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    "Fuck you I won't do what you tell me !"

     

     

     

     

     

    Bon alors cette chanson, c'est LA chanson de mes sorties en Belgique.

    A partir de 1991-1992, et jusqu'à...pfiou... 2003, je dirais, quasiment tous les samedis soir on traversait le pont pour se retrouver dans les cafés de Comines-Belgique. C'était pas loin, on y allait à pied la plupart du temps (au moins les premières années, quand personne n'avait le permis), on passait d'excellentes soirées et on revenait à pied, à plein. Pleins aussi, souvent. De bière.
    Il y a eu des trajets mémorables, comme aux 20 ans de Mike, avec Phil qui pensait être en hélico, ou alors quand on a sonné chez le maire en pleine nuit et qu'on est tous partis en courant, sauf Gaël qui s'était vautré lamentablement juste devant la porte !

    On a écumé des bars différents selon les périodes.
    Le premier où on allait régulièrement, avec Phil et Mike notamment, c'était le Carrousel. Et au Carrou, systématiquement on s'excitait sur "Killing in the Name", qui a dû y passer dès 93, je pense.
    J'avais 17 ans, et j'étais pas du tout, mais alors pas du tout politisé à l'époque (Bon, il y avait déjà des trucs qui m'indignaient, sans que j'attende que Stéphane Hessel nous le conseille dans un bouquin). Mais cette chanson me donnait systématiquement la rage, la montée finale sur les "And now you do what they told ya" ou sur "Fuck you I won't do what you tell me !" est vraiment excellente, on sent bien monter la révolte !

    Et encore, le Carrou était un bar, donc c'était relativement calme, mais quelques années après on partait à la Mare aux Diables après s'être retrouvés au Drakkar (le café de Ju et Steph, j'en reparlerai certainement plus d'une fois !). Et là ça pogotait vraiment bien sur ce titre !
    A tel point qu'ils ont fini par calmer systématiquement les pogos qui partaient fort.

    Le Drakkar et la Mare aux Diables : nos deux repères du week-end pendant de nombreuses années.
    et je pense que "Killing in the Name" nous a suivi pendant toutes ces années...

     

    Surtout qu'après je me suis retrouvé dans les paroles de Rage Against the Machine. Dans leur nom, aussi.
    Mais je ne tuerai jamais en ce nom, par contre (par manque de courage ou par respect pour la vie de l'autre ?).
    Et maintenant que je m'intéresse de plus en plus à la critique de la Technique, aux précurseurs de ce mouvement comme les luddites au début du XIXème siècle en Angleterre  ou les Canuts une vingtaine d'années plus tard à Lyon, et aux représentants actuels du mouvement comme l'association Pièces et Main d'Oeuvre à Grenoble, à la pointe dans la lutte contre l'invasion des nanotechnologies et la société techno-totalitaire (tous fichés, tracés, fliqués, filmés, partout, tout le temps), cette rage contre la machine, que j'assimile à la "mégamachine technoscientiste" type Big Brother du génial Orwell (il faudra, un jour, qu'on cause sérieusement d'Orwell et de sa common decency), cette rage contre la machine, donc, me parle encore plus.
    Même si la musique me parle un peu moins.

     

     

    Luddites

    La rage contre la machine ne date pas d'hier...

     

     

     


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    "With one wish we wake the will within wisdom
    With one will we wish the wisdom within waking
    Woken, Wishing, Willing"
    Dead Can Dance - Song of Sophia 

     

     

     

     

    1994 sera une autre année charnière, dans ma vie.

