qu’il y arrive plutôt pas mal, et que ses mauvaises graines mettent une bonne ambiance bien lourde là-derrière.
    Il y a une autre raison à mon choix : dans ce titre, on y retrouve plein de guest stars dont certaines ont été croisées dans ces pages. La grande Polly Jean Harvey bien sûr, accompagnée de la petite Kylie Minogue – les deux duettent avec le sieur Cave sur d’autres titres. Mister Shane «"dans les dents !" MacGowan et son sublime timbre de voix. Blixa Bargeld, membre des Bad Seeds (il a rendu son tablier – de jardinier bien sûr – depuis) et aussi – surtout ! – d’Einstürzende Neubauten. Ils sont accompagnés de Thomas Wydler (un autre membre des Bad Seeds) et d’Anita Lane, que je ne connais pas (c’est elle qui chiale sur "The Kindness of a Stranger"), mais je suppose que Nick a dû coucher avec elle aussi.

     Il y a encore une autre raison à mon choix : j’aime bien ce titre, qui fait vraiment « on va vous chanter que la mort c’est pas la fin, mais on n’y croit pas trop ». Même si en l’occurrence ce pieu de Nick Cave y croit sûrement, à ces balivernes d’après-mort, vu que même s’il embroche tout ce qui passe tel un sauvage phacochère en pleine charge, ça reste un indécrottable chrétien ! Comme quoi c’est pas forcément incompatible avec le talent, hein…
    Et en plus Bob Dylan a 70 ans aujourd’hui, alors hein ! (oui parce qu’en fait "Death is not the End" est une reprise de Dylan. Des fois j’ai l’impression que tout est une reprise de Dylan…)

     

    J’aurais aussi pu choisir "Song of Joy", le titre introductif, parce qu’il plonge de suite dans l’ambiance glauque et sombre de l’album. A l’écoute, on comprend vite que Joy est une personne, et pas cet état euphorique dont on pourrait penser à l’écoute de MurderBallads que Nick Cave ne le connait pas.

    Ou encore "Henry Lee", le duo avec PJ Harvey, parce qu’il est magnifique, doux et mélancolique.

    Tout comme ce célèbre duo qui remit le pied à l’étrier de Kylie "je-suis-toute-refaite" Minogue : "Where the Wild Roses Grow".On est loin de "I should be so lucky", hein ?Comme quoi coucher pour réussir, des fois, c’est bien. Ca doit être ça, le gagnant-gagnant de Ségolène Royal (je cite un membre du PS histoire d’énerver un peu Gaston)(il avait qu’à pas gagner au jeu des pochettes, et toc !). Mais des fois, coucher pour mettre un terme à sa carrière c’est pas mal non plus, hein Dominique ?!! (c’est salaud mais imaginer les fans de DSK qui se retrouvent avec ce pauvre tee-shirt « Yes we Kahn » sur les bras me fait doucement marrer. Enfin bon, ils pourront toujours le porter pour dormir, ce tee-shirt, hein. Surtout pour dormir avec une soubrette, évidemment !)

    J’aime aussi beaucoup la rythmique tendue de "The Curse of Millhaven", qui entraîne merveilleusement le chant du sieur Cave.

    La petite ballade morbide qui suit est bien agréable pour se calmer après ce "Curse of Millhaven" énervé.

    Puis on a ce morceau d’anthologie : "O’Malley’s Bar" : 14:28 mn d’une espèce de jazz d’outre-tombe, avec ces notes de piano agressives qui tombent comme des couperets, ce texte à rallonge qui tient quasiment de la nouvelle noire.

    Et hop, on arrive au "Deathis not the End" que j’offre gracieusement à tes esgourdes.

