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    The Mirror Pool, premier album solo de Lisa Gerrard, la magique chanteuse de Dead Can Dance, sort en 1995.

    C'est un bon début, mais on en parlera plus tard, tu veux bien ?
    Non parce que là, ça fait cent trente-six jours que tu t'extasies devant ma prose, fidèle lecteur parmi les fidèles. C'est pas rien, hein. Et si tu savais le programme que je te prépare, tu t'en pourlécherais les babines (et je ne parle pas uniquement à mon nombreux lectorat canin, là) ! Pour tout te dire, c'est en t'abreuvant de ma logorrhée que je me rends compte à quel point ma vie est dense et palpitante. Ouais : dense et palpitante. Une espèce de long fleuve tranquille dense et palpitant. Belle synthèse, au final, de la façon dont je veux vivre ma vie.

    Donc voilà, je me suis dit que le moment était idéal pour qu'on fasse un petit point, que je te dévoile un peu ce qui t'attend, et qu'on discute ensemble, sereinement, de l'avenir. Le moment, je trouve, est particulièrement bien choisi parce que ça fait maintenant onze jours que tu attends avec impatience un nouvel article, et si retard il y a j'ai une putain de bonne explication : j'étais en vacances. Et je vais pas trop te raconter ma vie, mais c'était vachement bien, et même si je ne t'ai pas livré ta dose de playlist of my life, sache que je ne t'ai pas oublié pour autant, et que j'ai travaillé secrètement à ton bonheur. Et dire que t'allais te plaindre, ingrat !

    Bon allez, je vais pas te faire mariner plus longtemps, je lève le voile : tu as évidemment remarqué, dès le premier coup d'oeil que waow ! elle déchire cette photo qui illustre cet article que j'ai même pas encore lu mais que j'en ai encore plus envie que d'habitude parce qu'avec une photo comme ça, ça augure du meilleur !
    Et bien sache, petit veinard, que ça sera désormais toujours de cet acabit. Parce que oui, malgré tes louanges je sais bien que parfois tu te disais que merde, elle est pourrie cette photo d'illustration. Alors que la musique est toujours choisie avec acuité et commentée avec panache, la photo, parfois, dessert cette parfaite alchimie. J'en suis conscient, et comme je ne songe qu'à ton bonheur, tu auras maintenant droit à chaque fois à une illustration qui sublimera l'ensemble pour aboutir au Grand Oeuvre, à la Pierre Philosophale, à l'Alchimie parfaite. Ouais, ça rigole pas. Et tout ça grâce à qui ? A Fred, qui non seulement nous a accueilli divinement (ton poulet au curry vert m'a mis sur le cul, Fred !), mais qui en plus a accepté ma proposition : "tu illustres mon blog, en échange de la gloire."
    Bon, je dois dire qu'il ne m'a pas attendu pour faire des photos magnifiques. Je dois même avouer que c'est en toute humilité que je lui ai proposé cette collaboration. Et que je suis plus que ravi qu'il ait accepté. Ca me motive même encore plus que je pouvais l'être.

    En bon anarchiste que je suis de plus en plus, j'ai tenté d'appliquer au mieux cette définition de l'anarchie : "l'ordre moins le pouvoir". Donc nous avons établi quelques règles (l'ordre) mais je n'exercerai aucun filtre (pas de pouvoir). Comme je sais à peu près où je vais, j'ai une playlist à venir que je vais envoyer à Fred dès que j'aurai précisé certaines choses, et Fred m'enverra une photo (ou une illustration, il fait comme il veut) inspirée par la musique, le texte, le titre, ou ce qu'il veut. Et c'est cette photo que je publierai. Je pense que ça va avoir pour effet de "régulariser" la fréquence de publication à environ cinq jours (disons entre quatre et six).
    La seule chose qui reste floue, c'est comment gérer les Ghost Tracks, que j'écris en fonction de l'actu ou de mes humeurs. Mais on trouvera.