    Je suis entré à la fac à la rentrée 93, et...disons que c'est pas fait pour moi, ou que je n'étais pas dans les dispositions idéales à ce moment là pour ce type d'études (alors que maintenant je ne serais pas contre des études d'écotoxicologie, comme quoi...). Donc je suis assez dilettante, je flâne pas mal sur Lille, et en 1994 je découvre ce qui à l'époque n'est pas encore un phénomène dans le petit paysage ludique : Magic The Gathering.
    Un jeu de cartes à collectionner, qui simule des batailles de sorciers dans un monde fantastique. Créé par un prof de math, comme quoi y en a des biens, hein (y a ma soeur, aussi !). Le jeu est très bon, avec des mécanismes novateurs, et pousse à l'échange de cartes afin d'améliorer son deck. Du coup une communauté de joueurs se forme assez vite sur Lille, communauté qui se retrouve dans un resto (la Taverne de l'Opéra) qui fait café l'après-midi, tenu par Fredouille, ou Greg (je ne sais plus, je pense qu'ils y ont officié tous les deux !). Bref, les frangins qui ont créé avec Gaston et... Hervé (si ma mémoire est bonne) la fameuse Guilde des Héraults dont j'ai déjà parlé. Bref, des joueurs. Qui se sont mis aussi à Magic. Bref, le repaire idéal.

    L'après-midi, c'était blindé de monde, ça jouait, ça dealait des cartes. C'était génial.
    C'est là que j'ai connu plein de nouvelles têtes, dont les zouaves de Lycanthropes Assoiffés avec qui on partagera par la suite bien plus que des cartes (des bières, notamment !). Je jouais souvent avec Samir, Pathos, Joël et Pix. Des éclats de rire continuels. Des moments excellents.
    J'y ai aussi rencontré un autre Greg, que j'estime toujours beaucoup même si malheureusement nos chemins ont du mal à se recroiser (forcément, quand 1000 kms nous séparent, c'est moins facile...). Mais on y arrivera, à se revoir chez Fred, hein !

    C'est lui qui m'a parlé de Dead Can Dance pour la première fois (et de Die Krupps et Nine Inch Nails, aussi. Mais on en reparle bientôt).
    Il m'a convaincu, et j'ai acheté la compil' A Passage In Time. Une espèce de révélation, une fois de plus. 
    Les rôlistes développent souvent un intérêt pour le moyen-âge (ou alors c'est leur intérêt pour le moyen-âge qui les oriente vers le jeu de rôles, oeuf, poule, tout ça...), alors quand j'entends sonner les premières notes de "Saltarello", mon oreille se tend, attentive, captive.
    Elle sera très souvent titillée par les morceaux qui s'égrènent au fil de l'écoute, notamment quand c'est Lisa Gerrard qui chante. Et notamment par "Cantara". Mais aussi "Wilderness", "The Host of Seraphim", "The Writing on my Father's Hand", "The Song of the Sybil" où les voix de Lisa Gerrard et de Brendan Perry se mêlent joliment sur les choeurs.

     

    N'empêche, cette période Magic, ça a été un vivier à bons moments et à anecdotes délicieuses !

    Je me souviens d'un midi où on mangeait dans notre repère, le Café de la Bourse, avec Greg et 2 autres joueurs, peinard, quand on voit rentrer un gars avec des pompes de rando, des longs cheveux, petites lunettes rondes et un énorme sac à dos rouge sur le dos ! LE bab. Greg nous balance "Ah tiens, un nouveau joueur !". On se marre, et le gars nous interpelle finalement dans un français chargé d'un accent à tendance néerlandaise bien marqué : "Vous jouez Magic ? Je peux asseoir avec vous ?". Et nous de rire de plus belle devant cette situation improbable, avant de passer l'après-midi avec le gars, un hollandais qui avait fait le tour de France avec ses cartes Magic à la rencontre des joueurs. Puis la soirée quand Fred nous invita tous chez lui. Puis la nuit puisqu'il resta pour dormir. Surréaliste, tout ça.

    Que dire aussi de ces nuits complètes à jouer chez Benjamin ou chez Xav, avec Phil que j'avais embarqué dans l'aventure Magic et qui était aussi mordu que moi ?!!? Des moments incroyables.

     

    Mais Dead Can Dance, ça évoque aussi d'autres excellents souvenirs dont on aura l'occasion de reparler bientôt.