     

    Mais la discographie de Nick Cave est loin de s’arrêter à cet album ; je dirais même que ses meilleurs morceaux sont à chercher ailleurs. Forcément, mon intransigeance envers moi-même m’a obligé à te parler surtout de l’album par lequel Nick Cave est arrivé à mes oreilles – vois la rigueur quasi-monacale que je m’impose pour ne pas pervertir la chronologie musicale de ma vie ! – , mais je ne peux m’empêcher d’évoquer d’autres morceaux, glanés ça et là dans sa discographie – que je ne connais pas franchement dans le détail, je dois te l’avouer.

     "Stranger than Kindness" (1986) d’abord, qui est certainement ma chanson préféré de Nick Cave & the Bad Seeds. Toute en tension retenue, sans autre explosion finale que cet orgue qui vient prendre le relais de la voix d’outre-tombe de monsieur Cave. Parfait.

    "The Mercy Seat" (1988), ensuite, qui est bien plus énervée, bien plus rageuse. Mais qui regorge de subtilités musicales en arrière-plan, avantage du nombre de musiciens qui peuvent jouer sur différents plans d’écoute. J’adore.

    Et cette "Weeping Song" (1990) ! Ici la mélodie est plus facilement accessible, moins enfouie. La voix de Nick Cave porte plus le titre que sur les morceaux précédents je trouve. Et cette voix, je l’aime !

    "I let Love in" (1994) clôt cette sélection des quatre titres des Bad Seeds qui me sortent de la tête quand je pense à ce groupe. Encore un titre qui donne toute sa dimension à la voix de Nick Cave.

     

    Ce qui est fou c’est qu’on a vu ces mauvaises graines en concertà Marseille, et que les gars sont tout sauf tristes et dépressifs : Nick Cave en frontman est souriant, pêchu et tout ça fut très rock’n’roll.
    Très bon moment que ce concert !

     

    De la mauvaise graine comme ça, on aimerait vraiment qu'il en pousse un peu plus dand la monde sauvage du wock'n'woll !!! 

     

    Soundtrack of your life

     Photo : Fred Javelaud  (mexican style)       

     

     


    6 commentaires
  • "A part boire des litres
    Remplir des poches
    Dater les registres du partage
    Trouver des titres
    Que dire sans être à la page ?
    Peut-être le mal du siècle c'est l'emballage
    A part de meilleures garanties
    Tel un pourcentage sur l'assurance-vie
    Ou s'arranger la frange
    Ne plus croire en la loi des échanges
    De la fange qui a faim ou du gratin qui mange
    A part sortir quand c'est fini
    Main dans la main de celle qui nous a choisis"

     

     

     

     

    Je me souviens bien de ma découverte de cet album #3 de Diabologum. Je ne me souviens pas si c'était un lundi après-midi semblable aux autres, mais c'était en 1996 dans l'un de ces CD que les Inrocks concoctaient pour nous faire découvrir de futurs albums/de nouveaux groupes/des groupes méconnus (je pense qu'ils le font encore, d'ailleurs, mais le magazine s'étant éloigné de sa ligne première, la musique, pour offrir de plus en plus d'espace à la politique et à la société en le faisant moins bien (ou plus consensuellement) que d'autres - voir liste sur la colonne de gauche - je ne le lis plus depuis bien longtemps, sauf de manière très ponctuelle).

     

    Je me souviens avoir été marqué par cette phrase : "Peut-être le mal du siècle c'est l'emballage".

    Sûrement parce qu'ils ont raison, les gars de Diabologum. Quel que soit le degré d'écoute.

    Au premier degré, oui, l'emballage est une connerie. Les sacs plastiques inutiles, le carton autour des tubes de dentifrice, le packaging des parfums, les grosses boîtes autour des petits produits histoire qu'ils soient bien visibles dans les rayons des supermarchés, etc...
    Tout ça, ça fait pleurer la planète comme le dit si poétiquement notre pirate.