     

    J'envisage également une autre extension de ce blog, mais là je te demande ton avis parce que c'est toi que je solliciterais, si cette extension devait voir le jour : j'ouvrirais bien une section "Soundtrack of your Life", dans laquelle c'est toi, lecteur chéri, qui nous narrerais ta musique, et pourquoi pas ta vie, ou autre hein, on n'est pas obtus, on est entre nous, là. Bien sûr, tu respecterais bien volontiers le schéma auquel je m'astreins : titre - extrait des paroles - morceau - texte - illustration. Dis-moi si tu es prêt à te lancer, dans les commentaires, et si oui, je regarderai comment on peut gérer ça, techniquement parlant.
    Tiens et puis pendant que tu y es, dis-moi aussi si tu vois un intérêt à conserver la Radio Peps, en sachant qu'elle ne me convient que moyennement ; en effet, Deezer n'offre pas tout, et parfois uniquement des extraits. Et puis bon, je viens de voir qu'en plus y a une pub pour une marque à la pomme...

     

    Tu pleures, là ?
    Parce que normalement si tu fais bien les choses, tu es en train d'écouter "Glorafin", et tu te dis que ce morceau est beau à pleurer. Et tu as raison. Lisa Gerrard a composé The Mirror Pool à l'époque de la mort de son frère ; je pense qu'elle aussi a dû pas mal pleurer pendant la création de l'album.
    J'ai énormément écouté cet album, dès que je voulais une atmosphère posée. Je l'aime de bout en bout.
    J'aime "Violina" qui plonge d'entrée dans l'atmosphère quasi-religieuse de l'album. J'aime "Sanvean", qui doit être l'un des morceaux les plus tristes du monde, et l'un des plus beaux aussi. J'aime "The Rite" et cette impression d'assister à une cérémonie impie dans une région reculée du monde. J'aime évidemment "Glorafin", plus que tout - une chanson parfaite, avec ce Yang Ch'in qui sublime tout ça (et qui parsème aussi la discographie de Dead Can Dance). J'aime "Largo" qui sonne comme un morceau classique (d'autant que je peux en juger au vu de ma culture limitée en ce domaine). J'aime "Laurelei" et sa rythmique subtile mais entraînante. J'aime "Celon", cet a cappella qui nous laisse seuls avec la voix de la dame. J'aime l'arabisant "Swans", le morceau le plus rapide de l'album. J'aime l'instrumental "Nilleshna", dépressif à souhait. Oui, j'aime cet album de bout en bout.
    Meilleur que beaucoup d'albums de Dead Can Dance selon moi. Et le deuxième, Duality, réalisé avec Pieter Bourke, et aussi très très bon. Plus joyeux, moins sombre, plus "africain" (plus de percussions, plus dans l'esprit de Spiritchaser, le dernier album de Dead Can Dance).
    Après ces deux albums et son excellente participation à la bande originale du film Gladiator, j'avoue ne plus avoir trop suivi le reste, mes quelques écoutes de ses autres oeuvres me laissant sur ma faim. Mais bon, on ne peut pas, je pense, faire deux albums comme The Mirror Pool en une vie.

    Espérons que Lisa Gerrard en ait plusieurs...

     

     

    Extra tracks

     Temple Jaïn (Inde)  -  Photo : Fred Javelaud

     

     


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  • "Jimmy Dean is halloween like kerosene for dee dee scene
    It's suds and soda a brain decoder and can I skip this thing I ordered
    Get off get up you son of pop the light below is bright on top
    It's suds and soda a vibe decoder and can I get yeah what I ordered?"

     

     

     

    J'aime bien les belges, je te l'ai jamais dit ?

    Je dis pas ça parce que cette fameuse double hélice mystérieuse - mystique, même - qui compile, par la subtile association de l'adénine, de la guanine, de la cytosine et de la thymine, l'ensemble de mon être comporte quelques morceaux d'acide désoxyribonucléïque made in Belgium, hein (ouais, je suis pas un français pur souche, si on remonte quelques générations. J'ai des origines belges, donc un peu espagnoles vu que la Belgique - ainsi que mon berceau, la région lilloise - fit partie des Pays-Bas espagnols. Et donc un peu de sang arabe coule dans mes veines, quand on sait comment les espagnols sont des bâtards arabo-européens ! Et je vous parle pas de mon autre grand-mère, d'origine normande, dont les ancêtres ont donc été violés par les vikings puis les rosbeefs ! Je suis un magnifique bâtard, loin de la lignée pure du français labellisé par le FN, cette lignée de dégénérés en fin de vie qui heureusement n'existe plus que dans les fantasmes ridicules de quelques nostalgiques tout aussi dégénérés que ce à quoi ils aspirent).