     

    Masque

     

    PS : les paroles d'ouverture ne sont pas issues de Cantara, vous avez dû comprendre pourquoi en écoutant le morceau...

     



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    "You take me to
    And lead me through
    Oblivion"

     

     

     

    J'ai loupé Noir Désir en mars, il n'était pas question que je rate Depeche Mode en mai !

    Je motive mes 2 potes du lycée, Eric et Vincent, et on achète nos places. Le concert a lieu à l'espace foire de Lille, une salle qui n'existe plus.

    C'est bien qu'on ait réussi à motiver Vincent, parce qu'il a une caisse. Du coup on ne doit plus mobiliser nos parents pour assurer la logistique... Oui oui, c'est bien aussi de l'avoir motivé parce que c'est un pote. Aussi. Bien sûr.

     

    Bon, on n'a toujours pas trop l'habitude des concerts, donc on arrive une fois de plus biiieeeen à l'avance. Mais il y a déjà plein de monde, bien moins looké que pour le concert de Cure. Il ne sera nulle question de bière dans les cheveux, le public semble bien plus sage. Il s'avérera qu'il est surtout bien plus hystérique.

     

    Ouverture des portes.
    On est en train de parler, on ne l'a même pas vu, mais les gens qui nous escaladent pour passer devant nous nous mettent la puce à l'oreille ; il a dû se passer un truc tous ces gens qui hurlent, là, et qui se mettent à s'agiter. Un incendie ? (on ne pensait pas encore à une alerte à la bombe, en 1993)
    Ah ben non, des portes qui s'ouvrent. Ca tient vraiment à pas grand-chose, un mouvement de foule.
    Comme on en fait partie, de la foule, on suit le mouvement, en bons éléments de la masse. Bon, on se met quand même pas à courir, hein, faut pas déconner non plus ! Pendant les cours de sport, au lycée Gambetta, on courait autour du canal situé derrière le lycée, et Vincent nous prenait dans sa caisse pour faire le tour, nous déposait près de l'arrivée et on passait la ligne d'arrivée essouflés. Remarquables comédiens, jamais nous ne fûmes inquiétés (étrangement, notre carrière d'acteur n'est pas allée plus loin...). Alors bon, courir quand on n'est pas obligés... 

    Bon, on se retrouve malgré tout dans le premier quart de la salle, mais pas très longtemps : le concert démarre dans une heure et on est déjà compressés, pris dans des mouvements de foule qu'on ne maîtrise absolument pas. On se casse dans la deuxième moitié de la salle, où on est un peu plus peinards.

     

    Commence la première partie, reléguée sur un tout petit espace sur le devant de la scène. De mémoire ils étaient deux, ça avait des allures d'électro-rap, et je ne me souviens plus du nom du groupes. Juste que c'était assez mauvais, et qu'ils se sont fait copieusement huer pendant tout leur set. C'est très con, les fans.

     

    Les lumières s'éteignent, on entend une intro sonore en forme de tonnerre, tandis que des éclairs zèbrent la salle (oui, des stroboscopes, quoi). Puis on n'entend plus rien tellement les fans hystériques gueulent. Comme on est toujours des bons éléments de la masse, on joint nos hurlements à ceux de nos co-hurleurs.

    Des ombres se dessinent derrière un fin voile qui masque la scène. Ca gueule de plus belle.
    Puis Dave Gahan entonne les premières paroles de "Higher Love". L'hystérie fait place à la dévotion. Et on peut enfin profiter de la musique.