    Au second degré aussi, ça marche bien. L'emballage de décisions politiques indécentes sous un discours à l'antithèse de la finalité de la décision, ce mensonge permanent de la novlangue chère au grand Orwell, me débecte. C'est réellement le mal qui ronge la démocratie.
    Je me relis, là, et je me dis que des fois c'est chiant de tout analyser sous le prisme politique...
    Je vais donc plutôt m'analyser moi-même, à l'aune de ce morceau de Diabologum.

     

    Fred-le-photographe (c'est compliqué les Fred, parce que le meilleur ami de ma chérie s'appelle Fred, et c'est lui qui fait les superbes photos que tu admires au lieu de lire ma prose, ingrat ! et mon meilleur ami aussi s'appelle Fred - je ne sais pas ce que valent ses photos, mais sa pitance est merveilleuse, vas vite me goûter ça aux Deux Gourmets à Cysoing !) ne connaissait pas ce morceau avant que je ne lui envoie, et il a souligné le pessimisme du truc. Et je me suis dit que tiens c'est vrai que c'est moyennement joyeux, comme texte.

    Il faut savoir que Diabologum a splitté après cet excellent album qu'est #3. Et que les deux principaux protagonistes du groupe se sont lancés chacun de leur côté dans un nouveau projet : Michel Cloup (PETER) crée Expérience, qui a eu son succès, et Arnaud Michniak (TADZ) crée Programme. Expérience fait un rock qu'on pourrait qualifier de vindicatif, quand Programme fait une musique qui pourrait s'apparenter à du slam electro-rock aux textes tellement plus pessimistes (nihilistes, me dira un jour Laurent) que celui de "365 jours ouvrables" que je n'avais jamais touché du doigt le côté "sombre" du texte de Diabologum.
    Et il s'avère que je préfère Programme à Expérience. Le pessimisme à la révolte.

    Enfin... ça c'est vrai en musique, mais dans la vie je suis plus révolté que résigné. Plus optimiste que pessimiste. Ou, pour tempérer un peu cette vision tranchée : je suis profondément optimiste, même si ma raison devrait me pousser au pessimisme tant je m'effondre chaque jour devant les dégâts provoqués par l'homme. Mais non, j'ai l'optimisme chevillé au coeur. Et je nourris mes esgourdes avec de bon gros morceaux de pessimisme.

    Pourquoi ? Oui, pourquoi ???
    Honnêtement, je m'en fous du pourquoi. Je pense surtout qu'on fait plus facilement passer de la "tristesse" que de la "joie" en musique. Ou que cette "tristesse" me touche plus. Prends, par exemple, ces quelques minutes de "The Dead Flag Blues" que Godspeed You ! Black Emperor a intitulées "The Cowboy" ; ben elles me hérissent systématiquement les poils, et si je suis moody, j'ai les larmes qui me montent aux yeux.

    Bon, y a quand même quelques exceptions : les Wampas, bien sûr, et des gens comme Fishboy, Clues et quelques autres.
    Et j'aime bien la rage des Bérus ou d'Atari Teenage Riot, par exemple.

     

    Donc OK, "365 Jours Ouvrables" est pas joyeux joyeux. J'admets.
    Mais quid du reste de l'album, te demandes-tu, lecteur avisé ?
    Ben on va dire que c'est un peu du même tonneau, hein...
    Les quelques instrumentaux ("Dernier Etage" et "Blank Generation") sont pas très pétillants, l'instrumental posé sur les paroles du film "La Maman et la Putain" de Jean Eustache plombe bien le texte (qui n'avait pas forcément besoin de ce surlignage pour être plombant, ceci dit), l'excellent "Il Faut" est dans la lignée du texte de "365 Jours Ouvrables", et même les deux morceaux un peu plus conventionnels (mais néanmoins très bons) que sont "De la Neige en Eté" et "A Découvrir Absolument" sont loin de l'ambiance anniecordyesque, convenons-en.
    Bon enfin, écoute tout ça et on en reparle, hein !