    Non, j'aime bien les belges parce qu'ils sont tranquilles. Si j'étais précis, je devrais dire "j'aime bien les wallons", parce que je dois bien avouer ne pas connaître beaucoup de flamands. Mais je préfère ne pas être précis, parce que vu le nombre de belges qui lisent ma logorrhée, je ne voudrais pas être à l'origine de l'étincelle qui provoquera la scission. Et j'aime trop les belges pour ça.
    On rigole, on rigole, mais c'est vrai : les belges sont tranquilles, ouverts et simples. L'inverse des parisiens, en somme (j'ai pas encore beaucoup d'ennemis sur Paris, et comme j'y vais bientôt, faut que je sème les quelques graines qui vont permettre l'éclosion d'une résistance à ma venue sur leurs terres exsangues, bétonnées et stériles. J'adore être accueilli à ma descente du train par une manifestation hostile. Malheureusement ça ne m'est jamais arrivé, donc je me lance dans le cliché, et je ne m'interdirai pas de descendre du train avec une banderole "Pédophiles, chômeurs, consanguins : Paris is magic !").

     

    Bon et puis la Belgique, c'est quand même des souvenirs mémorables de murges pitoyables, donc assez grandioses.
    Comment oublier, par exemple, les vingt ans de Mike commencés en France, et finis de l'autre côté du pont : en Belgique ? Ben en fait on a tous un peu oublié, parce que justement on s'est finis dans les bars de la place de Comines-Belgique, entre le Carrousel et ce qui allait devenir le Drakkar (le Téléphone, si ma mémoire ne me fait pas défaut). Je me souviens du retour à pied, quand on a dû traîner Phil sur tout le trajet, qu'on lui a fait croire qu'on le ramenait chez lui en hélico. Je me souviens de leur tête malsaine, à Mike et lui, avec leur masque blanc déchiré au moins autant que leur crâne !
    Comment oublier ma libé, en 96 ? Avec cette tablée impressionante de potes, ces hectolitres de bière, cette molaire mémorable où j'ai cru que Phil (toujours au bon endroit au mauvais moment !) allait mourir sous une quinzaine de zouaves, sur le trottoir devant le Drakkar (le Drakkar aura bientôt droit à son Extra track à lui tout seul, parce qu'il le vaut bien), notre trajet chaotique vers la Mare aux Diables, et la brume éthylique.
    Comment oublier le spectacle offert par les flamands de Wervik qui venaient le samedi soir en bande sur la Grand'Place de Comines-Belgique pour se fritter avec un mélange de wallons et de français ? Ces bastons rituelles qui montrent que le problème flamands / wallons n'est pas bien nouveau (c'était le milieu des années 90).
    Comment oublier l'arrestation de Steph sur cette Grand'Place parce qu'il portait un gant en côte de maille et des pieux en bois soigneusement disposés dans sa veste en jean, alors qu'on jouait peinard à la Mascarade (un jeu de rôles grandeur nature) dans son café (oui, le Drakkar, toujours) ? Et cette déposition surréaliste que lui ont demandé de signer les flics belges, où il disait jouer à Dracula dans un café ! Et la pauvre Julie qui a dû vider la caisse du Drakkar pour payer la caution et libérer son animal de frère !!!
    Comment oublier Thérèse, chez Morel ?

     

    Ouais, les belges ont un sens de la fête et de l'accueil simples, bien loin des immondes soirées hype françaises, dont on se gargarise tant. On a David Guetta, ils ont 2 Many DJ's.
    Quand on se balade à Bruxelles, on est loin, très loin, de Paris, de ses gens pressés qui courent après le temps. Les gens sourient, c'est dire !

     

    Et les Belges ont enfanté de DAAU, Front 242, Venus, Ghinzu, Soulwax (et 2 Many DJ's, donc), Sttellla, Arno, dEUS, etc...
    Oui oui, je reviens à la musique pas très subtilement, je te l'accorde, mais n'empêche que bon, DAAU c'est excellent (on en reparle en 2001), Front 242 c'est quand même les inventeurs de l'EBM qui ont pondu "No Shuffle", Venus est parti trop tôt mais c'était très très fort, Ghinzu ma chérie aime alors c'est dans ma liste parce que c'est du bon rock bien foutu, et dEUS c'est l'une des quelques claques de ma vie, et c'est pour ça qu'ils ont leur place de choix sur ce blog.