    Le set alterne efficacement les morceaux de Songs of Faith and Devotion et les anciens tubes. Le show est précis, et là on peut vraiment parler de show : des écrans partout balancent des images bien léchées (oeuvres d'Anton Corbijn, qui aura beaucoup fait pour l'image du groupe). Je me souviens notamment des superbes créatures femmes-à-tête-d'oiseau de "Walking in my Shoes" (ça a bien agrémenté ce titre que je n'aimais pas sur l'album).
    Le show, c'est aussi Dave Gahan qui le fait !
    il a une présence incroyable, et on ne peut pas dire que la came qu'il prend à doses mortelles à cette époque-là ne le foute à plat. C'est vraiment une bête de scène, qui a l'air de prendre un bon gros pied pendant le concert ! J'avoue avoir rarement vu ça sur scène (sauf avec Didier Wampas, dans un autre registre).

    Je ne m'attendais pas non plus à voir une batterie sur scène, que l'excellent Alan Wilder, délaissant ses claviers, viendra marteler sur certains titres (notamment "I Feel You"). Des choeurs viendront aussi renforcer "Condemnation" et "Get Right with Me" notamment, accentuant encore l'impression d'une influence gospel qui m'avait titillé à l'écoute de l'album.

    Mes souvenirs musicaux sont un peu diffus, parce que c'était quand même il y a plus de 17 ans, mais je sais que la version de "Enjoy the Silence" m'avait scotché grâce à un peu riff que Martin Gore jouait à la gratte sur la fin. Version à rallonge, public en délire, et musicalement parfait.
    Je me souviens également du finish qui, bien que n'ayant pas duré aussi longtemps que "A Forest" de Cure, a continué bien après le départ des quatre compères, grâce à un public enthousiaste reprenant à l'unisson (enfin... aussi bien que peuvent le faire quelques milliers de personnes) les "grabbing hands / grab all they can / Everything counts / in larger amounts" du vieux mais toujours efficace "Everything Counts".

     

    Depuis ce concert, je n'ai jamais revu Depeche Mode sur scène, mais j'y retournerais volontiers parce que c'est vraiment grand. Que leurs versions live sont franchement bonnes. Et que Dave Gahan est un showman qui sait jouer avec la foule.

     

    Après ce concert, lorsque les lumières se sont rallumées et que les portes se sont rouvertes, il a été vraiment difficile de profiter du silence...

     

     

    SETLIST

    1. Higher Love
    2. Policy of Truth
    3. World in My Eyes
    4. Walking in My Shoes
    5. Behind the Wheel
    6. Halo
    7. Stripped 
    8. Condemnation
    9. Judas
    10. Death's Door
    11. Get Right With Me
    12. I Feel You
    13. Never Let Me Down Again
    14. Rush
    15. In Your Room

    Rappel

    16. Personal Jesus
    17. Enjoy the Silence

    Rappel

    18. Fly on the Windscreen
    19. Everything Counts

     

    Rose

     

     

     


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  • "Lick my legs I'm on Fire
    Lick my legs of desire" 

     

     

    C'est en 1993 que sort le deuxième album de PJ Harvey, Rid of Me.

    Et c'est en 1993 que je découvre cette dame, avec le morceau éponyme, qui ouvre l'album (vous remarquerez la parfaite utilisation du terme "éponyme", signifiant "qui donne son nom à". Nan parce que des fois on se permet d'oublier la notion de paternité rattachée à ce mot, qui se trouve par ce truchement galvaudé, et ça c'est pas bien). Morceau éponyme que tu écoutes en ce moment même, veinard !

    Tu découvres donc la tension qui habite ce morceau, sa ligne de gratte, la voix de Polly Jean. Tu découvriras ensuite l'explosion musicale et vocale, point d'orgue de ce "Rid of Me", ouverture magistrale de cet album magistral (mais pas éponyme, hein, ne galvaudons point).
    Bon je dis "tu découvres", mais je me doute (ou j'espère, là, en mon for intérieur) que tu connais déjà cette grande dame du rock. Enfin bon, assez parlé de toi ! T'as qu'à faire un blog, hein !

