• Live track #103 - Shellac - Marseille (24/05/2011)

     

     

     

     

    J’ai vu un squelette.

    J’ai vu le squelette du rock, avec des reliquats de moëlle épinière épileptique, pour l’énergie. Des os et du nerf, sans artifice. Sans enveloppe.


    Ces gars connaissent tellement leur rock sur le bout des doigts qu’ils l’ont épluché jusqu’à l’os. Jusqu’à la moëlle. Epinière, la moëlle.
    Une guitare (une seule, on ne change pas de gratte entre les morceaux). Une basse (une seule aussi). Une batterie (surtout une caisse claire, la grosse caisse et deux cymbales).


    Faut dire que Shellac c’est pas non plus n’importe qui :
    Steve Albini tient la gratte, mais ça c’est pour s’amuser. Parce que sinon il est le monsieur qui a produit le In Utero de Nirvana, le Surfer Rosa des Pixies, le Rid of Me de PJ Harvey, My Father My King de Mogwai, Yanqui U.X.O. de Godspeed You ! Black Emperor, The Weirdness des Stooges, plein de chose de Jon Spencer Blues Explosion ou Plug et Planet of Tubes de Sloy. Entre autres.
    Bob Weston (appelons-le Robbie, puisque c’est comme ça qu’il s’est présenté au public) tient la basse, et est lui aussi producteur, souvent sous la houlette du sieur Albini. Et officie au sein d’un autre groupe inconnu de moi-même : Mission of Burma.
    Todd Trainer est batteur, et c’est déjà énorme vu son jeu assez hallucinant. Il est également le seul membre de Brick Layer Cake, qu’il produit et enregistre aussi tout seul.Ce batteur a la frappe la plus sèche du monde, c’est certain. Il malmène sa caisse claire avec une brutalité qui force le respect. Heureusement qu’il est pas flic, parce qu’un coup de matraque comme ça calmerait les ardeurs des plus vindicatifs !

     

    Ce concert a été une décharge de rock radical. Au sens étymologique : qui va à la racine. Ils ont vraiment décortiqué le rock pour ne garder que l’énergie, concentrée dans la rythmique brutale du groupe. Et même l’énergie est brute. Pas rageuse comme pour Rage Against The Machine ou les Bérus, pas joyeuse comme pour les Wampas, pas sophistiquée comme chez Nine Inch Nails. Juste brute. Celle qui ne passe pas par la case cerveau, qui choppe le raccourci du système nerveux central pour faire bouger sa penser.

    Et ça marche atrocement bien ! Ca bougeait plutôt pas mal dans le public (peu nombreux), et ça faisait longtemps que je n’avais ressenti ce petit mal de cou suite à headbanging forcené.
    Ce qui est vraiment particulier avec ce groupe, c'est que le batteur est au centre. De la scène, certes, mais aussi de la musique. C'est lui qui "casse" les morceaux, et il participe quasiment moins que les autres à la partie rythmique "pure". Il y a plus de solos de batteries que de guitare, pendant un concert de Shellac. Et c'est très fort, je trouve. Bref, j'me comprends, quoi !

    Bon évidemment, si tu aimes les mélodies tu risques d’avoir un peu de mal. Quoique sur un morceau, Steve Albini a gratté une esquisse de mélodie, alors ne soyons pas mauvaise langue, hein.

    De même si tu aimes les light shows qui t’en mettent plein les mirettes, tu aurais eu du mal à trouver ton compte avec Shellac. Ce groupe n’est pas là pour te faire briller les yeux. Non. Il est là pour te faire saigner les oreilles. Là ça y est, elles sont bien nettoyées, prêtes à en découdre paisiblement avec des choses moins bruyantes. Y a que mon frère qui n’a pas réussi à se déboucher l’oreille avec les assauts ravageurs du batteur !

