• Eddy's live track #02 - The Essex Green - Whelan's, Dublin (19/10/2006)

     

    "This match made was made in a moment
    But now that moment's passed

    I don't know why, don't know why, I don't know why you stay"

     
    J'ai failli chialer en réécoutant cette chanson l'autre jour. Ensuite j'ai réécouté tous leurs disques. Et je me suis dit qu'il était temps de vous parler d'Essex Green. J'en fait un Live track parce que je vais vous narrer mon excellent deuxième concert en leur compagnie même si je ne crois pas que vous en ayez quoi que ce soit à foutre.

    J'ai découvert The Essex Green dans la foulée de tous les groupes Elephant 6 dont je vous parlerai peut-être un jour (ils auraient presque tous droit à leur billet à eux mais ça ferait beaucoup). C'est une pop légère, teintée de folk, un peu old school, des mélodies à tomber par terre et une voix exceptionnelle, celle de Chris Ziter (celle de Sasha Bell n'est pas mal non plus). Ils viennent du Vermont en passant par Brooklyn, je sais pas pourquoi.

    Ce premier morceau est tiré du dernier album, Cannibal  Sea, qui date de 2006. Année, comme tu peux le constater, de mon deuxième et dernier concert de Essex Green. Je les ai vus une première fois à Cologne, j'avais discuté avec le coco (Chris Ziter, le chanteur) je sais plus où, sur myspace à l'époque j'imagine, je lui avais dit que je venais à Cologne les voir, il m'avait dit qu'on se boirait une bière, j'en ai profité comme un con pour lui donner une petite leçon de français vu qu'un de leurs morceaux s'appelle Rue de Lis et qu'il prononce ça Roue de Lit, il m'a promis de tenter de la chanter comme ça, je crois qu'il y est jamais arrivé. Voici le morceau (tiré lui aussi du dernier album), magnifique, sautillant, prenant, j'ai l'impression d'être là, dans la Rue de Lis (qui n'existe pas au passage) et de voir passer le cortège derrière le cercueil de ce soldat de l'époque des Mousquetaires. Manque juste Sophie Marceau.


    J'avais un peu gardé le contact après ce concert, j'attendais qu'ils repassent dans le coin quand v'là-t-y pas qu'ils me dit qu'ils viennent en octobre en Europe, l'Allemagne (Cologne de nouveau) et peut-être même la Belgique (j'y ai jamais cru mais bon, l'important c'était de les revoir). Eh ben, à peine réjoui, à peine lui-ai je fait part de mon impatience de les revoir qu'il m'annonce que non, pas possible, Cologne annulé (problème de billets d'avion qu'ils ne peuvent pas changer, ça leur coûtait moins cher d'annuler le concert, déjà qu'ils rentrent pas dans leurs frais avec ces tournées européennes...), rien ailleurs en Europe aussi près (Munich, Berlin, Scandinavie, Royaume-Uni...). Bref déçu. (Vous remarquerez au passage que je raconte vraiment ma vie et qu'elle est palpitante.) Donc, je rage, je désespoir, je vieillesse ennemie (déjà 26 ans à l'époque) quand dans un éclair de génie je m'apperçois que pour une somme modique (je roulais pas sur l'or à l'époque alors qu'aujourd'hui je sais plus quoi en faire) je peux me prendre un aller-retour en avion vite fait pour Dublin. Je lui raconte mon projet fou (je romance un tantinet), il est aussi emballé que moi, me dit que je ne dois me soucier ni d'une place pour le concert, ni d'une chambre d'hôtel, qu'ils me feront une petite place, qu'il a hâte, j'ai hâte aussi, je lui fais pouet pouet, il me fait pouet pouet, on se fait pouet pouet, je vous raconte la suite dans un instant après ce bref interlude.

    (Un mot en vitesse sur ce morceau, qui n'est pas d'Essex Green mais de Guppyboy, un pré-Essex Green des années 90, tantôt ouvertement adolescent tantôt furieusement posé. Dans ce cas-ci une musique du fin fond du Vermont, à deux pas de la frontière canadienne, enfin tu vois quoi, pas très loin de Burlington, l'hiver est rigoureux, le feu crépite, on se sent bien, mais il manque quelque chose, ou peut-être quelqu'un. Et la neige n'en finit pas de tomber.)