    Rid of Me est donc un grand album, produit par Steve Albini, qui est souvent dans les bons coups, le zouave : Surfer Rosa des Pixies, In Utero de Nirvana, des albums de Jon Spencer Blues Explosion, les albums de Sloy (défunt groupe de rock français que j'ai vu en première partie de PJ Harvey, d'ailleurs, et que c'était une belle claque aussi), The Fragile de Nine Inch Nails, Yanqui U.X.O de Godspeed You ! Black Emperor (en concert le 28 janvier à Marseille, et qui c'est qui y sera ? C'est noooouuuuuus !), etc... Et qui en plus fait partie d'un excellent groupe (mais pas forcément facile d'accès) que j'ai découvert il y a peu : Shellac.
    Tous les titres de Rid of Me sont bons, tous fleurent bon le rock rugueux, brut de décoffrage.
    Mais évidemment, on a nos petits morceaux favoris. Pour moi, c'est "Rid of Me", bien sûr, mais aussi la suite "Highway '61 revisited" (reprise de Dylan) - "50ft Queenie" - "Yuri-G", puis "Me-Jane" et "Snake".

    Il faut que je m'attarde un peu sur le morceau de clôture de cet album exceptionnel : "Ecstasy".
    Quand j'ai écouté l'album pour la première fois, je n'ai pas accroché sur ce titre. L'album faisant 47mn59, il ne tenait pas entièrement sur une face de cassette 90mn. Je pris alors la décision de couper "Ecstasy" à la fin de la cassette, et avait ainsi copié les deux premières minutes de ce morceau. Morceau qui, au fil de mes (nombreuses) écoutes, me plaisait de plus en plus, et engendrait chez moi frustration, déception, haine de moi-même pour cette décision inepte, paranoïa, schizophrénie, envie de sacrifier des poulets, etc... bref, vous connaissez tous ça.
    Tout rentra dans l'ordre quand j'acquis l'album en CD, et que je pus profiter pleinement des 4mn26 d'Ecstasy.
    Depuis, je suis serein quand je croise un poulet, je sais que tous ces gens qui me regardent ne me veulent pas tous du mal, et je discute très ouvertement avec les autres dans ma tête.
    Et "Ecstasy" est donc un excellent titre, flirtant avec le psychédélique.

     

    Dans la foulée de Rid of Me, je découvre Dry, premier opus de PJ Harvey.

    Ben la demoiselle n'a pas attendu son deuxième album pour avoir du talent, ça s'entend dès les premières notes de Dry : "Oh my Lover" est déjà une superbe ouverture, et l'album recèle moult pépites, notamment ces 2 tryptiques : "Victory" - "Happy & Bleeding" - "Sheela-Na-Gig", et le finish de rêve "Plants & Rags" - "Fountain" - "Water". Et une mention spéciale à "Joe", pour sa gratte bien nerveuse.
    Rien que d'écrire ça, ça me donne la furieuse envie de réécouter le tout, et notamment "Fountain" !
    Néanmoins, je trouve que la voix de PJ Harvey est plus mise en valeur dans Rid of Me que dans Dry ; et il me semble que ça vienne de la production de l'album, qui a dû être plus amateure sur le premier album. 

     

    En 1995 PJ Harvey sort son troisième album, que j'achète dès sa sortie, fébrile : To Bring you my Love.
    Comme à son habitude, mademoiselle Harvey a particulièrement soigné son entrée en matière, avec ce morceau éponyme qui dans sa structure me rappelle "Rid of Me", justement : du calme, puis de la tempête. Et une voix qui va chercher les graves.

    Néanmoins, cet album est moins homogène que son prédécesseur ; certains titres ne me font rien, voire m'ennuient ("Meet Ze Monsta", "Working for the Man", "I think I'm a Mother"), d'autres sont bons ("Teclo", "C'mon Billy", "Long Snake Moan", "Down By the Water") et le reste est excellent : "To Bring You My Love", donc, mais aussi "Send His Love to Me" et le magnifique final "The Dancer". Ce morceau, ça a été le paroxysme du concert de PJ Harvey que j'ai vu à Lille le 16 novembre 95 (j'ai dû chercher mon ticket, impossible de retrouver l'info sur le net ! Etrange, alors qu'à côté de ça on retrouve une multitude de setlists...) : d'un coup, dès les premières notes, elle a imposé un silence religieux dans l'assemblée. Sans rien faire, juste par sa présence. C'était vraiment de l'ordre du mystique, et ça m'a marqué... à vie ! Je me demande si j'ai pas chialé à la fin de la chanson, tellement c'était Beau.