    Cet album, Worst Case Scenario, est parfait de bout en bout.
    Passons l'intro, anecdotique, pour nous plonger dans ce "Suds & Soda", son violon entêtant, son chant qui donne une dynamique jouissive à la chanson et son orgue un peu vintage que n'auraient certainement pas renié les Doors.
    Arrive "W.C.S. (first draft)" et sa basse plutôt jazzy qui donne le ton, feutré, du titre. Bon, les garnements s'excitent un peu sur la fin, mais ça reste correct. Et très réussi !
    "Jigsaw You" suit le sillon feutré laissé par ce scénario du pire, et on est bien. On en voudrait presque plus, parce que deux minutes trente pour se laisser aller lascivement, c'est un peu court.
    La basse entêtante de "Morticiachair" nous ramène de fort belle manière à la réalité : dEUS, c'est du rock. Elégamment habillé, parfois travesti, mais du rock quand même.
    C'est encore une jolie ligne de basse qui ouvre la "Via" ; et on reste dans le haut de gamme du rock, pour le plus grand plaisir de nos esgourdes !
    Petit interlude avec "Let Go", avant de revenir à un "Mute" pas vraiment muet ! Certes, on commence en douceur, mais la gratte vient souligner avec la puissance qu'il faut les piques énervées du chanteur.
    Et "Secret Hell". Ah, "Secret Hell" ! La preuve que dEUS excelle aussi dans le registre de la ballade. J'adore ce titre, clairement l'un de mes préférés de dEUS. J'ai tellement l'impression de me retrouver dans ce "Sometimes I lose my head I don't know nothing". Allez, ta fidélité est récompensée, lecteur aimé :

     "So don't I only scare myself..."
    Le réveil est assez brutal avec l'intro de "Let's Get Lost", qui est pourtant un titre assez délicat, très "dEUS".
    "Hotellounge (Be the Death of Me)" est aussi un titre très dEUS. Et très bon.
    Petire récréation avec "Shake your hip", et une conclusion à la hauteur de l'album : ce "Dive-bomb Djingle" est plutôt étrange, plutôt surprenant et emmène le rock là où on ne l'attend pas forcément.

    Worst Case Scenario : album majeur.

     

    dEUS passera avec brio la difficile épreuve du deuxième album, puisque In A Bar, Under the Sea creuse la veine ouverte avec Worst Case Scenario. Un rock sophistiqué qui va lorgner du côté du jazz par moment, assez érudit mais facile d'accès, à mon avis.
    Cet album recèle lui aussi de merveilleuses pépites, dont les sublimes ballades "Serpentine" et "For the Roses".
    Et ce trio impeccable : "Fell Off the Floor, Man" - "Theme for Turnpike" - "Little Arithmetics".
    dEUS s'offre même un petit voyage dans le punk-rock américain avec le plus basique "Memory of a Festival".
    Excellent album, au niveau du premier.

     

    Mais après In A Bar, Under the Sea,deux des membres fondateurs du groupe s'en vont : Rudy Trouvé et Stef Kamil Carlens (qui va se consacrer à Zita Swoon). Et là, c'est (presque) le drame. The Ideal Crash évite de peu le crash, et s'en sort grâce à "Sister Dew" et "Everybody's Weird". Le reste de l'album est moyen, et c'est bien dommage tant le groupe était prometteur !
    Pocket Revolution et Vantage Point ne sont pas des albums de dEUS, donc on n'en parle pas ici.

     

    Bon allez, tout ça m'a donné envie d'une Karmeliet Triple !

     

    Extra tracks

     

     


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  • "Here comes the heat...nuclear summer"

     

     

    Sortir du nucléaire. Maintenant.
    Il n'y a même plus de questions à se poser, quand on voit ce qui arrive au Japon, et dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences. Dont on n'est pas capable de mesurer toutes les conséquences, tant l'ennemi invisible qu'est la radioactivité agit de concert avec d'autres facteurs de telle façon qu'il est impossible d'imputer la responsabilité, par exemple, de l'augmentation des déréglements thyroïdiens après 1986 et Tchernobyl.