    Et on reparle d'Arnaud Michniak à la sortie de L'Enfer Tiède, en 2002.

     

    Bonne dépression...

     

    Diabologum

    Photo : Fred Javelaud      

     

     


    12 commentaires
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    "Oh Yes Indeed, It's Fun Time
    'Cause You Can't, You Won't And You Don't Stop
    MCA Come And Rock The Sure Shot"

     

     

     

     

     J'aime pas le rap.

    On est en 1995, j'aime le rock, donc j'aime pas le rap. Ouais, y a des règles et c'était un peu comme ça à l'époque.
    Et, de fait, je n'ai aucune culture rap.

    Mais quelques-une de mes meilleurs potes étaient des skateurs, de la terrible bande des skateurs de Comines (j'en vois déjà qui frémissent rien qu'au son de cette incantation). C'est marrant les a priori, parce que je me souviens très bien que vraiment, les skateurs avaient mauvaise réputation dans notre petite bourgade tranquille, et que ma mère en parlait comme de la pire des canailles. Puis son fils (moi, en fait, mais là je tente un effet de style pour hausser un peu le niveau littéraire de mes publications) fit la connaissance des deux Steph et de Thié par l'intercession de Phil et de Mike. Trois de ces terrifiants skateurs devenaient ainsi mes meilleurs potes, et firent la connaissance de ma mère. Qui les trouva charmants, et aimait ben s'incruster dans nos conversations pour demander des nouvelles.

    Et je me souviens bien de cette conversation qu'elle avait eue avec mon charmant père, devant chez lui, qui qualifiait ces mêmes amis de "rastaquouères" - il avait un peu peur quand il les voyait sonner à sa porte. Elle lui avait répondu ce sublime "nan mais tu oublies pas un peu vite que tu as eu des longs cheveux toi aussi, quand t'étais jeune ?". J'avais bien ri.
    Elle qui tançait quelques années auparavant les skateurs prenait maintenant leur défense. Comme quoi les a priori, c'est quand même une belle connerie...


    Bref.
    Je pense que le skate, en France, a été la tête de pont de ce mouvement culturel venant de l'autre côté de l'atlantique et qui englobait le skate, cette espèce de réappropriation de l'urbain par la jeunesse. Et qui, donc, intégrait le rap.
    Les rockeurs ont pu s'y mettre un peu doucement, via la fusion, Rage Against the Machine, Red Hot Chili Peppers, Senser, Body Count, etc... tout ce qu'on entendait dans les bars en Belgique à l'époque.
    Puis s'y plonger un peu plus avec les Beastie Boys ou Cypress Hill, voire le Wu-Tang Clan et Public Enemy pour les plus aventureux.
    Je me suis pour ma part arrêté aux Beastie Boys (peut-être parce qu'ils venaient de la scène punk, ce que montre bien la compilation Some Old Bullshit que j'ai découverte après Ill Communication, et qui est un condensé de punk hardcore avec déjà des prémisses de rap). Et plus particulièrement à Ill Communication, dont j'entendais le "Sabotage" chaque vendredi et samedi soirs. Ca doit d'ailleurs être l'un des premiers CD que j'ai gravé ; prêté par Steph S.
    "Sure Shot" est vraiment le titre que je préfère, avec ce phrasé ultra-rapide, des mots qui claquent, quasi-impossible à suivre pour ma part !

    Plus tard je tomberai amoureux de cette petite comptine adorable : "Girls" (Sur License to Ill). J'adore cette chansonnette, définitivement !


    Mais sinon j'avoue que je suis plutôt inculte en ce qui concerne le rap. Ma belle m'a un peu initié à NTM et à Assassin, on a vu The Pharcyde en concert à Dour, et j'ai beaucoup écouté (et vu en concert) Asian Dub Foundation (que j'aime beaucoup), mais c'est à peu près tout.
    Ce qui est bien, c'est que ça signifie qu'il me reste encore de vastes territoires musicaux à explorer !
    D'ailleurs, si tu as des conseils, lecteur érudit, n'hésite pas à m'en faire part via le canal des commentaires...