     

    Ensuite petite escapade avec John Parish pour Dance Hall at Louse Point (1996).
    J'avoue ne pas m'être penché plus que ça sur cet album, malgré de bons souvenirs de "City of no Sun", "That was my Veil" et "Is that all there is ?". Un peu moins conventionnel, un peu plus expérimental, ce disque n'a rien d'une erreur de parcours.

     

    Retour en solo deux ans plus tard avec Is This Desire ?

    On rentre dans la période creuse de PJ Harvey, à mes yeux. Quelques essais avec des machines sur cet album, comme sur "My Beautiful Leah", mais dans l'ensemble ça sonne peut-être trop lisse par rapport aux précédents opus. Plus assez de rage, peut-être, et pas assez de ce qui fera de White Chalk un bel album.
    Mais comme la demoiselle a quand même plus qu'un peu de talent, Is This Desire ?  recèle quand même cette pépite : "The River". Qui suffit à sauver l'album.
    Après, tout n'est pas à jeter, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! "The Garden" par exemple, que j'écoute en ce moment.

     

    Et en 2000 sort Stories from the City, Stories from the Sea.

    Apparemment l'album de la consécration. Celui que j'aime le moins. J'ai même pas grand chose à en dire parce que vraiment, je le trouve....banal. C'est peut-être parce que c'est le plus mainstream, comme diraient nos amis d'outre-Rhin (oui oui, ils le disent aussi, et c'est moins loin), qu'il a mieux marché que les autres.

    Tiens, parlons-en un peu, du mainstream, puisque j'ai rien à dire sur l'album : je pense que plus un disque est "plat", plus il a de chances de marcher. Une espèce de nivellement par le bas, de rabotage des aspérités qui pourraient ne pas plaire - la recherche du plus petit dénominateur commun des goûts de tous. Alors que moi c'est aux aspérités que je m'accroche. Aux silences de "Rid of Me", à l'explosion de "Rid of Me", au dépouillement de "To Bring You my Love". Là on a un album, Stories from the City, Stories from the Sea, qui fait très pro, très cadré, très propre. Très calibré. D'ailleurs là je suis en train de l'écouter histoire de sauver un titre, mais je zappe titre sur titre sans succès pour l'instant...

    Rah, même le duo avec Thom Yorke, "This Mess We're In", ne sauve pas l'album !
    Bon, "Kamikaze" est le titre le plus potable de l'album. J'en ai trouvé un !

     

    Heureusement, 4 ans après miss Harvey revient à quelque chose de plus brut, de plus proche de l'essence du rock, tout en n'omettant pas quelques douceurs, avec Uh Huh Her.

    Le brut, on le trouve dès "The Life and Death of Mr. Badmouth", puis dans l'excellent "Who the Fuck ?", dans "The Letter" ou "Cat on the Wall".
    Le plus calme se retrouve dans le sublime "The Desperate Kingdom of Love", dans "Pochet Knife" (la chanson la plus oubliable de l'album, à mon avis), "The Slow Drug" ou encore "It's You" (malgré sa basse lourde). Et dans ce "The Darker Days of Me & Him" qui clôture de fort belle manière cet album.
    Et au milieu de tout ça, "Shame" est un titre exceptionnel, certainement l'un de mes préférés de PJ Harvey ; il marie une rythmique assez rapide avec un chant qui ne l'est pas, et qui transpire d'émotion.

    Uh Huh Her, l'album qui m'a réconcilié avec PJ Harvey, après 6 ans de doutes !