     

    Notre (bien malgré moi) président, qui a depuis toujours le sens de la nuance, déclarait il y a peu qu'il "[se battra] pour défendre le nucléaire, parce qu'il n'y pas d'énergie alternative en l'état actuel des choses, sauf à dire aux Français qu'ils vont maintenant se chauffer et s'éclairer à la bougie". J'apprends au passage que je suis un terroriste, vu toutes les vilaines choses que j'ai dites et écrites sur la sacro-sainte Croissance. Putain, si tous les anti-nucléaires sont des terroristes et qu'ils finissent comme Julien Coupat, ce dangereux épicier d'ultra-gauche qui lit des livres (la culture comme preuve de culpabilité, ça fleure mauvais l'autodafé), va falloir construire des prisons. Encore plus que maintenant, je veux dire...
    La bêtise des politiques me sidère. Quoique des fois elle m'amuse, aussi - quand c'est Frédéric Lefebvre par exemple.

    Quoique qualifier de bêtise ce qui est de la propagande, c'est presque disculper Sarkozy de ses propos. Alors qu'il doit quand même être au courant qu'on peut se chauffer avec des énergies renouvelables. Du bois par exemple. Parce que oui, petit nabot, le bois ne sert pas qu'à fabriquer des langues d'homme politique. Il peut servir, par exemple, à alimenter des chaudières au rendement bien plus élevé que ceux de nos grille-pain électriques installés sans aucune reflexion comme moyen de chauffage dans toutes les maisons ou presque. Ou encore mieux, à alimenter un petit poële à bois qui trône au milieu d'une maison bien isolée, et qui la chauffe à lui tout seul. D'ailleurs, sais-tu, omniprésident, que le chauffage électrique est interdit dans les constructions neuves au Danemark ?
    Oui, bien sûr que tu le sais, toi qui sais aussi que notre parc nucléaire est plus sûr que celui du Japon. Parce que le Japon est un peu mauvais en technologies de pointes, c'est bien connu. Et qu'ils ne savent vraiment pas gérer les constructions parasismiques, ces glandus. Alors que nous, les FFFrançaiiis, OUI. Nous, on craint rien voyons !

    Petit retour en arrière : en 1986, catastrophe nucléaire à Tchernobyl.
    Discours officiel (outre le gros mensonge sur le nuage radioactif qui s'est arrêté aux frontières de la France qui résiste à tout) : ça n'arrivera jamais en France, parce que Tchernobyl c'est le bloc communiste, et que les communistes ils construisent les centrales nucléaires comme des nazes. Alors que nous, le Bloc Occidentâââl, on n'est pas des manches, et qu'on fait mieux que tout le monde. Ne craignez rien, le communisme c'est le mal qui fait péter les centrales nucléaires, alorsq ue le capitalisme c'est le bien qui protège les centrales nucléaires.
    Jusqu'à Fukushima qui, malheur, est au Japon. Putain mais ç'aurait pas pu arriver en Chine, bordel ??? On aurait pu tenter de refaire le coup des cocos, au moins ! Tandis que faire passer le Japon pour un pays communiste, ça va être coton quand même, et ça risque d'éveiller les soupçons, hein...

    Attendez, j'ai une idée brillante ! Et si on disait que c'était une catastrophe naturelle ? C'est bien ça, non ? La nature toute puissante, contre laquelle on ne peut rien faire, tout ça. Ca devrait marcher, ça !
    Hein ? Quoi ? Mais noooon, personne ne pointera du doigt que la décision d'installer une centrale nucléaire sur une faille sismique c'est pas naturel, mais que c'est une décision politique !

    Et ouais. Installer une centrale nucléaire sur une faille sismique, ou près de la mer, c'est une décision politique. Qui se contrefout du risque. Deux EPR ont été vendus en Inde pour être installés dans des zones sismiques de catégorie 3 (Au Japon on est en catégorie 4 ou 5 selon les centrales). Fessenheim, la plus vieille centrale française, est aussi sur une faille sismique. Graveline est en bord de Mer du Nord. 