     

     

     

    Beastie Boys

    Photo : Fred Javelaud    

     

    PS : tu auras remarqué la disparition de Radio Peps, qui, j'en suis certain, ne t'affecte pas plus que cela.
    Et l'apparition d'un module Newsletter dont tu peux te servir si tu veux être informé des news via une letter électronique. C'est quand même bien fait, hein !

     

     

     


    7 commentaires
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    The Mirror Pool, premier album solo de Lisa Gerrard, la magique chanteuse de Dead Can Dance, sort en 1995.

    C'est un bon début, mais on en parlera plus tard, tu veux bien ?
    Non parce que là, ça fait cent trente-six jours que tu t'extasies devant ma prose, fidèle lecteur parmi les fidèles. C'est pas rien, hein. Et si tu savais le programme que je te prépare, tu t'en pourlécherais les babines (et je ne parle pas uniquement à mon nombreux lectorat canin, là) ! Pour tout te dire, c'est en t'abreuvant de ma logorrhée que je me rends compte à quel point ma vie est dense et palpitante. Ouais : dense et palpitante. Une espèce de long fleuve tranquille dense et palpitant. Belle synthèse, au final, de la façon dont je veux vivre ma vie.

    Donc voilà, je me suis dit que le moment était idéal pour qu'on fasse un petit point, que je te dévoile un peu ce qui t'attend, et qu'on discute ensemble, sereinement, de l'avenir. Le moment, je trouve, est particulièrement bien choisi parce que ça fait maintenant onze jours que tu attends avec impatience un nouvel article, et si retard il y a j'ai une putain de bonne explication : j'étais en vacances. Et je vais pas trop te raconter ma vie, mais c'était vachement bien, et même si je ne t'ai pas livré ta dose de playlist of my life, sache que je ne t'ai pas oublié pour autant, et que j'ai travaillé secrètement à ton bonheur. Et dire que t'allais te plaindre, ingrat !

    Bon allez, je vais pas te faire mariner plus longtemps, je lève le voile : tu as évidemment remarqué, dès le premier coup d'oeil que waow ! elle déchire cette photo qui illustre cet article que j'ai même pas encore lu mais que j'en ai encore plus envie que d'habitude parce qu'avec une photo comme ça, ça augure du meilleur !
    Et bien sache, petit veinard, que ça sera désormais toujours de cet acabit. Parce que oui, malgré tes louanges je sais bien que parfois tu te disais que merde, elle est pourrie cette photo d'illustration. Alors que la musique est toujours choisie avec acuité et commentée avec panache, la photo, parfois, dessert cette parfaite alchimie. J'en suis conscient, et comme je ne songe qu'à ton bonheur, tu auras maintenant droit à chaque fois à une illustration qui sublimera l'ensemble pour aboutir au Grand Oeuvre, à la Pierre Philosophale, à l'Alchimie parfaite. Ouais, ça rigole pas. Et tout ça grâce à qui ? A Fred, qui non seulement nous a accueilli divinement (ton poulet au curry vert m'a mis sur le cul, Fred !), mais qui en plus a accepté ma proposition : "tu illustres mon blog, en échange de la gloire."
    Bon, je dois dire qu'il ne m'a pas attendu pour faire des photos magnifiques. Je dois même avouer que c'est en toute humilité que je lui ai proposé cette collaboration. Et que je suis plus que ravi qu'il ait accepté. Ca me motive même encore plus que je pouvais l'être.