     

    En 2007, PJ Harvey est apaisée. Ou en tout cas White Chalk le laisse à croire (je ne sais pas si c'est du bon français de livre, ce "laisse à croire", mais...euh... tant pis. Voilà).

    "The Devil" ouvre l'album, et en douceur nous plonge dans l'ambiance feutrée de ce White Chalk. Et on se laisse facilement emporter. Pour la première fois, le piano est prédominant, les guitares quasiment absentes. La belle ne crie pas, pose doucement sa voix.

    Un album assez minimaliste, homogène et très agréable à écouter, quand on cherche l'apaisement.

     

    Pour être totalement complet, je pourrais également parler du deuxième album que la demoiselle a sorti en compagnie de John Parish, A Woman a Man Walked By (2009), mais je ne le ferai pas. Pas assez de recul, pas assez d'écoutes, et pas vraiment emballé...

     

    On attend maintenant le 14 février, pour découvrir ce que sera ce Let England Shake.

    Et le 18 février, à Bruxelles, pour retrouver PJ Harvey en concert à Bruxelles. Avec ma chérie, qui va enfin la voir !

     

     

    Extra tracks

    PS : c'est un peu long, de commenter toute une discographie. Je ne pense pas que je reproduirai l'exercice.

     

     


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  • "Non je ne veux plus jamais
    Travailler

    Plutôt crever" 

     

     

     

     

    Manuel Valls est un con.

    Pour plein de raisons, mais actuellement c'est surtout un con parce qu'il remet en cause les 35 heures, dernière avancée sociale de poids en France (malgré une mise en oeuvre chaotique à cause des concessions faites au patronat en terme de flexibilité).

    C'est un con tout d'abord pour une raison que je qualifierais maladroitement d'anecdotique, eu égard aux millions de personnes qui peinent à joindre les deux bouts en travaillant. En effet, dire "abolissons les 35 heures, revenons à 39 heures et les gens gagneront plus" est un mensonge. Parce que la durée effective d'un temps complet en France, c'est 41 heures/semaine en 2009 (source : INSEE, "Portrait social 2010"). Donc, actuellement, les français font en moyenne 6 heures supp/semaine, qui sont majorées. Si on repasse aux 39 heures, les français feront moins d'heures supp, donc gagneront moins.

    Un con doublé d'un menteur. Bouh le vilain !

     

    Mais c'est un con surtout parce qu'il n'a pas saisi le sens de l'Histoire.

    Depuis 1971 (je n'ai pas retrouvé de données antérieures), le volume total annuel d'heures travaillées a quasiment stagné autour de 40 milliards, quand dans le même temps le nombre d'actifs est passé de 21 millions à 28,5 millions (+35%) :

    Evolution emploi precaire

     

    Et là on parle bien du nombre total d'actifs, sans s'attarder sur l'évolution du nombre de chômeurs et de l'emploi précaire.
    Parce que dans le même temps, le taux d'actifs par rapport à l'ensemble de la population française a augmenté tandis que le taux d'emploi de ces actifs (la part des actifs ayant effectivement un emploi) a baissé : 

    Evolution emploi precaire


    Quant à l'évolution du nombre d'emplois précaires, ça se passe de commentaires :

    Evolution emploi precaire

    Plus d'actifs pour autant d'heures de travail : c'est grâce à l'emploi précaire et au temps partiel que le chômage ne grimpe pas au-dessus des 10%.

     

    Pourquoi on en est là ?

    Il doit y avoir de multiples raisons, mais ce qui est certain c'est que l'augmentation importante de la productivité due à l'automatisation et maintenant à l'informatisation y est pour beaucoup.

    Quant à l'augmentation de l'emploi précaire, elle vient du fait que les chefs d'entreprise ont intégré que l'employé est devenu une variable d'ajustement comme une autre, et que l'intérim ou le CDD permet d'éviter les contraintes dues à la protection des employés en CDI... 