    Arrive donc le jour du concert, je quitte Bruxelles le matin, à regret un peu, c'est une si belle ville. (Au passage, ce sera, si je me souviens bien, mon baptème de l'air.) J'arrive à Dublin en début d'après-midi, sans regret, c'est une si belle ville, me rends, après un petit tour des curiosités locales (des pubs ils appellent ça), à la salle dans laquelle ils jouent le soir (un pub ils appellent ça), et j'attends le groupe une Guinness à la main (c'est vraiment pas bon la Guinness mais je voulais faire honneur, je vous dis pas, j'ai honoré leurs chiottes aussi). Je vous la fais courte (haha, tu m'as cru?), on se retrouve, on se boit des Guinness, on fait un tour en ville (voir photo ci-dessous, oui Peps, photo prise avec talent par moi, la deuxième aussi d'ailleurs, je vous les présente, Jeff - guitare, Sasha - clavier et flûte, Julia - basse et Chris - guitare et chant, le batteur était resté à l'hôtel je crois, de toute façon c'est que le batteur), on retourne au pub, je les aide à installer le matériel (j'ai même pas demandé à être payé), on fait un tour backstage, ils m'improvisent "I'm going down" de Springsteen devant le feu ouvert (j'ai une vidéo pourrie de la scène, je devrais la montrer à Yomgui un jour), puis c'est l'heure du soundcheck, bien sympa aussi.

    Eddy's live track #02 - The Essex Green - Whelan's, Dublin (19/10/2006)

     
    Je vous mets au passage peut-être leur plus belle chanson, en version live: Mrs Bean, avec cette flûte traversière enchantée, cette mélodie parfaite et cette voix toujours aussi enchanteresse.

    "No I'm not alright
    La da da
    Oh and it feels like thunder outside"


    Ce morceau est tiré de leur premier album Everything Is Green sorti en 1999. On pourrait discuter 20 ans, on en arriverait de toute façon à la même conclusion, il est déjà parfait. Primrose sautillante d'entrée, Grass et sa voix semblant venir d'outre-tombe, Everything is green d'une fraîcheur rarement atteinte, Sixties et son côté punk (je déconne, hahah, un côté sixties je crois), Carballo bien poignante qui clôt cet album idéalement... Et bien sûr Mrs Bean. Tout est bon sur cet album. Je suis enchanté comme je disais plus haut.

    Bon, je continue mon récit passionnant (je suis encore en train de me demander pourquoi je l'écris): après le souncheck, Chris et moi allons manger un truc à côté, on discute des Beatles, il me parle des musiciens du collectif Elephant 6 que je vénère (j'en ai rencontré certains l'année précédente, je t'en parle à l'occasion), de la ressemblance de leur batteur avec Mark Lanegan, de nos études respectives (il s'est endormi), de philosophie (il est incollable sur BHL) et de la situation politique belge (je suis incollable sur BHV). Mais bon, y a quand même un moment où faut faire péter les watts, hein gros? Donc on y retourne, on se tape le groupe en première partie depuis le balcon (la musique était bien mais j'ai longtemps craint que le chanteur ne s'endorme sur son micro) et on se prépare à monter sur scène. Enfin, ils se préparent à monter sur scène, j'ai décliné leur invitation à les rejoindre, de peur de leur faire de l'ombre. Puis je suis pas sûr qu'ils auraient accepté qu'on fasse une reprise de Jean-Jacques Goldman.

    Bon, je parle je parle, mais faut bien que je vous parle du concert trois minutes hein. Il était très bon. Une setlist principalement composée de morceaux du dernier album (Cannibal Sea si tu suis un peu), dont Rue de Lis dedicated to a friend in Belgium (putain, je fais ma groupie là non?), mais parsemée de perles des albums précédents dont Mrs Bean - haaa Sasha et sa flûte - et The Late Great Cassiopia (Lee, le batteur fut assez impressionnant sur ce morceau) que voici pour vous:

    "I'd wheelie in the sky or anything else, I promise
    I will until the day that I die"


    Ce morceau impeccable (ces harmonies à tomber, Brian Wilson se retourne dans sa tombe) est tiré de leur deuxième album, The Long Goodbye. Un long adieu comme on aimerait en entendre tous les jours. Comme vous pouvez le remarquer régulièrement, je suis un piètre chroniqueur musical. J'aurais moins de mal à décrire une rage de dents que mon album préféré. Mais je vais quand même essayer: cet album me semble un peu plus électrique que le précédent mais pas vraiment (Julia, Sorry river ou Berlin sont absolument acoustiques), plus produit aussi mais c'est pas tout à fait exact si on écoute bien, quand même un tout petit peu plus enraciné dans une certaine tradition américaine nonobstant une modernité latente (ça se voit que je brode et que ça veut rien dire?).

    Bref, comme le dit si bien John Wray (un écrivain dont je n'ai jamais entendu parler) sur la face arrière de la pochette: "Why is this disc so kind? Because the Essex Green are kind." Merci John, je n'aurais pas mieux dit.