     

    Le nucléaire est une industrie du mensonge. Lutter pour une transparence totale est un voeu pieux. Il faut exiger la sortie du nucléaire, sans compromis.
    Industrie du mensonge parce que d'origine militaire, déjà. Militaire = secret.
    Industrie du mensonge parce que le nucléaire ça fait peur, alors autant ne pas affoler des gens qui n'y comprennent rien avec des alertes, des incidents, des risques, etc... donc on va plutôt leur dire que le nuage, il s'est arrêté à nos frontières, tiens, par exemple.
    Et au cas où il y a risque de divulgation, on va signer des accords histoire de se couvrir. Comme cette résolution WHA 12-40 qui acte l'accord entre l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), et qui acte donc que la seconde va consulter la première avant de diffuser des études compromettantes pour l'industrie nucléaire. Pour plus de détails, lis cette interview assez explicite d'un ancien de l'OMS par Rue89.
    Tepco (l'exploitant de la centrale de Fukushima-Daiichi), d'ailleurs, a falsifié des rapports d'inspection, et minimisé volontairement les risques lors de la construction de la centrale.
    De plus, l'industrie nucléaire étant le fer de lance, que dis-je, la fierté ! de la France, il me semble qu'une volte-face politique de nos élus (qu'ils soient de droite ou de gauche, hein, pas d'angélisme) est assez peu probable. Que va-t-on vendre à nos amis lybiens (oui c'était il y a cinq mois, Khadafi était encore un ami, avant d'être un dangereux dictateur) si on ne peut plus leur refourguer des centrales nucléaires ? (oui, des armes, je sais bien...)

    Et en France la privatisation rampante, qui commence par la sous-traitance de nombre d'opérations d'entretien et de maintenance, va évidemment augmenter le risque. Profit et sécurité ne font pas bon ménage, il suffit de s'intéresser au sort des employés des sous-traitants d'EDF qui interviennent dans les centrales dans des conditions de travail déplorables.

     

    Il faut donc sortir du nucléaire.
    Les "pragmatiques" (ouh que je déteste ce mot) vont monter au créneau, invoquant pour certains le retour à la bougie, pour d'autres la pénurie énergétique qui s'ensuivra, pour les plus subtils l'accroissement des rejets de CO2 si on bascule vers les énergies fossiles (pétrole et charbon) pour produire l'électricité. Peut-être le meilleur argument, surtout quand on sait que le pic pétrolier a été atteint en 2006. Mais l'uranium n'est pas une énergie renouvelable, et ses réserves s'épuiseront elles aussi.
    Pire que ça, 70% de l'uranium utilisé en France vient du Niger, et est extrait dans des conditions dégueulasses pour les travailleurs et pour l'environnement, avec la bénédiction d'Areva et de l'état français. Un ancien ouvrier des carrières d'extraction de l'uranium lève le voile en pointant du doigt l'accapparement de l'eau du Niger par Areva (mais c'est pas grave, hein, il n'y a aucun problème de sécheresse en Afrique, voyons...) et les autres scandales dont on n'entend quasiment jamais parler.

    Envoyons donc les pragamatiques se faire foutre, et penchons-nous plutôt sur l'association Négawatt, qui travaille depuis 2001 sur des scénarios de sortie du nucléaire.
    Cette association est à l’origine de la démarche négaWatt, qui se décline en 3 temps :

    1. la sobriété énergétique, qui consiste à supprimer les gaspillages et les besoins superflus,
    2. l’efficacité énergétique, qui permet de réduire les consommations d’énergie pour un besoin donné,
    3. les énergies renouvelables, qui répondent à nos besoins énergétiques avec un faible impact sur notre environnement et une gestion décentralisée.

    C'est quand même terrifiant qu'il ait fallu attendre cette catastrophe nucléaire pour que les médias les plus influents évoquent Négawatt, qui fait un travail plus que sérieux depuis 10 ans !

    C'est pas gagné pour la sobriété, quand on voit le gaspillage des zones commerciales qui éclairent toute la nuit leur enseigne, la mise en place de panneaux publicitaires tout jolis avec des écrans LCD, la multiplication du nombre de télés chez les particuliers, ou même dans les grandes surfaces qui laissent des murs d'écran allumés histoire que le bon consommateur puisse comparer la qualité de l'écran de ses propres yeux (écrans qu'évidemment le gentil vendeur aura préalablement réglés de façon optimale, hein)...
    Isolons correctement nos logements, c'est la plus efficace des mesures de réduction de consommation d'énergie. Après, sachant que le chauffage électrique représente 10% de la consommation nationale d’électricité et 36% de la consommation des ménages, il serait temps de promouvir vraiment le chauffage au bois, une énergie renouvelable facilement stockable (ce qui est particulièrement important, mais nous y reviendrons). Et en plus, c'est l'énergie la moins chère !