     
    Oui parce que j’ai fait une infidélité à ma chérie, ce 24 mai 2011 : je suis allé voir un concert avec mon frère et sa chérie, mais sans la mienne.
    Tu rigoles mais ça fait bizarre, parce qu’il y a entre nous cet accord tacite : les concerts, c’est ensemble. Sauf les Wampas, qui ne font pas (encore ?) partie de l’accord. Donc ben voilà, je pense que depuis que l’on vit ensemble on n’a jamais rompu cet accord. Sauf là. Alors forcément, dès que mon cerveau se reconnectait, entre les morceaux, je pensais à elle : est-ce qu’elle aurait aimé ? est-ce qu’on aurait été plus loin dans le fond pour qu’elle voit mieux (au-dessus des grands) ? est-ce qu’elle aurait aimé cette première partie, ou aurait-elle émis les mêmes critiques que pour la première partie de Godspeed ?

    Par exemple Youngblood Brass Band est passé sur Marseille il y a peu. Je ne pense pas que ça plaise à Béa, et je n’ai même pas envisagé d’y aller sans elle. Pourtant j’en ai fait des concerts seul, et ça ne me dérangeait absolument pas. Mais c’était avant. Avant de vivre avec ma chérie. Et de partager ces moments de musique live. Je sais que je ne saurais pas profiter d’un concert sans elle (sauf pour les Wampas, parce que je sais qu’elle sait que les Wampas en concert, pour moi, c’est de la joie dans les cœurs. Et que je sais aussi que pour elle, ça serait au mieux de la curiosité, et au pire pour me faire plaisir).
    Sauf que oui, c’est vrai, ce pacte a été rompu pour Shellac. Mais les circonstances sont exceptionnelles : mon frère et sa chérie sont là en ce moment, et c’est cool. Et la joie de ces moments ensemble abat les barrières mentales que je me construis habituellement.

    Il y a quand même eu un précédent : les Bérus à Dour en 2004. Béa avait refilé son bracelet à Romu pour le dernier jour, mais on avait déjà fait ensemble les 2 jours précédents. Et les Bérus, c’est pas trop sa tasse de thé non plus. En fait le rock alternatif français des années 80, c’est pas son truc. En même temps, vu le nombre de survivants de ce mouvement, on risque pas de le rompre souvent, notre accord tacite !

     

    Ah et donc oui, il y avait une première partie. Helen Money, qu’elle s’appelle. Elle est seule avec son violoncelle, auquel elle applique les effets d’une guitare électrique. Y a de l’idée, mais faut encore bosser pour que ça dépasse le stade de la curiosité. Bon ceci dit c’est bien plus agréable que Colin Stetson, l’homme au saxophone qui nous tortura en première partie de Godspeed…

     

     

    Et la fin du concert, alors ?
    Ben à la fin du dernier morceau, gratteux et bassiste démontent la batterie pendant que le batteur voit son espace de jeu s'amenuiser. Arrive le moment où la batterie est totalement démontée. Fin. Pas de rappel possible.

    Donc Shellac en live c’est brut, c’est bon, mangez-en (plein les dents).

     

     

    Soundtrack of your life

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    PS : y a des morceaux du concert de Marseillesur Youtube (ça commence par les 10 premières minutes du concert) :

     

    Alors ?

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Eddy Cordy
    Dimanche 29 Mai 2011 à 23:28

    T'aimerais peut-être bien Mission of Burma.

     

     

    2
    Mardi 31 Mai 2011 à 11:02

    Tu me mets pas la pression là pour faire les concerts avec toi. C'est pour la bonne cause.... Et pour Portishead, j'y serai !

     

    Béa

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    3
    Eddy Cordy
    Jeudi 2 Juin 2011 à 00:06

    Vous battez pas hein.

    De toute façon quand on voit les concerts, on n'en revient pas que vous y alliez toujours à deux. Mais c'est peut-être pour vous soutenir mutuellement dans ces pénibles épreuves.

     

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