    En bon anarchiste que je suis de plus en plus, j'ai tenté d'appliquer au mieux cette définition de l'anarchie : "l'ordre moins le pouvoir". Donc nous avons établi quelques règles (l'ordre) mais je n'exercerai aucun filtre (pas de pouvoir). Comme je sais à peu près où je vais, j'ai une playlist à venir que je vais envoyer à Fred dès que j'aurai précisé certaines choses, et Fred m'enverra une photo (ou une illustration, il fait comme il veut) inspirée par la musique, le texte, le titre, ou ce qu'il veut. Et c'est cette photo que je publierai. Je pense que ça va avoir pour effet de "régulariser" la fréquence de publication à environ cinq jours (disons entre quatre et six).
    La seule chose qui reste floue, c'est comment gérer les Ghost Tracks, que j'écris en fonction de l'actu ou de mes humeurs. Mais on trouvera.

     

    J'envisage également une autre extension de ce blog, mais là je te demande ton avis parce que c'est toi que je solliciterais, si cette extension devait voir le jour : j'ouvrirais bien une section "Soundtrack of your Life", dans laquelle c'est toi, lecteur chéri, qui nous narrerais ta musique, et pourquoi pas ta vie, ou autre hein, on n'est pas obtus, on est entre nous, là. Bien sûr, tu respecterais bien volontiers le schéma auquel je m'astreins : titre - extrait des paroles - morceau - texte - illustration. Dis-moi si tu es prêt à te lancer, dans les commentaires, et si oui, je regarderai comment on peut gérer ça, techniquement parlant.
    Tiens et puis pendant que tu y es, dis-moi aussi si tu vois un intérêt à conserver la Radio Peps, en sachant qu'elle ne me convient que moyennement ; en effet, Deezer n'offre pas tout, et parfois uniquement des extraits. Et puis bon, je viens de voir qu'en plus y a une pub pour une marque à la pomme...

     

    Tu pleures, là ?
    Parce que normalement si tu fais bien les choses, tu es en train d'écouter "Glorafin", et tu te dis que ce morceau est beau à pleurer. Et tu as raison. Lisa Gerrard a composé The Mirror Pool à l'époque de la mort de son frère ; je pense qu'elle aussi a dû pas mal pleurer pendant la création de l'album.
    J'ai énormément écouté cet album, dès que je voulais une atmosphère posée. Je l'aime de bout en bout.
    J'aime "Violina" qui plonge d'entrée dans l'atmosphère quasi-religieuse de l'album. J'aime "Sanvean", qui doit être l'un des morceaux les plus tristes du monde, et l'un des plus beaux aussi. J'aime "The Rite" et cette impression d'assister à une cérémonie impie dans une région reculée du monde. J'aime évidemment "Glorafin", plus que tout - une chanson parfaite, avec ce Yang Ch'in qui sublime tout ça (et qui parsème aussi la discographie de Dead Can Dance). J'aime "Largo" qui sonne comme un morceau classique (d'autant que je peux en juger au vu de ma culture limitée en ce domaine). J'aime "Laurelei" et sa rythmique subtile mais entraînante. J'aime "Celon", cet a cappella qui nous laisse seuls avec la voix de la dame. J'aime l'arabisant "Swans", le morceau le plus rapide de l'album. J'aime l'instrumental "Nilleshna", dépressif à souhait. Oui, j'aime cet album de bout en bout.
    Meilleur que beaucoup d'albums de Dead Can Dance selon moi. Et le deuxième, Duality, réalisé avec Pieter Bourke, et aussi très très bon. Plus joyeux, moins sombre, plus "africain" (plus de percussions, plus dans l'esprit de Spiritchaser, le dernier album de Dead Can Dance).
    Après ces deux albums et son excellente participation à la bande originale du film Gladiator, j'avoue ne plus avoir trop suivi le reste, mes quelques écoutes de ses autres oeuvres me laissant sur ma faim. Mais bon, on ne peut pas, je pense, faire deux albums comme The Mirror Pool en une vie.

    Espérons que Lisa Gerrard en ait plusieurs...

     

     

    Extra tracks

     Temple Jaïn (Inde)  -  Photo : Fred Javelaud

     

     


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