    Attardons-nous un instant sur le point trois du scénario Négawatt : le passage aux énergies renouvelables.
    Bien qu'étant pro-énergies renouvelables, je dois aussi être objectif et souligner les difficultés de la filière ; mon pote Guillaume ferait certainement ça mieux que moi, mais je me lance : la principale difficulté à mon avis est que les énergies renouvelables dont on parle le plus - solaire et éolien - sont difficilement stockables. Sauf à construire plein de batteries au lithium qui ne sont pas du tout anodines, environnementalement parlant, mais il vaudrait mieux éviter, hein. Oui, le stockage de l'énergie est une problématique primordiale, je pense. Parce qu'on ne choisit pas quand souffle le vent, ou quand les nuages masquent le soleil. La nature est plus forte que l'homme. Ceci dit, et pour rétablir l'équilibre : le problème est le même avec l'énergie nucléaire. Arrêter ou démarrer un réacteur nucléaire ne se fait pas en fonction de la demande immédiate, mais d'une projection de la demande globale à venir.
    Autre aspect à charge pour le photovoltaïque : la production des panneaux photovoltaïques demande l'extraction de terres rares, qui sont des métaux très utilisés dans les nouvelles technologies (dans les iPad, les écrans plats, les disques dures, les générateurs d'éoliennes off-shore, etc...), et dont la Chine est le producteur incontournable.

    Mais les énergies renouvelables, ce n'est pas que l'éolien ou le photovoltaïque, et certaines n'ont pas les mêmes problèmes de stockage : l'énergie hydaulique notamment, où le stockage de l'eau via les barrages permet la régulationd e la production. Idéal, mais on n'installe pas des barrages partout... Cependant, des hydrauliennes produisant de l'électricité à partir de l'énergie marémotrice commencent à se développer, et pourraient être une solution intéressante. La biomasse est aussi une énergie renouvelable stockable, sous forme de bois ou de méthane (biogaz) notamment. Bien entendu, il n'est pas question de tomber dans le travers des stupides biocarburants qui poussent certains agriculteurs à produire des végétaux pour nourrir le véhicule de l'occidental qui veut se donner bonne conscience plutôt que pour nourrir la population. La biomasse doit être récupérée sur les sous-produits de l'agriculture, dont la mission première est de nourrir.

    Un autre avantage non négligeable des énergies renouvelables est la décentralisation de la production d'électricité. Donc la multiplication possible de petites unités, plus proches des lieux de consommation, et ainsi la réduction des pertes d'électricité par efet joule durant le transport (en moyenne 2.5% de l'électricité produite est perdue, actuellement).

    Et, bien sûr, il n'y a aucune comparaison possible entre le risque nucléaire et les risques induits par la production d'énergie renouvelable.

     

    Tu l'as compris, tout ça est très politique, mais on peut tous y mettre notre grain de sel en consommant l'énergie avec sobriété et efficacité. Et si tu as un ruisseau qui passe au fond de ton jardin, Guillaume viendra avec plaisir t'installer une turbine !

     

    Nuclear explosion

     

    Tu as écouté "Nuclear Summer" de la fanfare rap Youngblood Brass Band, et je te propose d'écouter l'excellentissime Brooklyn, des mêmes zouaves.

     


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  • "Cloudless everyday you fall upon my waking eyes
    inviting and inciting me to rise
    And through the window in the wall
    Come streaming in on sunlight wings
    A million bright ambassadors of morning"

     


     

    Bien sûr, je connaissais Pink Floyd avant 1994.

    Même en ne s'intéressant que peu à la musique, on tombe assez vite sur The Wall. Mon père avait tous les albums de Pink Floyd en vinyl, donc j'ai assez vite écouté The Wall, en vinyl. J'avais bien aimé, j'écoutais régulièrement. Je m'étais copié l'album sur cassette et j'avais très minutieusement dessiné une pochette pour ma cassette, reprenant le mur et la graphie de The Wall. Autant te dire que j'en n'étais pas peu fier, intérieurement !
    "Hey You", "In the Flesh ?", "Vera", évidemment "Another Brick in The Wall part II", "The Happiest Days of Our Lives", etc... Ouais, on peut dire que cet album m'a marqué.