    La fin de soirée s'est achevée sans Jeff, Sasha et Julia, fatigués, à la Guinness toujours et au whisky (faire honneur, encore faire honneur, j'allais pas demander une Chimay quand même? Si?). Nous sommes allés dormir, ils m'ont fait une petite place dans leur chambre d'hôtel (j'entends encore le réceptionniste nous demander, admiratif, "You are Essex Green?", putain on n'a la paix nulle part). Je vous raconte pas la suite parce que je suis pudique bordel (je dis quand même que Lee ronfle). On s'est quittés le lendemain matin après un petit déjeuner frugal.

    Comme tu peux le constater, je garde de ces moments un souvenir fort.
    Je te quitte cher lecteur patient (et/ou courageux, inconscient, insomniaque, égaré, tu choisis) avec ce dernier morceau, ultime chanson de l'ultime album (à ce jour): Slope Song, une douce ballade un rien déprimante qui évoque magnifiquement la vie à Brooklyn (Park Slope, à l'ouest de Prospect Park) et les plages de Coney Island un peu plus au sud.

    "I'm gonna find out."

     

     Eddy's live track #02 - The Essex Green - Whelan's, Dublin (19/10/2006)

     

    Pour finir ce billet enrichissant, je dirais que je donnerais beaucoup pour les revoir encore une fois. "I have been Greened". 

     

    p.s. Que Chris me pardonne (s'il lit ceci un jour) les quelques inexactitudes qui pourraient émailler ce récit (j'avoue que le passage sur BHL n'est plus très clair dans ma mémoire, peut-être était-ce Alain Finkielkraut...).

     

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  • Commentaires

    1
    Charlie Brown Profil de Charlie Brown
    Dimanche 7 Août 2011 à 18:17

    Eddy, ce billet est de loin mon préféré parmi ceux pondus dans la case qui t'est réservée.

    D'abord parce que j'aime bien ce que tu as écrit (juste, pour les prochains billets, si tu pouvais arrêter de dire tous les deux paragraphes que tu racontes des choses inintéressantes dont tout le monde se fout, ça me ferait plaisir). J'aime bien toutes ces petites anecdotes mises bout à bout. La rencontre "groupie"-groupe via internet, Cologne qui tombe à l'eau (elle est facile, mais je l'aime bien celle-là), le baptême de l'air, les coutumes locales noyées dans la Guinness (pour la Chimay, t'aurais pas dû te gêner, juste histoire de pouvoir nous raconter la tête du taulier), les photos tout aussi locales, le fait qu'on trouve le mot "Beatles" dans une chronique, tout ça tout ça, j'aime bien.

    Et aussi - et surtout - parce que j'ai aimé chaque seconde de chaque chanson ici proposée à l'écoute. Bon, je savais déjà que j'aimerais parce que j'avais déjà aimé tout l'Essex Green posté sur le HLM et que je t'avais déjà dit (enfin il me semble...) qu'à part Neutral Milk Hotel, The Essex Green était le groupe le plus emballant que tu m'aies fait découvrir ! Maintenant, à cause de ce billet, je vais devoir me décarcasser pour dégotter ces 3 albums (sans passer par internet, bien évidemment, sinon, tu me connais, je trouverais ça trop facile) et me fendre d'un allègement de larfeuille.

    Ah, un dernier truc. Si tu pouvais indiquer les titres de chaque morceau (genre comme je fais d'habitude, juste en dessous du lecteur), ce serait cool. Bon, pour le premier morceau, j'ai trouvé facilement, mais pour celui de Guppyboy, je renonce.

    2
    Eddy Cordy
    Lundi 8 Août 2011 à 12:38

    Merci mon Charlie.
    Je reconnais qu'effectivement tu n'es pas tout le monde. Donc je ne promets rien pour les prochains billets. (Je peux si tu le veux, mettre une petite marque (genre la clochette des livres-disques de Disney) pour t'indiquer quand je risque de te faire chier à dévaloriser mon récit. Dis-moi quoi hein.)

    Pour les morceaux, je ferai peut-être un effort la prochaine fois mais ils sont tous annoncés si je ne m'abuse. A l'exception du morceau de Guppyboy qui a un titre à coucher dehors : Snow song.

    Pour t'aider dans tes recherches, petite discographie quasi exhaustive (les 7" ça t'intéresse pas j'imagine?) de Essex Green et ses satellites: http://www.essexgreen.com/music.html



    3
    Mercredi 10 Août 2011 à 21:58

    Rah je t'ai même pas dit que j'avais franchement bien aimé Essex Green, Eddy !

     

    Et que ta rencontre avec eux, c'est la classe que du coup on se dit qu'en plus de savoir faire de la musique, c'est des gens bien !

    4
    Eddy Cordy
    Vendredi 12 Août 2011 à 16:55

    Ben ça fait plèze.

    Oui c'est des gens bien. Quasi tous les musiciens que j'aime et que j'ai rencontrés sont des gens bien, sauf Trent Reznor qui m'a jamais offert à boire.

    5
    Vendredi 12 Août 2011 à 22:49

    Enculé de Trent !

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