    Récapitulons :

    Si le temps de travail global n'augmente pas, et qu'on ne diminue pas la durée du temps de travail par salarié, il ne faut pas être un grand économiste ou autre type d'expert bidon pour comprendre que le chômage va augmenter.
    Alors si on augmente la durée hebdomadaire de 35 à 39 heures/semaine comme le propose Manuel Valls (qui est un con, je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit), ben... on crée encore plus de chômeurs.

    Bon, je sais bien que 10% de chômeurs c'est bien pratique pour que les chanceux qui ont un emploi (oui parce que ce con de Valls a aussi parlé de "ceux qui ont la chance d'avoir un emploi", c'est dire comme il croit encore beaucoup à l'influence de la politique pour faire reculer le chômage ! Bel aveu, certainement inconscient, d'impuissance...) ferment un peu leur gueule et viennent pas faire chier à demander des augmentations alors qu'on a du mal à offrir 15% de bénéfice à nos actionnaires chéris, malgré les licenciements et les délocalisations que non non ça nous fait pas plaisir vous savez - et je vous dis ça la main sur le coeur, c'est dire comme je suis triste - mais si on supprime des emplois c'est pour sauver l'emploi, hein ! (on pourrait croire à du Ionesco, mais ça serait plus du Parisot...).

     

    Si on voulait vraiment résoudre le problème du chômage, on pourrait prendre le problème à l'envers.

    Suivant les données du premier graphique, le temps de travail annuel est de 40,3 milliards d'heures pour 28,4 millions d'actifs, ce qui fait un temps de travail annuel théorique de 1416h/actif/an.

    Si tous les actifs travaillaient 1416 h/an, on serait au plein emploi (on manquerait, en fait, de personnes, parce qu'on est considéré comme actif à partir de 15 ans). Ca fait 30,12 h/semaine, sur 47 semaines par an (si on reste toujours à 5 semaines de congés payés, ce qui n'est pas assez à mon goût...).

    Imaginons qu'on soit maintenant à 32 h/semaine, avec 6 semaines de congés payés. Temps de travail annuel : 1472 heures. Nombre d'actifs à temps complet : 27,4 millions, pour un nombre total d'actifs de 28,4 millions. Soit 1 million de sans emploi (3,5% de la population active...).

     

    Et encore, je pense pour ma part que sur ces 40 milliards d'heures travaillées, un certain pourcentage représente du travail "entretenu" : du travail qui a été créé pour éviter de voir encore gonfler les chiffres du chômage. Des emplois inutiles, en quelque sorte. Que l'état aide parce que notre société est encore une société du travail (sans travail, c'est pourquoi ça ne marche plus), et que sans travail, on est montré du doigt comme un vil profiteur du labeur des autres...

    On en est même à tel point de désarroi qu'on cherche à créer des nouveaux besoins histoire de pouvoir créer des nouveaux métiers ; la bêtise de la mode du coaching en est un excellent exemple (en s'engouffrant certainement aussi dans une tendance à l'infantilisation du citoyen, à qui on a fait croire qu'il avait forcément besoin d'aide pour prendre la bonne décision. Oui, même pour choisir son papier peint ou son repas d'anniversaire... N'a-t-on donc plus le droit à l'erreur ?)

     

    La réduction du temps de travail, si on veut une société du plein emploi (mais le veulent-ils ?), est inéluctable.

    Mais elle n'est qu'une mesure transitoire avant de sortir totalement de la société du travail, grâce au Revenu Social Garanti, au Revenu d'Existence ou tout autre nom qu'on lui donne : un revenu garanti, décent, versé à tout le monde par l'état tout au long de la vie (à partir de 18 ans, par exemple), qui remplacerait la retraite et autres aides.
    Mais on en reparlera, je pense... 

     

     

    (toutes les données sont issues du site de l'INSEE)

     

    Evolution emploi precaire

     

     

    En titre : Philippe Katerine - La Banane (2010)

     

     


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