    Puis, un peu par hasard, j'ai écouté ensuite A momentary lapse of reason, et j'aimais beaucoup "On the Turning Away". J'ai beaucoup, beaucoup écouté cette chanson. Mais bon, le reste de l'album, je ne m'en souviens même plus.
    Puis j'avais écouté aussi Animals, parce que la pochette m'intriguait. Mais je pense qu'avant les années 90 je n'étais pas assez "musicalement mûr" pour apprécier pleinement la musique de Pink Floyd.


    Il faut attendre 1994 pour que je me replonge dans la discographie des gars du Floyd. A cause de Steph, encore... Ouais, ok : grâce à Steph.
    On parlait zique, comme souvent, et on en vient à parler de Pink Floyd. Et Steph, lapidaire (c'était moi le diplomate, dans le groupe), déclare : "Pink Floyd, c'est Echoes". Alors j'ai écouté "Echoes". Et il a bien fallu me rendre à l'évidence : Steph avait raison. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, mais la découverte de ce long morceau en face B de Meddle m'a poussé à réécouter les autres albums des Floyd, et force me fut de constater qu'effectivement "Echoes" est la parfaite transition entre la période ante-Meddle, plus psychédélique et surprenante de Pink Floyd, et la période post-Meddle, plus rock et prog. Donc oui, Pink Floyd, c'est "Echoes". Ou plutôt "Echoes" est le condensé de toute l'oeuvre de Pink Floyd.

     

    J'ai un faible pour les albums antérieurs à Meddle, avec des morceaux vraiment barrés comme "Corporal Clegg", ou bien psyché comme "Astronomy Domine". Et je suis totalement sous l'emprise de "Set the Control for the Hear of the Sun". Ultime dans sa version Ummagumma, ou dans le Live at Pompeï. Mais j'ai un peu de mal avec la partie pas-live d'Ummagumma.
    Je pense que ça va hérisser certains lecteurs, mais tu ne m'ôteras pas de la tête qu'il y a des pincées de Beatles dans The Piper at the Gates of Dawn. Si, il y en a.

     

    Reste qu'après Meddle, et donc "Echoes", il y a queand même du bon, hein. Ne boudons pas notre plaisir.

    De Dark Side of the Moon, on ne peut pas ne pas parler de la ligne de basse la plus célèbre du monde : celle de "'Money". Mais je trouve que les parties de saxo ont un peu mal vieilli...
    J'aime beaucoup aussi "Shine on Your Crazy Diamond" sur Wish You Were Here, très bien aussi dans sa version live sur PULSE.
    Par contre je suis assez déçu de ne pas apprécier Animals plus que ça, parce que thématiser un album autour de l'excellent bouquin "La Ferme des Animaux" de Monsieur George Orwell, qui n'a pas été excellent qu'avec 1984, mais tout au long de sa vie, notamment lors de la Guerre d'Espagne où il se joint aux milices anarcho-communistes du POUM. A partir de là, Orwell a passé le reste de sa vie à lutter contre les totalitarismes - et notamment contre le stalinisme. 1984 n'est qu'une - merveilleuse - pierre à l'édifice d'Orwell.
    Il faudra vraiment que je me plonge un jour dans la lecture des bouquins de Jean-Claude Michea sur Orwell et notamment sur son concept de common decency, qui me semble en train de s'effriter au profit de l'individualisme rationnel. Comme une fin du sens moral inné du partage et de la solidarité de la classe ouvrière. Qui pourrait expliquer le repli xénophobe... Ouais, ouais, on disgresse, on disgresse. Revenons à notre Floyd :
    1979, The Wall : grand album, grand film (j'en parlais encore samedi avec Greg, d'ailleurs !). Grands morceaux ! Je ne vais pas me répéter, j'ai déjà comme cet album est important pour moi. Premier pas dans l'univers des Floyd.

     

    Après The Wall, je ne suis plus très fort en Pink Floyd. Reste que l'année où j'ai redécouvert Pink Floyd, ceux-ci sortent The Division Bell, et que j'en retiens "High Hopes".

     

    Malheureusement, Pink Floyd fait partie de la (finalement assez courte) liste des groupes que je n'ai jamais vus en concert, et ma chérie (qui elle les as vus) me le rappelle régulièrement - comme elle l'a fait il y a peu avec les Pixies. Quelle cruauté !

     

     

    Meddle

     

     

     


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